Au salon de l’automobile de Pékin, le fondateur de la marque de smartphone Xiaomi, Lei Jun, a multiplié les rencontres avec ses homologues. Portrait de celui qui a lancé en 3 ans une voiture électrique, la SU7.
Une marée de smartphones, des spectateurs qui occupent toute l’allée centrale, débordent sur les autres stands. Même les techniciens qui gèrent la conférence de presse Xiaomi au salon de Pékin (25 avril – 5 mai) ont sorti leur téléphone pour capturer un petit morceau du discours de Lei Jun. Veste crème, T-shirt blanc, le fondateur de la marque chinoise d’électronique déroule sa vision de l’automobile, à côté d’une SU7 bleu turquoise, la toute première voiture électrique de la marque de smartphone.
Rencontres avec les patrons de Renault, de Great Wall
Alors qu’il a décidé il y a seulement 3 ans de se lancer dans l’automobile, Xiaomi a dévoilé la Speed Ultra 7 (SU7) fin décembre, une berline vendue un peu moins chère qu’une Tesla Model 3 mais aux performances annoncées d’une Porsche Taycan (et dont les inspirations stylistiques se rapprochent). Depuis, Xiaomi a enregistré plus de 75.000 commandes, a révélé Lei Jun sur le salon et déjà livré plus de 5.000 d’entre elles. Avec l’aide du constructeur d’Etat BAIC, qui les produit dans une usine près de la capitale chinoise.
À Pékin, le dirigeant est apparu très courtisé, accueillant ses homologues du secteur automobile tout au long de la première journée du salon. Il a ainsi rencontré Luca De Meo, le directeur général de Renault. Les deux hommes posent tout sourire sur le stand Xiaomi et ont eu des « discussions décisives » sur la voiture électrique et les nouvelles technologies, a souligné dans un post sur Linkedin François Provost en charge des affaires publiques chez Renault.
Lei Jun a aussi fait découvrir son approche à Wei Jianjun, le fondateur du constructeur chinois Great Wall. Comme si la nouvelle Chine de l’automobile rencontrait l’ancienne, pourtant pas si ancienne: Great Wall a été fondée en 1984, Xiaomi en 2010. Mais sur ce salon de Pékin, Lei Jun fait clairement figure de star montante de l’automobile, après être devenu un leader du smartphone.
Bouleverser le monde du smartphone
Né en 1969 dans le Hubei, une région connue pour être un des centres névralgiques de l’automobile en Chine, Lei Jun vient du monde du logiciel avec la startup Kingsoft, qu’il quittera à la fin des années 2000. Petit, c’est un passionné de programmation, explique l’Echo, qui suit très jeune la montée en puissance de l’informatique. Le journal belge raconte qu’il profite alors du club informatique de l’école pour se former alors que sa famille, modeste, ne peut avoir d’ordinateur dans les années 80. Il sort diplômé d’informatique à l’université de Wuhan.
Après Kingsoft, fort de ses relations avec un ancien de Google, Lei Jun fonde Xiaomi alors que le marché du smartphone décollait. En cinq ans, la marque s’est hissée au troisième rang des fabricants de smartphone dans le monde (elle est aujourd’hui le 5e constructeur mondial, continuant d’ailleurs de faire des affaires en Russie, comme le rappelle CNN), avec une capitalisation à fin avril de 55 milliards de dollars.
En 2014, la marque dépasse Samsung et devenu milliardaire, Lei Jun est élu Homme de l’année par Forbes Asia, comme le rappelle L’Echo. Lei Jun est aujourd’hui la 11e fortune de Chine, selon le Bloomberg Billionnaire Index, et la 128e fortune mondiale. L’une des clés du succès de Xiaomi tient notamment, selon Britannica Money, à cette stratégie: miser sur une relation directe avec le consommateur via les réseaux sociaux et ne vendre que sur internet pour baisser les coûts. Et donc les prix.
« Xiaomi est une marque d’électronique établie, avec des centaines de millions de ‘Mi Fans’, les utilisateurs de son écosystème », expliquait ainsi en décembre à Reuters Bill Russo, directeur général du cabinet Automobility à Shanghai.
La communication de Lei Jun est aussi bien rodée sur les réseaux sociaux, à base de vidéos suivant ses déplacements sur les différents sites de Xiaomi, sur les nouveaux produits et expliquant sa stratégie et de posts mêlant bien sûr maintenant smartphone et automobile.
Ce succès dans le monde du téléphone a valu à Lei Jun d’être surnommé le « Steve Jobs chinois » dans les médias. Ses présentations ressemblent aux fameuses keynotes du dirigeant d’Apple. Lei Jun « fait partie des premiers à comprendre que les consommateurs chinois ont besoin d’une marque en laquelle ils peuvent croire », explique ainsi en 2013 un consultant en Chine selon La Tribune.
Devenir l’un de 5 premiers constructeurs mondiaux
Lei Jun semble lui fermement convaincu que le monde de l’électronique et de l’automobile seront de plus en plus liés. Fin février, Lei Jun s’est ainsi dit « choqué » par la décision d’Apple d’abandonner son projet de voiture électrique.
La rapidité du succès se reproduira-t-elle dans ce nouveau secteur pour la marque ? S’il est bien entendu trop tôt pour évaluer la rentabilité du projet automobile de Xiaomi, sa capacité à commercialiser en 3 ans une voiture reste impressionnante. Et Lei Jun se montre ambitieux : « en travaillant dur, pendant les 15 à 20 prochaines années, nous pouvons devenir un des 5 premiers constructeurs automobiles mondiaux ».
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