Alors que l’instauration d’une visite médicale régulière visant à vérifier les capacités des conducteurs pourrait être adoptée au niveau européen, la fin du permis de conduire à vie suscite des questions.
Passer une visite médicale régulièrement pour vérifier sa capacité à conduire et conserver son permis. Ce principe envisagé pour limiter les accidents de la route liées aux inaptitudes médicales des conducteurs pourrait voir le jour sous la forme d’une directive européenne débattue fin février. Si elle était adoptée, cette mesure, une fois transposée dans le droit français, marquerait ainsi la fin du permis à vie.
Si les modalités de cette obligation doivent encore faire l’objet de discussions, la fréquence de ces visites médicales pourrait être fixée à quinze ans. Une manière de cibler toutes les classes d’âges. Car c’est bien une « mesure indifférenciée » que porte l’eurodéputée EELV Karima Delli, la rapporteure de la proposition de loi.
« Une deuxième de ceinture de sécurité »
« À 50 ans comme à 40 ans, vous pouvez rendre compte que vous avez une maladie ou des aptitudes qui ne vous permettent pas de conduire », explique-t-elle au micro BFMTV ce mardi 20 février.
« La visite médicale, c’est une deuxième ceinture de sécurité pour vous, comme pour les autres », estime-t-elle encore.
Une vision que partage Vincent Julé-Parade, avocat spécialisé dans la défense des victimes des accidents de la route.
« Ce n’est pas parce qu’on est en bonne santé à un moment donné de sa vie que l’on ne peut pas avoir une maladie qui suppose un traitement médicamenteux altérant ses capacités », illustrait-il ce mardi matin sur le plateau de BFMTV.
« J’ai toujours considéré que ce n’était pas une question d’âge: on ne doit plus raisonner en âge mais en aptitude », ajoutait-il, avant d’interroger: « On a un contrôle technique des véhicules, pourquoi ne pas avoir un contrôle médical des conducteurs ».
Une fréquence renforcée pour les seniors?
Un contrôle périodique qui va forcément sensibiliser davantage les seniors. Mais pour eux, un contrôle tous les quinze ans pourrait s’avérer moins efficace en raison de la détérioration plus rapide de l’état de santé et des capacités cognitives.
« Ce que vous pouvez faire à 75 ans, à 85 ans, vous ne serez peut-être plus en état de le faire », confirme Me Julé-Parade. D’où l’idée de renforcer la fréquence des visites médicales, passé un certain âge.
« Les seniors en termes de mortalité ne sont pas plus représentés que les autres voire moins », rapporte-t-il. « Par contre, en termes de responsabilité des accidents dans lesquels ils sont impliqués, ils reviennent au même taux que les 18-24 ans c’est-à-dire à peu près à 80% de taux de responsabilité ».
Le permis, un outil d’intégration sociale
Mais, quelles que soit ses modalités exactes, la mise en place d’une telle obligation au nom d’un renforcement de la sécurité routière soulève d’autres questions et difficultés. À commencer par celle de l’intégration sociale.
« C’est une mesure qui peut être facilement envisageable à Paris », juge Me Julé-Parade. « Mais si vous avez 82 ans et que vous vivez au fin fond de la Corrèze, vous retirer le permis de conduire c’est aussi votre arrêt de mort social quelque part », déplore-t-il.
Une crainte largement partagée par l’association 40 millions d’automobilistes qui a lancé une pétition contre ce projet de mesure.
« Notre permis de conduire c’est l’accès à l’emploi, c’est emmener nos enfants à l’école, c’est le lien social », plaidait ainsi Pierre Chasseray, le délégué général de l’organisation sur BFMTV ce mardi.
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