Moins d'avion, moins de viande... Ce que vous pouvez faire pour réduire votre empreinte carbone

2050, OUVRONS LES YEUX – Atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 suppose de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Mais comment? Transports, alimentation, logement… Voici les gestes qui peuvent avoir un impact concret sur votre empreinte environnemental.

Comment réduire votre impact personnel sur le réchauffement climatique? En moyenne, un Français produit chaque année l’équivalent de 9 tonnes de CO2 par personne, selon les dernières données pré-Covid du ministère de la Transition écologique. Loin d’un mode de vie « soutenable » pour la planète.

Car si l’on souhaite atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, comme le prévoit la loi Énergie-Climat adoptée en 2019, il faudrait drastiquement réduire nos émissions. Les experts estiment qu’il faut parvenir à seulement 2 tonnes de CO2 par Français et par an. Soit les émissions actuelles d’un habitant de l’Inde.

>> Et vous, quel est votre empreinte carbone? Faites le test

Si l’objectif semble ambitieux, il est pourtant possible de réduire sensiblement son empreinte environnementale. Transports, alimentation, logement… À l’occasion de la diffusion de notre docu-fiction « 2050, ouvrons les yeux » ce lundi, BFMTV vous propose des solutions individuelles et concrètes pour réduire vos émissions de CO2, qui s’appuient notamment sur les recommandations de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

• Les transports

Abandonner les voyages en avion

C’est l’un des premiers postes sur lequel il est possible d’agir: les voyages en avion. À titre d’exemple, un simple aller-retour Paris/New York émet 2,6 tonnes de CO2 par passager selon l’Ademe – un tel trajet suffit donc à exploser le « budget » carbone d’un Français. Et même sans franchir les océans, prendre l’avion a un lourd impact sur l’empreinte environnementale: un aller-retour vers une capitale européenne émet toujours plus d’une tonne de CO2.

Les vacances et week-ends à l’étranger sont donc à éviter si l’on souhaite alléger son bilan carbone. À moins de privilégier le train, y compris pour les destinations européennes, note Martin Régner, intrapreneur à l’Ademe.

« Et puis on peut aussi se tourner vers des destinations plus proches, en France notamment. Il y a tout un imaginaire autour des vacances à reconstruire. »

Privilégier les transports en commun, le vélo ou la marche au quotidien

L’autre point sur lequel il est facile de réduire ses émissions de CO2, c’est la voiture. Si les transports constituent 31% des émissions de gaz à effet de serre en France, la voiture en représente la plus large partie: au kilomètre, elle a dix fois plus d’impact que le bus.

Pourtant, comme le relève l’Ademe, la moitié des trajets du quotidien réalisés en voiture font moins de 5 km et pourraient donc être a priori facilement faits à vélo. Et « 5 km en voiture, c’est déjà plus d’un kilo de CO2 émis », indique encore l’Ademe.

« Il faut se rendre compte que tous ces petits déplacements en voiture mis bout à bout émettent beaucoup », remarque Martin Régner, en charge de la sensibilisation du grand public des sujets portés par l’Ademe.

Si le Parlement européen a voté la fin de la vente des voitures neuves thermiques en 2035, l’Ademe prévient que le déploiement du parc électrique doit être « bénéfique pour le climat », notamment pour amortir le coût écologique de la fabrication de ces véhicules.

Pour l’Ademe, il faut privilégier les modèles à petites batteries, les plus légers possibles et adaptés à un usage quotidien. « Une voiture électrique roulant en France a un impact carbone deux à trois fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique, à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable (<60 kWh) », écrit l’Ademe dans un avis sur le sujet. Avec une batterie de taille supérieure, l’intérêt environnemental « n’est pas garanti ».

L’idéal est donc de préférer les petits véhicules. « Par rapport à une berline compacte diesel, la dette carbone est remboursée au bout d’environ 15.000 km pour un petit véhicule de type citadine électrique alors qu’elle n’est remboursée qu’après 100.000 km pour un SUV électrique haut de gamme », calcule l’Ademe.

Mais quoi qu’il en soit, le véhicule électrique « n’est pas neutre en carbone », rappelle l’Ademe, qui insiste sur la nécessité de « réinterroger la place de l’automobile dans nos déplacements » et de privilégier le train pour les longues distances.

• L’alimentation

Réduire sa consommation de viande

L’alimentation représente 24% des émissions de gaz à effet d’un ménage français, selon les estimations de l’Ademe. En optant pour un régime végétarien ou végétalien, on peut faire baisser l’addition environnementale de 1,1 tonne de CO2 pour le premier à 1,2 tonne pour le second. « La production d’un kilo de viande émet de cinq à dix fois plus de gaz à effet de serre que celle d’un kilo de céréale », calcule l’Ademe.

Mais pour ceux qui ne souhaitent pas proscrire totalement la consommation de produits carnés, la limiter à quelques repas dans la semaine et à certains types de viandes – notamment la viande blanche – permet tout de même de réduire ses émissions. « Ramenée au kilo, une entrecôte émet six fois plus de gaz à effet de serre que des filets de poulets », chiffre l’Ademe.

Des repas carnés uniquement le midi, c’est 500 kg de CO2 en moins. Seulement le week-end, c’est une empreinte carbone allégée de 800 kg, autant si l’on ne choisit que de la volaille ou de la viande de porc.

