Les voitures sont de plus en plus victimes de vols électroniques sans effraction. Si des mises à jour de sécurité plus régulières pourraient permettre de réduire cette menace, il existe tout de même quelques astuces pour dissuader les voleurs.
C’est la grande tendance ces dernières années: le vol électronique de voiture. La France n’est pas épargnée puisque d’après les derniers chiffres du Groupement des Assureurs français pour l’identification et la restitution des véhicules volés, cela représentait 70% des actes commis l’an dernier.
Des clés sans contact piratées
En cause, des voitures de plus en plus accessibles via des clés sans contact ou autres cartes d’accès.
« Les voleurs réalisent par exemple ce qu’on appelle des attaques relais, en captant le signal de la clé et en faisant croire à la voiture qu’elle se trouve bien à proximité. Cela peut suffire pour ensuite démarrer le véhicule, ou sinon en passant par un boîtier qui se trouve facilement sur internet pour quelques centaines d’euros », explique Thomas Fournier, directeur général délégué de Roole, entreprise spécialisée dans les solutions antivol.
Il recommande ainsi de ne pas laisser sa clé à proximité du véhicule, voire de la placer dans une boite anti-ondes. Plutôt logique, mais on peut vite se faire piéger si on a pris l’habitude de déposer sa clé dans l’entrée que la voiture est garée juste devant la maison.
En cause également, un accès facile des voleurs à des solutions pour pirater les véhicules de tous types: les voitures les plus volées sont ainsi des modèles à grande diffusion, recherchés aussi pour leurs pièces détachées et le marché parallèle pour la revente.
« C’est difficile de dire que les voitures sont plus vulnérables qu’avant, surtout si on a en tête qu’avec deux fils coupés on pouvait voler de nombreux modèles. La menace est simplement différente avec cette diffusion de l’électronique », constate Frédérique Baron, responsable du commerce Omicanal chez Norauto.
Des mises à jour à réaliser plus fréquemment
« Les constructeurs peuvent identifier une faille de sécurité, corriger ce défaut sur les véhicules neufs, mais pas forcément en procédant à un rappel, ce qui laisse de nombreux véhicules vulnérables en circulation », souligne Thomas Fournier. Un problème pour lui:
« Alors que les mises à jour de sécurité sont aujourd’hui courantes sur nos ordinateurs et nos téléphones, ce n’est pas encore assez le cas dans l’automobile ».
Des mises à jour à distance fréquentes, ce qui est le cas chez Tesla, mais encore peu répandu chez les autres constructeurs, permettraient notamment d’être plus réactif face aux nouvelles failles découvertes sur des voitures:
« C’est le jeu du chat et de la souris, les voleurs ont toujours le temps de trouver de nouvelles brèches pour déjouer les systèmes de protection, c’est donc à ces derniers d’évoluer pour trouver de nouvelles parades face à ces menaces qui apparaissent en permanence ».
Multiplier les protections pour dissuader les voleurs
Que faire alors face à cette menace? Norauto commercialise différentes solutions dans son réseau, avec notamment deux traqueurs GPS, des marques Beepings (189 euros) et Invoxia (130 euros), permettant de recevoir une alerte instantanée si son véhicule fait l’objet d’un mouvement suspect.
« L’avantage c’est que le prix inclue un abonnement de 3 ans pour l’Invoxia et de 2 ans pour le Beepings: il faut ensuite compter sur un budget entre 1,30 euro et 9,90 euros par mois selon le modèle et la formule choisie », détaille Frédérique Baron.
Autre produit: une protection à installer au niveau de la prise OBD et installée dans les ateliers Norauto, 322 euros, pose comprise. Il n’est pas vendu à l’emporter car cela implique des changements de faisceaux et permet aussi de préserver les secrets de cette protection.
« Cette solution va fonctionner comme un leurre, les voleurs ne vont pas avoir de message d’erreur sur leurs dispositifs de piratage, mais à la fin de l’opération, ils ne pourront pas démarrer le véhicule, ce qui les poussera, a priori, à abandonner. »
L’idée reste ainsi de compliquer au maximum la tâche pour les voleurs:
« Vous ne pouvez pas vraiment empêcher un vol à 100%: l’idée va être alors de multiplier les systèmes antivol pour dissuader les voleurs. Si cela leur prend trop de temps de dérober votre voiture, ils passeront à une autre », conseille Thomas Fournier.
On peut par exemple installer une alarme, réaliser un gravage des vitres (qui permettra de bien identifier le véhicule même après un changement de plaque d’immatriculation) ou installer une canne antivol sur le volant… Sachant que cette dernière à de quoi décourager la plupart des voleurs électroniques, pas vraiment adaptés à des protections plus classiques et qui empêche mécaniquement de repartir avec le véhicule. D’où un retour en force ces derniers temps de ces systèmes de blocage du volant.
Retrouver le véhicule, plus simple que d’empêcher le vol?
Solution qui se développe aussi ces dernières années: les traqueurs. Des petites balises GPS dissimulées dans les véhicules afin de le retrouver après un vol.
« C’est désormais exigé par des compagnies d’assurance pour des modèles premium ou de luxe », précise Thomas Fournier.
Une réponse à un principe de réalité: difficile d’empêcher le vol, alors autant tout faire pour le retrouver rapidement.
Roole commercialise ainsi depuis 2015 sa balise WeTrak, concurrent du Coyote Secure, mais aussi un boîtier plus abordable à environ 50 euros, le RX.
Pour les solutions haut de gamme, le point fort reste la capacité à communiquer rapidement la position d’un véhicule aux forces de l’ordre, qui pourront ainsi le récupérer avant qu’il quitte la France ou l’Europe.
« Il arrive que les voleurs laissent le véhicule dérobé sur un parking extérieur, en attendant de voir s’il est récupéré. Si rien ne se passe pendant quelques jours, ils peuvent poursuivre leurs opérations », raconte Thomas Fournier.
Un produit plutôt onéreux, Norauto vend par exemple 270 euros le Coyote Secure avec l’installation, et un abonnement à prévoir ensuite:
« Il faut le voir comme une assurance, avec un taux de récupération des véhicules très élevé et un remboursement du dispositif et des loyers versés si le véhicule n’est pas retrouvé sous 30 jours », met en avant Frédérique Baron.
Elle explique aussi que les ventes de ces produits ont tendance à augmenter après la diffusion des chiffres des vols chaque année, comme les daschcams, ces petites caméras embarquées, dans la foulée de l’affaire Palmade.
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