Le nouveau traitement préventif Beyfortus et le nouveau vaccin Abrysvo contre la bronchiolite suscitent de grands espoirs. Au point d’éliminer la maladie?
A partir de ce vendredi, un nouveau traitement préventif de la bronchiolite, le Beyfortus, est disponible dans les établissements de santé et sur commande en pharmacie. Un anticorps monoclonal destiné aux nouveau-nés qui ne nécessite qu’une seule injection dès la naissance – injection qui peut être effectuée à la maternité. Et qui protège cinq mois. Les enfants nés plus tôt durant l’année 2023 peuvent également en bénéficier.
La Commission européenne a également donné son vert en août au nouveau vaccin Abrysvo qui vise à protéger les nourrissons grâce à la vaccination des femmes enceintes – même s’il ne devrait pas être disponible en France avant au moins un an. Son principe: une immunisation passive. La femme enceinte vaccinée fabrique les anticorps qui traversent la barrière placentaire et immunisent le fœtus contre le virus respiratoire syncytal (VRS), principale cause des bronchiolites.
Alors entre ce nouveau traitement préventif pour les bébés et le nouveau vaccin à destination des femmes enceintes, peut-on espérer la disparition prochaine de la bronchiolite? La virologue Marie-Anne Rameix-Welti, chercheuse au centre national de référence des virus respiratoires de l’Institut Pasteur et à l’Inserm, met en garde.
« Il y a peu de chances », assure-t-elle à BFMTV.com.
Éviter la saturation du système de santé
Pour Christèle Gras-Le Guen, cheffe de service de pédiatrie au CHU de Nantes et présidente de la Société française de pédiatrie (SFP), ce virus est en effet tellement répandu qu’il sera difficile de l’éradiquer. « La plupart des adultes qui ont le nez qui coulent ou qui toussent en hiver peuvent avoir été contaminés par le VRS », avertit-elle pour BFMTV.com.
« Le virus va continuer de circuler. »
L’ambition de ces deux traitements: protéger les bébés. Ce que confirme la chercheuse Marie-Anne Rameix-Welti, spécialiste du virus respiratoire syncytial et professeure à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
« L’ambition, c’est de réduire sensiblement le nombre d’infections sévères qui nécessitent des hospitalisations, impactent le système de santé et ainsi éviter la saturation des services de réanimation. »
Des conséquences à long terme
Le VRS est la principale cause d’hospitalisation des nourrissons et des enfants. L’année dernière, l’épidémie de bronchiolite a causé l’hospitalisation de plus de 26.000 enfants de moins de 2 ans, dénombre Santé publique France dans son bilan de surveillance 2022-2023. L’épidémie a été d’une telle ampleur que des bébés en réanimation avaient dû être transférés dans d’autres régions faute de place dans les services pédiatriques.
« Ce sont les tout petits qui font les formes les plus graves », insiste la pédiatre et professeure des universités Christèle Gras-Le Guen. « Plus on les protège tôt, plus on évite d’hospitalisations. »
D’autant que les formes graves de la maladie peuvent avoir des conséquences à plus ou moins long terme sur les jeunes malades, en prédisposant notamment à l’asthme dans l’enfance. « C’est comme s’il y avait une marque de cette infection sur le système respiratoire », observe la virologue Marie-Anne Rameix-Welti.
Réduire de moitié les formes graves
Autre explication au fait que ces nouveaux traitements n’élimineront pas complètement la maladie: le VRS est responsable de 70% des bronchiolites. « Pas de 100% », pointe la chercheuse Marie-Anne Rameix-Welti.
« Il y a d’autres virus, qui ne sont pas visés par ce vaccin, qui donnent les mêmes symptômes cliniques. »
De plus, l’efficacité d’Abrysvo sur les formes graves n’est pas complète. « On est autour de 70 à 80% d’efficacité, même si c’est extrêmement performant », remarque encore la virologue.
« Mais on peut espérer réduire de 50% les infections aigües, ce qui serait déjà beaucoup. »
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.