Alors que les prix des carburants sont doucement repartis à la hausse en fin d’année, les récents évènements internationaux ne semblent pas avoir d’effet majeur sur le cours du baril pour le moment. Mais la situation reste très incertaine.
Après deux années de fortes turbulences sur les prix des carburants, 2024 marquera-t-il un certain répit? Au regard du contexte international toujours incertain, des interrogations sur l’économie mondiale, rien n’est moins sûr.
Si les tarifs à la pompe remontaient doucement à la fin 2023, ils restent cependant sur des niveaux relativement bas sur la période récente, en comparaison des pics proches des 2 euros le litre au printemps 2023 et des records de prix bien au-delà des 2 euros dans la foulée de l’invasion russe en Ukraine en février 2022.
« On continue de surfer sur une baisse du baril qui a commencé en octobre, avec des prix à la pompe qui ont baissé sur les trois derniers mois », explique sur BFMTV Francis Pousse, président de la branche distributeurs de carburants et énergies nouvelles du syndicat Mobilians.
Ces prix oscillant entre 1,70 et 1,80 euro le litre sont-ils devenus la nouvelle norme? Pour mémoire, en 2021, ils étaient plutôt autour de 1,50 euro le litre.
Si on peut s’attendre à une certaine stabilisation des prix à court terme, il reste toutefois impossible d’anticiper l’évolution des prix des carburants sur le long terme.
« L’histoire nous montre bien qu’il suffit d’avoir un événement majeur demain et le baril augment d’un coup de 10 à 20 dollars », rappelle Francis Pousse.
Le contexte international récent n’a toutefois pas attisé de flambée des prix. Les événements récents au Moyen-Orient ont eu un effet limité sur le prix du baril de pétrole, avec des investisseurs par ailleurs inquiets d’un certain ralentissement de la croissance mondiale et notamment pour la première économie, la Chine. Ce pessimisme semble avoir contenu la progression du prix du pétrole brut.
Des dividendes records… qui se retrouvent à la pompe?
A 1,78 euro le litre pour le sans-plomb 95-E10 la dernière semaine de décembre, ce prix reste relativement élevé par rapport à 2021. Pour expliquer le maintien de prix élevés dans les stations-service, certains évoquent les dividendes records, estimés à 100 milliards de dollars, que vont verser les compagnies pétrolières à leurs actionnaires, après les bénéfices colossaux enregistrés en 2023. De quoi relancer les projets de taxes sur les superprofits, comme l’ont tweeté des élus de la France Insoumise en réaction à ce nouveau record de dividendes, après celui de 2022.
Défense des pétroliers: ce ne sont pas grâce aux prix à la pompe qu’ils font leurs marges, mais davantage via l’extraction et le raffinage. Selon les chiffres de l’IFPEN, les coûts du raffinage ont été divisés par deux depuis le mois entre août et décembre, passant de 122 euros la tonne à 66 euros. De quoi ne pas trop peser sur le prix final dans les semaines à venir.
Une pause des opérations à prix coûtant
Dans ce contexte flottant, les automobilistes peuvent-ils s’attendre à un nouveau coup de pouce? Après les ristournes de l’Etat sur le prix des carburants en 2022, c’est un chèque carburant, plus ciblé sur les ménages dans le besoin, qui avait été déployé l’an dernier. Mais, avec la hausse des prix des carburants à la rentrée, le gouvernement avait incité la grande distribution à pratiquer des opérations à prix coûtant. Des opérations qui ont pris fin avec le passage à la nouvelle année.
« C’est terminé pour l’instant car le prix actuel, qui reste très élevé si on regarde quelques années en arrière, reste au plus bas depuis l’été de l’année dernière avec un baril de pétrole aux alentours de 75 dollars. Pour l’instant, (le retour des opérations à prix coûtant) ce n’est pas prévu, mais il y en aura de nouveau », a expliqué Dominique Schelcher, PDG de Système U.
Mais à quel niveau de prix pourrait-on voir ce genre d’opérations remises en place?
« La mobilisation gouvernementale pour nous inciter c’était au moment où le prix au litre frisait les 2 euros et donc le seuil il est environ là. Je vous rappelle que chez nous (la grande distribution), le carburant est un produit d’appel donc on ne gagne pas grand chose dessus, 1 à 2 centimes par litre, avec Leclerc on est le distributeur qui vend le carburant le moins cher en France, bien moins cher que Total et donc la marge de manœuvre reste étroite », a poursuivi Dominique Schelcher.
De son côté, Francis Pousse relativise l’effet de ces opérations sur les prix à la pompe: « L’opération à prix coûtant des grandes surfaces n’a eu un effet qu’à la marge, c’est d’abord le baril qui a baissé et également notre euro qui s’est un peu apprécié face au dollar. »
Surtout que ces opérations ont tendance à déstabiliser les stations hors grande distribution qui ne peuvent pas se permettre de les pratiquer, alertait Francis Pousse en octobre dernier.
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.