Thomas Rodier, porte-parole de Xpeng en France - 15/05

Après la confirmation de la surtaxe visant les voitures électriques chinoises importées en Europe, la Chine a condamné cette décision, qui divise aussi les Etats membres.

Pékin « s’oppose vigoureusement » à la décision de l’Union européenne d’imposer durant cinq ans des surtaxes sur les véhicules électriques provenant de Chine, a fait savoir son ministère du Commerce ce mardi 20 août.

Des mesures de représailles envisagées

La Chine « espère que la partie européenne (…) cherchera des solutions appropriées et prendra des mesures concrètes pour éviter une escalade des frictions commerciales », a indiqué le ministère dans un communiqué.

La Commission européenne venait de publier ce mardi sa version définitive des droits de douane supplémentaires qui s’appliqueront aux véhicules électriques produits en Chine et importés en Europe.

La Chambre de commerce chinoise dans l’UE avait averti dès l’annonce européenne des conséquences « négatives » sur les relations entre Pékin et Bruxelles, fustigeant un « protectionnisme » déguisé.

Mi-juin, la Chine avait lancé une enquête antidumping sur les importations de porc européen, après une, en janvier, sur les eaux-de-vie de vin de l’UE, dont le cognac. Vins, produits laitiers et voitures à grosses cylindrées seraient aussi dans le viseur de Pékin, selon la presse chinoise.

Cette nouvelle passe d’armes s’inscrit dans les tensions commerciales grandissantes entre les Occidentaux et la Chine, également accusée de détruire la concurrence dans d’autres secteurs, comme les éoliennes, les panneaux solaires ou encore les batteries.

Des pays européens divisés sur la stratégie à mener

Si la France et l’Espagne poussaient activement pour des mesures proportionnées, l’Allemagne, très engagée en Chine, bataillait au contraire, avec la Suède et la Hongrie, pour éviter des sanctions, craignant des représailles de Pékin.

Berlin est particulièrement réticent, en raison du poids en Chine de son industrie automobile. Les constructeurs Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen réalisent près de 40% de leurs ventes mondiales en Chine. « Les effets négatifs de cette décision l’emportent sur les avantages possibles », avait déploré Volkswagen en juillet au moment de l’imposition de taxes provisoires.

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Les nouvelles taxes seront définitivement adoptées à moins qu’une majorité qualifiée d’Etats membres (15 pays représentant 65% de la population européenne) ne s’y oppose, d’ici fin octobre

Transition écologique et emplois

L’Europe espère ainsi protéger une filière automobile qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique derrière les Etats-Unis. Ces derniers avaient de leur côté annoncé à la mi-mai des droits de douane de 100%, contre 25% précédemment.

Dans sa communication du jour, Bruxelles se dit d’ailleurs « ouvert » à toute autre solution émanant de Pékin, qui soit conforme aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), que la Chine a d’ailleurs saisie en juillet.

« Nous considérons que c’est vraiment à la Chine de trouver une alternative » aux surtaxes, a indiqué un responsable européen à l’AFP. L’idée reste ainsi d’inciter les constructeurs chinois à produire en Europe, plutôt que d’importer depuis la Chine: BYD prévoit d’installer une usine en Hongrie et MG (groupe SAIC) envisagerait l’Espagne.

Championne des moteurs essence et diesel, l’industrie automobile européenne craint de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles électriques chinois. Pékin a pris de l’avance en investissant de longue date dans les batteries.

Dans l’UE, le marché est en plein essor avant l’interdiction en 2035 des ventes de véhicules neufs à moteur thermique: or les véhicules électriques chinois représentent 22% du marché européen, contre 3% il y a trois ans, selon les estimations du secteur. Les marques chinoises occupent 8% de parts de marché.

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