Mardi 9 avril au matin, une conférence de presse a réuni les plus grosses ONG écologistes françaises pour faire le bilan de ces cinq dernières années européennes en matière d’environnement. L’occasion également de comparer de noter les bons et mauvais élèves.
À deux mois des élections européennes, les ONG environnementales font elles aussi leur campagne pour la cause écologique. Ce mardi 9 avril, elles ont donné une conférence de presse pour évaluer, entre autres le bilan en matière d’écologie de tous les partis du Parlement européen.
Parmi les partis nationaux français, Reconquête et le RN font office des plus mauvais élèves. L’extrême droite européenne « Identité et démocratie », dont fait partie Jordan Bardella, a la pire note des sept coalitions.
Le Réseau Action Climat qui regroupe au total 27 ONG et ses associations membres, à l’origine de cette étude, alertent sur la future composition du Parlement qui « déterminera si l’Europe préserve ce qu’elle a déjà accompli sur le climat et va encore plus loin, ou bien si elle décide de faire marche arrière ».
« Ma crainte serait que l’on s’enferme dans des oppositions stériles: fin du monde contre fin du mois, agricultures contre normes environnementales. Et que ça rende impossibles les transformations », prévient Caroline François-Marsal, responsable Europe de Résau Action Climat.
Étude paneuropéenne d’ampleur
Ces ONG, dont entre autres, Greenpeace, France Nature Environnement et la Ligue de protection des oiseaux se sont appuyées sur les résultats d’une étude paneuropéenne conduite par l’ONG Climate Action Network-Europe, avec la Fédération européenne pour le transport et l’environnement, WWF-EU et Birdlife international, dont fait partie LPO.
Ce travail reprend 30 textes européens classés en trois thèmes: ceux qui concernent « la transition neutre sur le plan climatique et juste sur le plan social » (12 textes), les « initiatives positives pour la nature » (8 textes) et ceux qui concernent « la pollution zéro et l’économie circulaire » (8 textes).
L’étude est ensuite allée chercher les votes et amendements de chacun des députés et de les noter en fonction des recommandations des plus grosses ONG environnementales européennes.
Un vote conforme à ces recommandations attribue le maximum de points. Une abstention, un vote contre ainsi que l’absence du député lors du vote attribuent zéro point. La note de chaque parti national puis européen est constituée par l’agrégation des scores des notes des députés qui le composent.
En premier les Verts, en dernier le RN
Sans surprise, les Verts européens obtiennent la meilleure note. Avec un bilan 100% positif. À chacun des textes, l’alliance écologiste a voté selon les recommandations des ONG ou a déposé des amendements allant dans leur sens.
Par exemple, lors du vote du 22 juin 2022 d’un fond social climat pour aider les ménages les plus vulnérables ont été retenus comme critères positifs de vote, les suivants: l’exclusion des investissements dans les énergies fossiles comme éligibles au Fonds, l’inclusion d’un article sur l’accès à la justice, permettant aux citoyens d’attaquer en justice un État qui ne respecte pas les dispositions du Fonds social pour le climat (finalement pas retenu dans le texte final).
Tandis le vote des EELV a rassemblé tous ces critères, celui du Rassemblement national en revanche les a tous exclus selon l’étude, faisant de lui le parti français à la plus mauvaise note sur ce texte précis.
Les Français, les meilleurs comme les pires au sein des groupes européens
Au niveau des autres partis européens, les ONG françaises observent que les Verts français sont les meilleurs élèves dans leur travail en faveur de l’écologie. Tandis que Reconquête, avec son unique député européen Nicolas Bay, et le RN sont les pires dans leur groupe respectif, le groupe Conservateurs et Réformistes pour l’un, Identité et Démocratie pour l’autre.
Réseau Action climat et ses associations à l’origine du focus France de cette étude paneuropéenne observent ainsi que les deux partis se sont abstenus lors du vote sur le règlement sur la déforestation importée entré en vigueur le 30 juin 2023 à l’inverse de tous les autres partis français qui ont voté en faveur.
Ils ont également voté contre la mise en place de mesures afin de responsabiliser les grandes entreprises sur leurs impacts sur les droits humains et l’environnement. Directive aussi appelée « devoir de vigilance » des entreprises.
Entre ces extrémités, le parti de Valérie Hayer de la majorité présidentielle française du groupe Renew Europe et Les Républicains du groupe Parti populaire européen. Ces partis obtiennent également des scores supérieurs à la moyenne de leur groupe. « Avec une marge d’amélioration claire », préviennent les ONG françaises.
Si ces dernières reconnaissent que le parti macroniste a « soutenu plusieurs avancées majeures concernant le climat et l’environnement » (notamment sur l’efficacité énergétique et la directive qui vise des économies d’énergie de 11,7 % d’ici 2030 par rapport aux prévisions de 2020), elles lui reprochent des votes « contradictoires » allant dans la « mauvaise direction ».
Par exemple, sur le renforcement de la directive sur la qualité de l’air pour la rendre conforme avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, les votes Renew « ont bloqué l’ambition européenne », estiment Réseau Action Climat.
Quant aux Républicains, les ONG s’inquiètent que leurs votes soient « de plus en plus convergents avec ceux de la droite ultra-conservatrice et extrême ». Elles mettent en garde contre de futures alliances qui après le scrutin de juin pourraient nuire de plus en plus « au climat et à la Nature ».
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