Deux militantes du mouvement Riposte Alimentaire ont aspergé un tableau de Monet exposé à Lyon samedi. Qu’est-ce que ce collectif, qui s’inscrit dans la lignée de Dernière Rénovation?
Le mouvement s’était déjà illustré en aspergeant la Joconde de soupe. Ce samedi 10 février, un tableau du peintre Claude Monet, intitulé Le Printemps, a été arrosé d’un liquide vert par deux militantes écologistes au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Ces activistes appartiennent au mouvement Riposte Alimentaire, lancé en janvier dans le prolongement de Dernière Rénovation, elle-même clôturée en décembre. Ces deux « campagnes », comme l’explique Till, engagé au sein de Riposte Alimentaire, ont comme principal mode d’action les « actions de perturbation de grande ampleur pour mettre en avant des sujets sociaux et environnementaux ».
Entre 300 et 500 personnes
Dernière Rénovation s’était en effet illustrée en bloquant des routes, le siège parisien du parti Renaissance ou encore aspergeant des ministères peinture. Le mouvement demandait depuis 2022 un « plan de rénovation thermique des bâtiments à la hauteur de l’urgence » climatique et sociale.
En décembre, le collectif a annoncé la fin de cette campagne. Ses activistes ont ensuite voté pour la thématique de la prochaine campagne: ils ont plébiscité le sujet de l’alimentation durable. « Des personnes sont restées, d’autres sont parties » et aujourd’hui, le mouvement rassemble « entre 300 et 500 personnes » à « engagement variable », explique Till à BFMTV.com.
Une carte vitale de l’alimentation
Leurs quatre principales revendications sont répertoriées sur leur site. Riposte Alimentaire demande une « carte vitale de l’alimentation » de « 150 euros par mois et par personne pour acheter des produits alimentaires conventionnés » et « un système de cotisation qui garantit une répartition juste et solidaire, comme pour la sécurité sociale ».
Le mouvement plaide aussi pour « un conventionnement des produits choisi de manière démocratique, par des assemblées locales citoyennes, avec une formation sur les enjeux agricoles et écologiques ». Le collectif souhaite enfin que soit garanti « un accès à une alimentation saine qui rémunère dignement les paysannes et paysans ».
Dans une étude publiée en mai 2023 par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), 16% des Français disaient ne pas avoir assez à manger. 45% des Français déclaraient par ailleurs avoir assez à manger, mais pas toujours les aliments qu’ils souhaiteraient.
Un réseau de collectifs
Riposte Alimentaire fait partie d’un réseau de collectifs qui font parler d’eux de manière similaire. Le Réseau A22 est composé de 12 organisations à travers le monde, dont la Just stop oil, qui a notamment aspergé de soupe Les Tournesols de Van Gogh en 2022.
Riposte Alimentaire organise des réunions publiques régulières à travers la France ou en ligne pour débattre de ses revendications. Et mène des actions spectaculaires pour les imposer dans le débat public. D’où le tableau de Monet aspergé ce week-end à Lyon.
La toile de 1872 était « vitrée », selon un communiqué du musée des Beaux-Arts, indiquant cependant qu’un « constat d’état du tableau sera réalisé et suivi d’une restauration ». « Le musée va déposer plainte pour acte de vandalisme », a-t-il ajouté. Les deux activistes ont été interpellées et placées en garde à vue. Une enquête a été ouverte pour « dégradation en réunion d’un bien culturel exposé dans un musée » et a été confiée à la direction interdépartementale de la police nationale du Rhône, a aussi annoncé le parquet de Lyon.
« On adore l’art »
Dans un message diffusé sur X (ex-Twitter), le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a dit « regretter l’action ». « Mais face à l’urgence climatique, l’angoisse est légitime. Nous y répondons par une action résolue », a-t-il ajouté.
À ceux qui les accusent de vandalisme, Till répond que les militants de Riposte Alimentaire agissent justement pour l’art. « On adore l’art, on le fait parce qu’on a peur que l’art n’ait plus sa place dans quelques années, que les conflits prennent trop de place » pour en laisser une aux artistes, affirme-t-il. L’objectif est de « créer du dialogue citoyen », affirme-t-il.
D’autres actions sont prévues dans les prochaines semaines, « à Paris mais pas seulement », selon Till.
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