moins d'une femme sur deux âgée de 50 à 74 ans s'est fait dépister en 2022

Dans cette tranche d’âge, 12% des femmes n’ont jamais participé à un dépistage du cancer du sein, qui touche plus de 60.000 nouvelles personnes par an. L’absence de symptômes, l’accès aux soins ou le fait de se dénuder devant un soignant font partie des raisons invoquées.

La Ligue contre le cancer tire la sonnette d’alarme. Un sondage réalisé par OpinionWay et publié ce mardi met en évidence « la baisse constante depuis 10 ans de la participation aux campagnes de dépistage du cancer du sein ».

Selon cette étude, en 2022, seules 44,9% des femmes âgées de 50 à 74 ans se sont fait dépister contre ce cancer. « Un résultat qui place la France en bas du classement européen, très loin de pays comme le Danemark ou la Finlande, dont les taux de participation dépassent les 80% », déplore dans un communiqué la Ligue contre le cancer.

Au total, 1,3 million de femmes de cette tranche d’âge n’ont jamais participé à un dépistage du cancer du sein, soit 12% d’entre elles.

Guéri dans 90% des cas si détecté tôt

Comment expliquer de tels chiffres? Le principal frein au dépistage évoqué par ces femmes est l’absence de symptômes. Un argument réfuté par la Ligue contre le cancer: « Le dépistage s’adresse justement aux personnes qui ne se plaignent de rien, pour trouver une maladie débutante avant que les signaux n’apparaissent », explique Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue, dans des propos rapportés par France Bleu.

« L’intérêt du dépistage, c’est d’arriver avant les symptômes », ajoute-t-il.

Une femme sur cinq qui renonce à se faire dépister pointe la crainte d’avoir mal quand 16% d’entre elles disent avoir peur qu’on leur diagnostique un cancer. « Pourtant, quand il est détecté tôt, le cancer du sein est guéri dans 90% des cas », explique Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer.

Inégalités sociales

Une femme sur dix évoque la peur de se dénuder devant un médecin, « un chiffre qui monte », note la Ligue contre le cancer, qui suggère un « travail de pédagogie pour anticiper cette crainte ».

« La montée du religieux et de la question de la pudeur associée à tout ce qui a circulé sur l’attitude de certains professionnels autour de la notion de consentement », n’ont pas joué en faveur du dépistage, déplore auprès du Point Emmanuel Ricard.

Autre problème majeur: l’éloignement des centres de dépistage des domiciles des patientes, souligné par 10% de celles qui ne se font pas dépister. Nombre d’entre elles évoquent également des délais d’attente trop longs ou disent ne pas savoir où s’adresser pour effectuer un dépistage près de chez elle.

« Le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez la femme et les inégalités sociales sont un des premiers marqueurs des inégalités de santé vis-à-vis de cet enjeu majeur », affirme Daniel Nizri.

Une incidence en hausse

Cette étude est publiée à quelques jours du lancement de la campagne nationale de sensibilisation d’Octobre Rose, qui débutera au début du mois prochain. Avec près de 62.000 nouveaux cas chaque année, l’incidence du cancer du sein est en hausse.

« Sa mortalité tend à diminuer depuis quelques années, notamment car les cancers du sein sont détectés à 60% à un stade plus précoce », écrit La Ligue contre le cancer.

Une mammographie doit être répétée tous les deux ans entre 50 et 74 ans et il est également recommandé dès 25 ans d’avoir une palpation par un médecin, un gynécologue ou une sage-femme tous les ans.

Si elle ne suffit pas et ne remplace pas une visite médicale, l’autopalpation mammaire peut également être le premier maillon du dépistage de ce cancer. Elle peut permettre de consulter rapidement et ainsi d’aider à une prise en charge précoce de la maladie.

Sondage OpinionWay pour la Ligue contre le cancer: échantillon de 1006 femmes, représentatif de la population française féminine âgée de 18 ans et plus, interrogé par questionnaire autoadministré en ligne. Les interviews ont été réalisées du 8 au 11 août 2023.

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