Selon une étude, le taux de fonte des glaciers du Groenland permet de prédire les conditions météorologiques estivales en Europe, notamment car il affecte la force et la position du courant-jet atmosphérique.
La fonte des glaces contribue au réchauffement climatique: ceci est avéré et connu. Toutefois, à l’inverse, une étude publiée dans la revue Weather and Climate Dynamics suggère que la fonte du Groenland peut influer sur le temps qu’il fera en Europe, notamment qu’une fonte importante pourrait être responsable d’une vague de chaleur cet été.
« Nous nous attendons à ce que les conditions océaniques et atmosphériques soient favorables à un été exceptionnellement chaud et sec dans le sud de l’Europe cette année », affirme Marilena Oltmanns du Centre national océanographique du Royaume-Uni, autrice principale de l’étude, dans des propos rapportés par The Guardian.
Modification du jet-stream
En 2023, la fonte des glaciers du Groenland n’a jamais été aussi importante. Selon une étude publiée dans Nature, cette fonte serait bien plus rapide que précédemment estimée, en raison du réchauffement climatique.
Conséquence: une importante quantité d’eau douce est déversée dans l’Atlantique. Plus légère que l’eau de mer, cette eau de fonte se dépose en une couche à la surface de l’océan et peine à se mélanger à l’eau salée plus chaude. Cet écart de températures a une influence sur les vents, notamment la force et la position du jet-stream dans l’atmosphère. Or, c’est l’un des principaux courants d’air influençant la météo.
L’équipe a ainsi constaté que le gradient de température plus important entraîne un renforcement du courant-jet, ce qui se traduit par un temps plus chaud et plus sec dans le sud de l’Europe. Ensuite, lorsque l’eau anormalement froide se retire, le courant-jet se déplace, apportant un temps chaud et sec dans le nord de l’Europe.
Des conséquences jusqu’en 2025
« Je pense que cet été, nous aurons de fortes anomalies thermiques dans le sud de l’Europe », déclare Marilena Oltmanns auprès de New Scientist.
En outre, elle explique que les conséquences d’une forte fonte au Groenland peuvent durer jusqu’à deux ans après. Ainsi, les chercheurs estiment que cette anomalie pourrait être encore plus forte en 2025 et concerner l’Europe du Nord, avec une vague de chaleur et une forte sécheresse.
Additionné au dérèglement climatique
Afin de démontrer ce lien entre fonte du Groenland et chaleur en Europe, les scientifiques ont observé qu’au cours de quarante dernières années, les étés les plus chauds et secs ont tous suivi la libération de quantités particulièrement importantes d’eau douce de la calotte glaciaire du Groenland, notamment 2018 ou 2022 pour les exemples les plus récents.
« Ce phénomène s’ajoute au réchauffement que nous connaissons déjà en raison de l’augmentation des gaz à effet de serre », indique Marilena Oltmanns.
Autrement dit, en plus du dérèglement climatique, résultat de l’émission des gaz à effet de serre liée aux activités humaines, cet autre mécanisme participe à la hausse des températures en Europe.
Autre point soulevé par cette étude, la fonte des glaciers du Groenland et son influence sur les vents pourrait également favoriser la formation de tempêtes, notamment en hiver.
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