Selon une récente étude, le changement de couleur de dizaines de cours d’eau est lié à la présence de métaux qui étaient stockés dans le perlégisol avant qu’il ne fonde.
Difficile de ne pas remarquer le changement, visible au premier coup d’oeil. Dans le nord de l’Alaska, au-delà du cercle polaire arctique, des cours d’eau et des rivières ont troqué ces dernières années leur habituelle couleur bleu cristal pour une teinte orange trouble. Selon une étude publiée la semaine dernière dans la revue Communications Earth & Environment, ce changement de couleur est dû à des métaux libérés dans l’eau après la fonte du pergélisol.
Aussi appelé permafrost, le pergélisol est un sol gelé en permanence. Recouvrant environ un quart de l’hémisphère nord, dont de larges parties du Canada, de la Sibérie et de l’Alaska, il contient de grande quantités de dioxyde de carbone ainsi que des nutriments et des métaux.
En raison du changement climatique et de la hausse des températures, le pergélisol finit par fondre et les métaux, parfois stockés dans le pergélisol depuis des milliers d’années, se retrouvent mêlés aux cours d’eau. C’est ce phénomène que les auteurs de l’étude ont pu observer pour des dizaines de rivières de la chaîne Brooks.
« Un jus d’orange laiteux »
« Nous sommes habitués à voir ce type de phénomène en Californie ou à certains endroits des Appalaches, des régions où il y a historiquement une activité minière », souligne auprès de CNN Brett Poulin, coauteur de l’étude et professeur de toxicologie environnementale à l’Université de Californie, Davis.
« Mais c’est très surprenant de le voir se produire dans un endroit aussi sauvage et reculé, loin de toute exploitation minière. »
Après avoir eu recours à l’imagerie satellite, Jon O’Donnell et ses collègues ont également pu constater que les rivières ont commencé à virer à l’orange en 2008. Mais les changements les plus notables ont été observés entre 2017 et 2018, des années particulièrement chaudes dans la région.
« Il y a certains endroits où l’eau ressemble presque à un jus d’orange laiteux », s’inquiète dans un communiqué Jon O’Donnell, l’auteur principal de l’étude et employé du Service des parcs nationaux.
Un vrai risque pour les écosystèmes
Le phénomène n’est malheureusement pas qu’une simple curiosité esthétique. Jon O’Donnell et ses collègues insistent sur le fait que les métaux terminant dans les cours d’eau, notamment le fer, le zin, le cuivre, le nickel ou le plomb, sont potentiellement toxiques. Ils représentent donc un risque réel pour les écosystèmes.
L’étude établit ainsi un lien clair entre ces concentrations de métaux dans l’eau et un « déclin spectaculaire » de la vie aquatique. La fonte du permafrost pourrait avoir des conséquences pour les communautés se reposant sur ces cours d’eau pour pêcher et se fournir en eau potable.
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