Renault met fin à la production de la Zoé à l’usine de Flins (Yvelines) qui avait démarré en 2012. Un modèle qui restera comme un des premiers modèles 100% électriques de grande série.
C’est un nom, ou plutôt un prénom, qui aura marqué l’histoire de l’automobile française. La production de la Zoé démarrée en 2012 s’arrête en cette fin de mois de mars à l’usine Renault de Flins (Yvelines) en pleine reconversion. La fin d’une longue histoire pour ce qui restera une des pionnières des modèles 100% électriques.
Des concepts avant la Zoé
C’est en 2005 que Renault dévoile au salon de Genève le premier prototype qui préfigure ce futur modèle, le concept-car Zoé. Une première évocation de ce nom, mais pas encore de sa motorisation. Le concept est équipé d’un petit moteur essence de 100 chevaux. Assez logique: l’électrique est encore très anecdotique au début des années 2000.
Ce petit véhicule urbain, 3,45 mètres de long, peut embarquer deux personnes à l’avant et dispose d’une petite place d’appoint à l’arrière, explique le blog Planète Renault. On est donc plus sur une remplaçante potentielle de la Twingo que de la Zoé définitive. Cette dernière adoptera plutôt le format d’une citadine polyvalente comme la Clio, à un peu plus de 4 mètres de long.
En 2009, un deuxième concept est présenté à Francfort dans une forme encore assez futuriste, comme on peut le voir avec ces portières et l’ouverture du coffre pour le moins originales. Mais, surtout, elle présente l’ambition de Renault d’aller explorer ce marché naissant de la voiture 100% électrique, d’où son nom de Zoé « Z.E. » Concept (pour « zéro émission »).
Le dernier concept dévoilé au Mondial de l’Auto de Paris l’année suivante en 2010, la Zoé Preview, est bien plus conforme au modèle définitif et prépare vraiment le terrain avant la commercialisation qui débutera début 2013, quelques mois après le démarrage de la production à l’usine de Flins.
Une carrière très politique
C’est en mars 2012 à Genève qu’est dévoilée la Zoé définitive. Sa carrière démarrera un an plus tard avec les premières livraisons en France. Une Zoé qui évoluera beaucoup tout au long de sa carrière, avec de nombreuses améliorations du moteur ou des batteries: elle commence avec une petite batterie de 22 kWh qui n’offre alors qu’entre 100 et 150 kilomètres sur une seule charge. Rien à voir avec la Zoé lancée en 2019 et jusqu’à cette fin de mois de mars qui propose une batterie de 52 kWh, avec près de 400 kilomètres d’autonomie officielle annoncée.
Très vite, la Zoé s’impose comme un exemple d’un certain renouveau de l’industrie automobile française. Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif au début du mandat de François Hollande se rend à un conseil des ministres en Zoé en octobre 2012.
Quelques années plus tard, c’est le futur président Emmanuel Macron, en campagne avec son mouvement « En Marche » qui peut constater les progrès réalisés par la petite française. Au Mondial de l’Auto 2016 à Paris, elle affiche en effet fièrement sa nouvelle autonomie officielle de 400 kilomètres.
Un échec commercial ou une rampe de lancement pour la R5?
Lancée bien avant le décollage des ventes de voitures électriques, la Zoé reste un pari osé et plutôt réussi si on regarde le contexte de l’époque. Alors que sa remplaçante, la nouvelle R5, vient d’être présentée, Renault évoque souvent l’expérience acquise grâce à ce modèle fondateur de son offre 100% électrique, que ce soit sur le plan de la conception, de l’industrialisation ou encore de la commercialisation et de l’après-vente.
En 2013, on ne compte en effet qu’une poignée de concurrents: la Leaf de l’allié Nissan et les petites citadines de Peugeot et Citroën, Ion et C-Zéro, des déclinaisons d’un modèle de Mitsubishi. Tesla vient tout juste de présenter sa Model S qui ne foulera le sol européen qu’à partir de 2014. Et avec des volumes très limitées si on compare avec le succès relativement récent des Model 3 et Model Y.
Malgré ses multiples évolutions qui lui ont donc permis de rester à jour tout au long de sa carrière, Renault avait des ambitions très importantes autour de ce nouveau modèle à son lancement. Le constructeur envisageait en effet d’en écouler près de 100.000 unités par an, alors qu’on était plus proche d’une moyenne à 40.000 exemplaires, rappelle le cabinet Inovev.
Renault préfère évoquer une carrière atypique. « Contrairement aux courbes de ventes habituelles d’une voiture traditionnelle, Zoé a vu ses ventes augmenter de façon régulière année après année », souligne un communiqué de la marque.
C’est en effet en 2020 que la Zoé s’impose comme la voiture électrique la plus vendue en Europe avec plus de 100.000 unités, alors que ses ventes avaient tardé à monter en puissance sur ses premières années de commercialisation, ne dépassant jamais les 50.000 ventes annuelles.
Une location de batterie imposée jusqu’en 2018
Parmi les explications à ses débuts difficiles: un marché de l’électrique encore peu développé, tout comme les infrastructures de recharge encore très limitées en nombre.
On peut aussi citer une particularité de la Zoé: à ses débuts et jusqu’en avril 2018, il était possible d’acheter la voiture… mais pas sa batterie. Renault proposait en effet une formule de location de batterie obligatoire, une manière aussi de rassurer les nouveaux acheteurs. En cas de trop forte dégradation de l’autonomie ou de panne, cet élément essentiel devait ainsi être pris en charge par le constructeur. Autre avantage, réduire le coût à l’achat alors que la batterie représente -toujours aujourd’hui- une part très importante de la facture finale.
Sauf que le concept a dérouté nombre d’acheteurs potentiels avec cette formule hybride entre achat et location.
Début 2021, Renault abandonnera cette formule de location de batterie. Le succès des offres en location longue durée permettait en effet de louer l’intégralité du véhicule et rencontrait un grand succès.
165.000 Zoé en France
Au total, on dénombre 165.006 Zoé en France d’après les données fournies par AAA Data et arrêtées à février 2024.
Si on reprend le chiffre de Renault de 426.702 unités produites sur l’ensemble de sa carrière, la France représente ainsi 38% des ventes.
En regardant plus précisément les données cartes grises, c’est dans les Bouches-du-Rhône qu’on trouve le plus de Zoé: 6.522, soit 4% du parc, devant le Rhône (6.536 unités) et la Seine-Saint-Denis (5.937 unités).
Malgré l’arrêt de la production et des ventes, la Zoé devrait donc continuer encore longtemps à jouer les stars du marché de l’occasion électrique.
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