Pauline Ducamp

En janvier et février, les immatriculations de voitures sans permis neuves ont grimpé de 18% par rapport à début 2023. De plus en plus d’adolescents prennent le volant de ces voiturettes devenues hype.

Mieux que les voitures particulières. Alors qu’en janvier et février, les immatriculations de voitures neuves ont grimpé de 11,2%, celles des voitures sans permis ont progressé de 18%, selon des chiffres du spécialiste de la donnée AAA Data.

Certes, les volumes n’ont rien de comparable: un peu moins de 265.000 voitures particulières ont été mises à la route sur les deux premiers mois de l’année contre seulement 4.255 voiturettes. Mais le dynamisme de ce marché ne se dément pas, notamment chez les plus jeunes.

« Plus sécurisant qu’un scooter »

Depuis 2014, la législation autorise en effet les adolescents à partir de 14 ans à conduire une voiture sans permis, moyennant un permis AM (sept heures de formation, 250 à 300 euros), et non plus à partir de 16 ans. Cela a mécaniquement élargi la clientèle: les parents ont en effet plus intérêt à investir dans une voiture pour leurs ados pour quatre ans que pour deux.

Certains parents choisissent cette option, plus onéreuse qu’un secteur, pour des questions de sécurité.

« Quatre roues c’est quand même plus sécurisant qu’un scooter avec deux roues », résume Nicolas Meunier, rédacteur en chef du magazine Génération sans permis.

De quoi coller aussi avec les aspirations des adolescents. « Quand on est ado, on n’a pas forcément envie de respecter un horaire de bus, d’avoir des contraintes, on peut emmener ses amis, son copain, sa copine dans la petite voiture pour s’arrêter prendre un verre à la sortie des cours. Il y a une liberté qu’on n’a pas avec les transports en commun, surtout en zone rurale et qui fait son succès, poursuit Nicolas Meunier. Surtout qu’avec la Citroën Ami, on a vraiment un tarif qui est ultra contenu et qui peut séduire aussi les parents, avec l’argument de la sécurité ».

La Citroën Ami, chamboule-tout du marché

C’est effet l’arrivée de l’Ami en 2020 qui a bousculé le marché. Moins chère que la concurrence (à partir de 7.090 euros), elle a « chamboulé la donne dans la catégorie » avec un look loin d’être traditionnel.

« Citroën avait des moyens de communication que n’avaient pas les plus petits constructeurs traditionnels du segment, ils ont pu faire de la pub télé et faire connaître au grand public que ces voitures-là sont accessibles dès 14 ans », nous explique Nicolas Meunier, rédacteur en chef du magazine Génération sans permis.

Groupes Facebook, ambassadeurs choisis parmi les acheteurs, conducteurs qui chroniquent leur quotidien en Ami sur Tiktok, la petite Citroën fédère. En janvier et février, l’Ami est en tête des immatriculations des voitures sans permis. Elle devance la gamme Aixam et un modèle Ligier.

Stellantis, propriétaire de Citroën, a d’ailleurs flairé le filon. Le groupe lance actuellement la Fiat Topolino, version Dolce Vita années 50 de l’Ami. Vendue un peu moins de 10.000 euros (plus chère donc que l’Ami), elle affiche les mêmes performances: 75 kilomètres d’autonomie en tout électrique, une vitesse bridée à 45km/h.

Des voiturettes de plus en plus électriques

L’électrique bouscule une nouvelle fois ce marché des sans-permis. À côté des Ami et Topolino, les marques traditionnelles développent aussi des modèles zéro émission. Ces modèles existent en fait depuis plus d’une dizaine d’années mais ne faisaient pas d’ombre aux modèles diesel, beaucoup moins chers. De nouveaux modèles arrivent ces derniers mois, comme Ligier qui a lancé fin 2022 la Myli, assemblée en France.

« La donne est en train de changer pour plusieurs raisons », nous détaille Nicolas Meunier.

La mise sur le marché par l’équipementier Valeo d’un moteur électrique 48V efficace et conçu pour l’automobile offre une brique technologique intéressante pour les constructeurs traditionnels. Une brique technologique qui évite aussi les bruits et les vibrations et apporte donc un vrai confort de conduite.

Sans compter un prochain changement de réglementation sur les voiturettes diesel, qui devraient renchérir leur prix ou le contrôle technique qui devient obligatoire pour les voiturettes et pourrait faire le ménage dans les 280.000 voitures du parc. Les « sans-P » (pour sans permis) électriques vont donc devenir encore plus compétitives.

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