« On ne se rend pas compte que l’alimentation a un tel potentiel de réduction des émissions », souligne Martin Régner.

Privilégier les fruits et légumes de saison

Si le choix de produits bio, de saison et locaux ne fait pas autant baisser le bilan carbone qu’un régime alimentaire végétarien ou végétalien, il y contribue tout de même en partie. L’alimentation biologique est par exemple moins émettrice de carbone, notamment par son absence d’utilisation de pesticides de synthèse.

Quant au mode de prodution: une tomate hors saison émet dix fois plus qu’une tomate produite sous serre non chauffée. Consommer des aliments produits sous serres chauffées, c’est encore « 10 à 20 fois plus de gaz à effet de serre qu’une culture en plein champ », note l’Ademe, qui propose d’ailleurs un simulateur pour vérifier la saisonnalité des produits.

Acheter des aliments non transformés

Autre levier d’action: retourner en cuisine, en choisissant plutôt des produits bruts. Depuis le milieu des années 1990, la consommation de fruits et légumes transformés a doublé.

Or, « plus un produit est transformé, conditionné, réfrigéré, plus il consomme de l’énergie ainsi que et des matières premières pour son emballage », pointe l’Ademe.

D’ailleurs, la fabrication des emballages et la transformation alimentaire représentent 9% des émissions des gaz à effet de serre. « Un kilo d’emballage plastique est à l’origine de l’émission d’un kilo de CO2 », évalue-t-elle encore.

Éviter le gaspillage

Chaque année, en France, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillées. Ce qui représente l’équivalent de 150 kilos par habitant et par an. Dans une étude, l’Ademe a ainsi évalué à 15,3 millions de tonnes équivalent CO2 l’impact carbone de ces pertes et gaspillages. Ce qui correspond à 3% de l’ensemble des émissions nationales en France.

À l’échelle mondiale, le gaspillage alimentaire est considérable. Il émet « autant de gaz à effet de serre qu’un pays dont le niveau d’activité se situerait en 3e position juste après celui de la Chine et des USA », notamment du fait de l’énergie nécessaire pour produire, transformer, conserver, emballer et transporter.

• Le logement

Rénover son logement

La France compte 8 à 9 millions de logements très énergivores, c’est-à-dire classés F ou G. Une rénovation labellisée « bâtiment basse consommation » (BBC) permet ainsi de réduire jusqu’à 70% de la consommation d’énergie.

Le gouvernement propose d’ailleurs des aides. Le dispositif MaPrimeRénov’, qui a remplacé le crédit d’impôt transition énergétique, a été reconduit en 2022. Il est ouvert à tous les propriétaires, quels que soient leurs revenus, qu’ils occupent le logement ou le louent. Le montant est calculé en fonction des revenus et du gain écologique des travaux.

Autre levier d’action: le chauffage. Passer d’une chaudière à gaz à une pompe à chaleur réduit de 14% l’empreinte carbone. Mais Martin Régner recommande de prendre d’abord conseil auprès de France rénov’, le service public de rénovation de l’habitat, avant de se lancer dans de coûteuses rénovations.

Réduire le chauffage

À l’heure de la sobriété énergétique, des mesures concrètes permettent également de réduire efficacement la consommation d’énergie, et donc les émissions de CO2. Comme baisser la température du chauffage d’un degré, ce qui représente 7% d’économie d’énergie.

« C’est aussi 7% d’émissions en moins », note Martin Régner, de l’Ademe. Si la baisse est moins importante lorsqu’il s’agit d’un chauffage électrique – la production électrique française est décarbonée à 92% grâce à la part du nucléaire (70%) – « ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas le faire ».

• Consommation

Acheter d’occasion

Une armoire, un lit et un lave-linge achetés neuf, c’est presque deux tonnes de CO2. « Acheter d’occasion allège considérablement le bilan carbone », affirme Martin Régner.

Les plus gros émetteurs de CO2: l’électro-ménager et les appareils numériques. La production d’une télévision émet par exemple autant de CO2 qu’un voyage à Marrakech en avion. Un seul smartphone, c’est 26 kg de CO2, rappelle le site Impact CO2 qui calcule les émissions pour chaque objet du quotidien.

« Avec le numérique, ce qui compte en terme d’émissions ce n’est pas l’usage ou la durée d’utilisation mais le mode de production, particulièrement émetteur de CO2 », met en garde le représentant de l’Ademe.

• Les services publics

Reste une part incompressible dans l’empreinte carbone: les services publics, soit un peu plus d’une tonne par habitant et par an attribuée à la fin du test de l’Ademe à chaque utilisateur. Cela représente l’ensemble des émissions de CO2 produites par les services publics français – de la santé aux routes, en passant par l’éducation, la justice, ou la défense – divisé par la population. Un poste sur lequel les citoyens ne peuvent pas agir directement.

Mais ces deux tonnes ont vocation à se réduire. « Les services publics sont aussi en train de se transformer », remarque Martin Régner.

« On ne va pas passer de 10 à 2 tonnes de CO2 en un claquement de doigt mais d’année en année, en consentant tous à des efforts, on peut progressivement faire baisser nos émissions. »

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