Au sein d’arbitrages compliqués de gamme entre thermique et électrique, Volkswagen a pris soin de peaufiner le renouvellement du Tiguan, porte-drapeau des SUV de la marque. Mise à niveau réussie?
La remise à jour d’un produit-phare est toujours un exercice délicat pour un grand constructeur automobile, surtout dans le contexte actuel. Car si les majors du secteur sont en plein milieu d’arbitrages complexes de court et long terme pour financer la transition vers l’électrique, aux dynamiques très irrégulières ces temps-ci, il faut en assurer la trésorerie… Et celle-ci est en majeure partie assurée par les ventes de bonnes vieilles voitures thermiques, des véhicules de flux à vocation mondiale.
Et l’enjeu est particulièrement sensible pour Volkswagen, qui connaît une passe difficile. Baisse de plus de 20% du bénéfice net au 1er trimestre, vrai tassement des perspectives pour le segment électrique après plusieurs trimestres de forte croissance… Et des modèles ID qui ont du mal à s’imposer dans un marché de plus en plus concurrentiel. Et tout comme Ford ou d’autres, la tentation est grande ces temps-ci d’en prendre acte, pour se renforcer notamment sur l’hybride et continuer à développer des thermiques de moins en moins polluants, en attendant que de nouvelles dynamiques à peu près fiables apparaissent sur le 100% électrique, dont la valorisation réelle reste décidément trop complexe à évaluer pour le moment.
C’est pourquoi Volkswagen, le plus gros vendeur de voitures en Europe en volumes, avait besoin de remettre à niveau ses modèles à succès. Et clairement le Tiguan était une priorité. Vrai best-seller de la marque, seul vrai concurrent du Toyota Rav4, il a été écoulé à 500.000 exemplaires à travers le monde l’année dernière, et Volkswagen en a vendu quasiment 8 millions depuis sa sortie en 2007. C’est dire sa remise à niveau était très attendue.
Le bon point: un bon gros SUV traditionnel
Et pour le coup Volkswagen joue la carte de la valeur sûre. Si Peugeot, Toyota ou même Renault cherchent l’innovation, penchent vers les crossovers et les SUV coupés, le Tiguan 2024 est finalement le plus… « Tiguan » de toutes les générations confondues. Un vrai bon gros SUV classique, d’allure massive et à l’espace intérieur généreux. A tel point que même si les dimensions restent similaires à celles de la génération précédente, à 4,54 mètres de long, il semble visuellement plus imposant. Malgré tout, les formes sont un peu plus aérodynamiques (le CX passe de 0,33 à 0,28), un peu plus douces, et le nouveau Tiguan incorpore les signatures visuelles et optiques rappelant les modèles électriques ID. En résumé un gros SUV classique, qui n’oublie pas non plus d’être dans l’air du temps.
L’habitacle a été repensé aussi bien dans l’organisation que dans l’ergonomie, avec pour résultat une vraie impression d’espace, de luminosité et de confort améliorée par rapport à la génération précédente. L’intérieur et très sobre, très bien fini avec des plastiques et cuirs de qualité, des affichages précis, des lumières d’ambiance et des signatures visuelles réussies.
Un grand écran central, très dans l’air du temps, regroupe l’infotainment et les principales fonctions de bord, et arrive à être visuellement attrayant et plutôt pratique à l’usage, sans être forcément envahissant. Un bon équilibre et une vraie prouesse alors que ce genre d’affichages à tendance à envahir de plus en plus les habitacles modernes.
Les sièges, au confort ferme, sont spacieux, agréables et bien finis. Et même si le passager arrière du milieu sera le moins bien loti du lot, la place qui lui est réservée est déjà un peu plus praticable que sur les millésimes précédents, décidément une équation difficile à résoudre pour beaucoup de constructeurs, malgré la vocation proprement familiale de ce genre d’engins. Quant au coffre, son volume est en net progrès par rapport à la génération précédente, +40 litres à 652.
On aime aussi: une conduite agréable et sobre
Coté motorisation, la version essayée est équipée d’un 4 cylindres turbo 1500 cm3 eTSI, c’est-à-dire épaulé par une micro-hybridation à batterie et alterno-démarreur sur 48 volts. Avec 150 chevaux au banc et une boite de vitesse DSG à 7 vitesses, aucun problème pour mouvoir avec souplesse et dynamisme ce SUV qui reste d’une masse relativement contenue à 1,6 tonne.
Simple traction, le Tiguan peut compter sur un couple confortable de 250Nm (dont 56 sont à mettre au crédit de l’électrification), et distille des performances tranquilles, très appropriées pour un tel engin. Peu sonore dans les modes normaux et eco, il tourne la plupart du temps à bas régime, et désactive même deux de ses cylindres pendant certaines phases de conduite dans un souci d’économie. La direction, démultipliée juste ce qu’il faut, est précise et assure une belle manoeuvrabilité, et les suspensions ne sont pas trop molles, ce qui assure une expérience de conduite vraiment douce.
Très enrichi en technologies, ce Tiguan 2024 dispose de la panoplie classiques d’aides à la conduite (alertes de franchissement de lignes, aide à la direction, lecture des panneaux…) dont certaines s’avèrent très agréables à l’usage, notamment l’assistance reliée au télémètre avant, qui permet une anticipation du freinage, tout en contribuant également à la recharge de la batterie.
Au final, les consommations sont raisonnables sans être exceptionnelles, un peu en-dessous des 7l/100 en ville, et autour des 8 sur autoroute en fonction des modes de conduite choisis (normes WLTP données à 6,3 jusqu’à 6,8). Que ce soit pour des trajets urbains plutôt courts ou pour faire de la route, le Tiguan 2024 est assez irréprochable.
Le point noir: une ergonomie pas simple
Quelques détails vont tout de même faire grincer des dents. Notamment l’ergonomie toute nouvelle qui va peut-être dérouter les habitués des modèles précédents chez Volkswagen, avec le regroupements de beaucoup de fonctions à la fois sur un seul comodo…
Ainsi que des systèmes de bord énervants, notamment la lecture des panneaux et l’alerte et l’aide au maintien dans la voie, qui nécessitent une désactivation un peu rébarbative via l’écran central. Enfin, la boite DSG reste brusque notamment en phase de démarrage, comme on avait pu le constater notamment pendant l’essai du SUV coupé Taigo.
Mais à quel prix? La note est salée
Enfin sans surprise, la note finale est salée, notamment face à la concurrence. Elle l’a toujours été mais les tarifs augmentent encore avec cette version 2024. Notre version d’essai eTSI de 150 chevaux, n’est disponible qu’en version R-Line et Elégance, toutes les deux avoisinant les 50.000 euros. Certes, la version de base de 130 chevaux est elle facturée à 39.450 euros, mais clairement la facture flambe en fonction des finitions, des motorisations et des options.
Alors oui la note n’est pas franchement donnée. Mais honnêtement, on a clairement affaire au meilleur SUV européen tout confondu, au statut de best-seller tout sauf usurpé.
Qu’on aime ou qu’on déteste les SUV, le Tiguan est sans aucun doute ce qui se fait de mieux en la matière à ce niveau de gamme, en termes de compétences, d’expérience de conduite et de qualité de fabrication. Le Roi d’Europe des SUV reste le Roi, et encore pour longtemps sans aucun doute.
Notre modèle à l’essai: Volkswagen Tiguan eTSI 150 Elégance, au tarif de 49.900 euros, avec un malus de 1.276 euros (143g CO2/km)
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