Plusieurs épidémies de virus respiratoires hivernaux sévissent actuellement en France, à quelques semaines des fêtes de fin d’année, moment propice pour la transmission des virus.
4608 hospitalisations Covid-19 sur les sept derniers jours, soit une augmentation de 7,9% des admissions. À moins d’un mois des fêtes de Noël, les indicateurs de suivi de l’épidémie de Covid-19 sont en hausse et cette année, le virus du SARS-CoV-2 circule avec d’autres virus hivernaux, faisant craindre un débordement des services hospitaliers dans les prochaines semaines.
Les fêtes de fin d’année regroupent plusieurs facteurs qui pourraient faire grossir les épidémies actuellement en cours. D’une part la réunion de plusieurs personnes dans des pièces souvent peu aérées l’hiver, en raison du froid, facilite la transmission des virus. D’autre part, Noël est un moment de brassage de populations avec des personnes fragiles comme les gens âgés, plus susceptibles de faire des formes graves.
« Une conjonction très particulière »
Côté Covid-19 « le risque de saturation de l’hôpital est moins élevé que les années précédentes » grâce à la vaccination et à l’immunité due à l’infection, explique à BFMTV.com l’épidémiologiste Mircea Sofonea, « mais il est toujours présent, on meurt encore à cause du Covid. »
La difficulté de cette fin d’année vient surtout du fait que les hôpitaux se trouvent dans une « conjonction défavorable », déclare-t-il, avec un personnel éprouvé par trois ans de pandémie, un hôpital qui peine à recruter et une reprise de la circulation de différents virus respiratoires.
« On est dans une conjonction très particulière avec des épidémies de bronchiolite, de grippe et de Covid, sans compter la circulation d’autres virus hivernaux », explique à BFMTV.com l’infectiologue Benjamin Davido, référent Covid-19 à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine.
Ces circonstances font craindre une surcharge de patients à l’hôpital, avec possiblement, dans le pire des cas, des reports de soins et des transferts vers d’autres établissements.
« Reprendre les habitudes de distanciation sociale »
Pour ne pas que ces épidémies enflent, et que l’hôpital se retrouve débordé à Noël, « il faut anticiper », appuie Philippe Amouyel épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille. « Il faut préparer cela en amont, en évitant que cette tendance à la montée (du Covid-19, ndlr) ne persiste. En un mois, on peut écraser une vague naissante » mais pour cela il faut « reprendre les habitudes de distanciation sociale. »
Le 8 décembre 2021, le Conseil scientifique préconisait pour « les réunions familiales de type repas de Noël » de « limiter le nombre de participants, de s’assurer que les personnes fragiles ont bien reçu leur dose de rappel, d’aérer régulièrement les locaux, et de pratiquer un autotest le jour même ou un test antigénique la veille ou le jour-même de l’évènement ».
Ces recommandations restent sur la table cette année, expliquent les scientifiques interrogés.
Mircea Sofonea appelle ainsi à se tester pour le Covid-19 en amont d’un événement rassemblant du monde, notamment si des personnes fragiles s’y trouvent, mais aussi après des contacts jugés à risque. Le port du masque est aussi recommandé en cas de réunion dans des pièces mal ventilées, ce qui arrive souvent en hiver. L’aération, le lavage des mains et la distanciation sociale restent aussi des mesures limitant les infections.
Ces recommandations pour le Covid-19 sont aussi valables pour les autres virus respiratoires hivernaux. « On n’a pas assez expliqué que le masque était une protection pour les autres infections respiratoires de l’automne et de l’hiver », souligne ainsi Benjamin Davido.
Appliquer les mesures de protection sanitaire contre le Covid-19, c’est en effet aussi se protéger d’autres maladies.
Se vacciner contre le Covid-19 et la grippe
Tous rappellent également l’importance de la vaccination, alors qu’une quatrième dose contre le Covid-19 est disponible. Pour le Covid-19, il est ainsi possible de se faire vacciner six mois après sa dernière injection ou trois mois après une infection, explique le site du gouvernement. Le vaccin protège notamment contre les formes graves de la maladie et est adapté aux variants du virus.
« Il y a aussi le vaccin contre la grippe », ajoute Mircea Sofonea.
Après deux années avec des épidémies de grippe faible, l’immunité collective est affaiblie, surtout chez les plus fragiles. Alors que l’on « sait qu’on évite jusqu’à 30 à 40.000 hospitalisations grâce à la vaccination » et « on va en même temps protéger le système hospitalier », avait expliqué sur BFMTV Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon.
Or ces deux campagnes de vaccination ne font pas le plein.
« Aujourd’hui on peut anticiper, on a les outils pour lutter » contre ces épidémies, rappelle Philippe Amouyel, « il faut les utiliser ».
« Les injonctions du Covid ont disparu »
Depuis l’année dernière, les dernières restrictions et mesures sont tombées dans l’espace public, comme le port du masque obligatoire dans les transports rendu facultatif en mai dernier. Depuis, des recommandations sont toujours disponibles, mais une grande partie de la population ne porte plus le masque dans l’espace public et s’est plus globalement relâchée sur les gestes barrières.
« Les injonctions du Covid ont disparu », déplore Benjamin Davido.
Il souligne l’importance d’utiliser les méthodes disponibles pour éviter de grossir les épidémies en cours, rappelant que « vivre avec le virus » ne veut pas dire « faire comme s’il n’existait plus ». Le vivre avec signifie que les mesures barrières « s’inscrivent dans la durée », rappelle-t-il, et il ne faut « pas attendre que le gouvernement dise de mettre le masque pour le porter ».
Philippe Amouyel souligne de son côté l’importance de préparer en amont les fêtes de Noël sur le plan sanitaire, de « communiquer, d’expliquer clairement pourquoi » les mesures barrières sont toujours importantes « afin que l’on passe tous un Joyeux Noël ».
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