En septembre 2014, le baril valait, en euros, autant qu’aujourd’hui. Mais, hors taxes, le SP 95-E10 coûte 38% plus cher en France alors qu’en moyenne dans la zone euro, la hausse se limite à 21%. Explication.
Les prix des carburants repartent à la hausse ces dernières semaines. C’est évidemment lié à l’évolution des cours du pétrole. Sauf que le baril vaut aujourd’hui le même prix qu’en septembre 2014 alors que l’essence coûte nettement plus cher. Voici un peu moins de dix ans, il fallait près de 76 euros pour s’offrir un baril de Brent. Le même montant donc qu’en ce moment.
En revanche, on constate une nette évolution des prix du super sans plomb 95-E10 au sein de la zone euro. Avec, surtout, de fortes différences d’un pays à l’autre. Pour les quantifier, il faut regarder l’évolution des prix hors taxes, chaque Etat pouvant pratiquer une fiscalité différente et l’avoir fait évoluer depuis 2014. C’est ainsi qu’on peut constater qu’en France que le prix moyen du SP 95-E10 a deux fois plus augmenté qu’en Allemagne : +38% contre +19% outre-Rhin.
Il y a 10 ans, la France affichait les prix les plus bas d’Europe
Sur la même période, le prix moyen, toujours hors taxes, a augmenté de 16% en Italie, 17% en Belgique et 24% en Espagne, le seul de nos voisins à être au dessus de la hausse moyenne dans la zone euro (+21%). La France s’est ainsi hissée parmi les pays d’Europe où l’essence hors taxe coûte le plus cher alors qu’il y a dix ans, elle affichait les prix les plus bas.
Comment s’explique ce changement radical? Pour répondre à cette question, il faut regarder la façon dont se décompose le prix d’un litre de carburant acheté dans une station service. Commençons par le prix du SP 95-E10 lorsqu’il sort de la raffinerie. Il existe une référence européenne en la matière: le cours à Rotterdam. Pour un litre, on est passé d’un peu moins de 55 centimes par litre en septembre 2014 à 62,4 centimes aujourd’hui.
Si le prix à la pompe de l’essence a augmenté de 23% ce n’est pas à cause des taxes
Cette hausse de 14% sur 10 ans reste tout à fait raisonnable puisque l’inflation générale sur la période s’élève à 18%. En revanche, ce que les groupes pétroliers appellent les coûts de transport et distribution et qui intègrent aussi les marges sont passées en France de 8 à 24 centimes par litre, soit un triplement sur dix ans.
Voilà pourquoi, le prix moyen du SP 95-E 10 payé par l’automobiliste est passé de 1,491 à 1,833 euro. Une hausse de 23% qui, contrairement à une idée reçue, n’est donc en rien imputable à la taxation du carburant. Les taxes (TICPE et TVA) ont augmenté sur la période de 12%, moins donc que l’inflation.
Les groupes pétroliers invoquent l’envolée des coûts de leurs obligations environnementales
C’est donc la filière tout entière qui, entre temps, a vu ses coûts de transport et distribution mais aussi ses marges augmenter. Le président des Distributeurs Carburants et Energies Nouvelles chez Mobilians qui représente les gérants de stations-service (hors grande distribution) assure que, ces derniers, doivent, quelque soit le cours affiché par les carburants à Rotterdam, se contenter d’une marge fixe, prévue dans les divers types de contrats les liant aux groupes pétroliers.
« Sauf très rares exceptions, elle s’élève au mieux à 5 centimes par litre, montant avec lequel nous devons payer nos charges. » précise Francis Pousse.
C’est donc plus en amont qu’il faut chercher les raisons de cette hausse. Pour leur défense, les pétroliers brandissent l’évolution des coûts liées aux obligations environnementales que leur a imposé l’Etat. Les CEE (certificats d’économie d’énergie) leur coûtent près de 8 centimes par litre contre moins d’un centime en 2014. De quoi justifier près de la moitié de la hausse sur la période.
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