Désigné pour prendre la tête du gouvernement britannique, Rishi Sunak est le plus jeune Premier ministre en 200 ans et le premier non-blanc à ce poste. Il aura comme tâche de faire oublier l’échec de Liz Truss mais aussi de rassurer les marchés et d’apaiser la colère sociale dans un contexte de forte inflation.
Rishi Sunak sera le prochain locataire de Downing Street. À 42 ans, cet ancien expert de la finance va devenir le prochain chef du gouvernement britannique après le passage éclair de Lis Truss. « Rishi Sunak est élu chef du Parti conservateur », a annoncé Graham Brady, chargé de ces questions au sein de la formation au pouvoir depuis 12 ans.
La chute de Liz Truss, qui était son ancienne adversaire pour le poste durant l’été, s’est conjuguée à l’abandon de Boris Johnson. L’ancien Premier ministre britannique s’était dit prêt à reprendre les rênes du pays après avoir été poussé vers la sortie par son parti, il y a près de 50 jours, sur fonds de polémiques et d’impopularité dans la pays. Il a finalement renoncé dimanche soir à se présenter à l’élection interne.
« Vous ne pouvez pas gouverner efficacement si vous n’avez pas un parti uni au Parlement », a reconnu l’ancien maire de Londres, qui affirmait pourtant avoir les soutiens nécessaires pour faire campagne.
La dernière opposante à Rishi Sunak était Penny Mordaunt, ancienne ministre du Commerce et leader des Tories à la Chambre des Communes sous Liz Truss. Elle n’a toutefois pas réussi à recueillir les 100 soutiens de membres du collège électoral conservateur pour obtenir qu’une élection interne départage les deux adversaires.
« Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays », avait affirmé dimanche le nouveau Premier ministre lors de l’annonce de sa candidature, promettant par ailleurs « intégrité, professionnalisme et responsabilité ».
Plus jeune Premier ministre et premier non-blanc
Petit-fils d’immigrés d’origine indienne, fils d’un père médecin en santé publique et d’une mère pharmacienne, Rishi Sunak est né en 1980 avant de suivre le parcours classique de l’élite britannique, en passant par Oxford et Stanford. Il devient au tournant des années 2010 un richissime ancien banquier dont la fortune personnelle, combinée à celle de son épouse s’élève à 730 millons de livres sterling (plus de 840 millions d’euros), soit près de deux fois plus que celle du couple royal actuel.
Il s’apprête aujourd’hui à devenir le plus jeune Premier ministre britannique depuis plus de 200 ans, battant d’un an le précédent recordman, David Cameron qui avait pris ses fonctions à 43 ans en 2010. Il deviendra aussi la première personne non-blanche à occuper le poste.
Élu pour la première fois en 2015, à 35 ans en tant que député d’une circonscription rurale du Nord de l’Angleterre, le Yorskshire du Nord, à 35 ans, il obtient dès 2018 le sous-secrétariat au Logement sous le gouvernement de Theresa May. Une manière de le récompenser après sa campagne active pour le Brexit en 2016.
En 2019, Boris Johnson prend la tête du pays et face à l’empêtrement de sa prédecesseure dans les affres des négociations post-Brexit. Il en profite pour transférer Rishi Sunak aux comptes publics avant de le nommer Chancelier de l’Échiquier, le titre britannique du ministre des Finances et du Budget dès 2020.
Ce poste stratégique – il est notamment deuxième du gouvernement dans l’ordre protocolaire – est toutefois dépourvu d’une partie de ses prérogatives, à un moment où Downing Street veut prendre directement en charge les affaires financières dans le cadre des négociations de divorce avec l’Union européenne.
Cela n’empêche pas Rishi Sunak de reprendre peu à peu du terrain sur son champ d’action: pendant la crise sanitaire, il refuse que l’État investisse massivement pour soutenir les entreprises et propose le gel des pensions de retraites.
En juillet, sentant que Boris Johnson n’a plus la main sur sa majorité après de nombreux scandales, il fait partie des multiples ministres démissionnaires qui précipitent sa chute. Ce dernier lance la campagne pour sa succession pour laquelle Rishi Sunak se porte candidat. À l’inverse de Liz Truss, il fait campagne sur une hausse d’impôts sur les hauts revenus permettant de rééquilibrer les comptes et de financer les services publics. Après avoir perdu l’élection interne, il ne rentre pas au gouvernement, ce qui lui permet de critiquer le « mini-budget » de la Première ministre et de ne pas être comptable de son bilan.
Partisan de la rigueur budgétaire
Connu pour être en faveur de l’orthodoxie budgétaire, Rishi Sunak est perçu par les marchés comme un homme du sérail qui n’est pas là pour prendre des risques mais pour donner une stabilité financière à un Royaume-Uni, ébranlé par l’instabilité politique. L’objectif à court terme: faire remonter la livre en redonnant une perspective aux grands groupes financiers.
Rishi Sunak est aussi vu par une grande partie de son camp comme celui qui sera capable de ramener la paix sociale: à la peine depuis le Brexit, le Royaume-Uni subit une inflation de plus de 10% sur un an et l’explosion des prix de l’énergie a donné lieu à des mouvements de protestation radicaux.
En force dans les sondages, l’opposition travailliste a quant à elle réitéré son appel à des élections anticipées. « Les Tories sont sur le point de donner à Rishi Sunak les clés du pays sans qu’il n’ait dit un mot de la manière dont il gouvernerait », a tweeté la cheffe adjointe du Labour Angela Rayner, « personne n’a voté pour ça ».
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