Une « randonnée festive et déterminée pour la défense de l’eau » est prévue à l’appel de collectifs environnementaux samedi 11 mai au sud de Clermont-Ferrand où des deux bassines de rétention d’eau doivent être construites.
Des mégabassines aux gigabassines. Une manifestation est prévue samedi 11 mai au sud-est de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, contre le projet de construction de deux « gigabassines » dans la région. La préfecture a annoncé mercredi des mesures de sécurité renforcée.
Une « randonnée festive pour la défense de l’eau »
Plusieurs arrêtés ont été adoptés pour encadrer la « randonnée festive et déterminée pour la défense de l’eau » prévue par un collectif militant.
Le collectif Bassines non merci 63, Extinction Rébellion, les Faucheur.ses volontaires, la Confédération paysanne et les Soulèvements de la Terre attendent « quelques milliers » de participants. La préfecture entre 2 et 3.000.
Cette mobilisation doit se dérouler plus d’un an après la mobilisation contre les mégabassines de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, qui avait débouché sur des affrontements violents avec les forces de l’ordre.
Les moyens de gendarmerie « renforcés »
La préfecture a autorisé « tout le périmètre » dans lequel les organisateurs souhaitent marcher, autour des communes de Chignat, Bouzel et Billom, a déclaré lors d’un point-presse le préfet Joël Mathurin.
En revanche, elle interdit, de 8 heures à 22 heures « tout rassemblement sur le territoire de Clermont-Ferrand et sur la partie nord-est du département du Puy-de-Dôme délimitée par les autoroutes A71 et A89 ».
Les « moyens du groupement de gendarmerie » seront également renforcés « compte-tenu de la possible présence de mouvances radicales contestataires susceptibles d’entraîner des troubles graves à l’ordre public et des dégradations », selon un communiqué. L’utilisation de drones équipés de caméra est autorisée par le préfet pendant le rassemblement, rapporte La Montagne.
Le « port et le transport, sans motif légitime, d’armes toutes catégories confondues », de « munitions et d’objets pouvant constituer une arme par destination », ou de « tous produits inflammable, chimiques ou explosifs » sont par ailleurs interdits par arrêtés; en vigueur jusqu’à dimanche midi. Des restrictions de circulation sont également en vigueur selon France Bleu.
Deux bassines destinées à irriguer 800 ha
Au coeur du débat: la construction de deux réserves d’eau, l’une de 14 hectares, l’autre de 18 hectares, destinées à irriguer 800 hectares avec 36 exploitations agricoles de la plaine de la Limagne, où est implanté Limagrain, 4e semencier mondial.
Cela représente « l’équivalent de 500 bassins olympiques » et « c’est pourquoi nous ne parlons plus de méga mais de gigabassines », explique à l’Agence France-Presse Isabelle, membre d’Extinction Rébellion et porte-parole du collectif organisateur de la marche de protestation.
Ces projets n’ont pas encore fait l’objet de demande formelle d’autorisation, mais ses opposants souhaitent obtenir un moratoire. L’objectif est d' »agir avant que les travaux ne commencent », explique Maud, du collectif Bassines non merci 63.
Tondelier et Panot attendues sur place
La secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier a annoncé sa présence. « Les mégabassines constituent une privatisation de notre bien commun le plus précieux, par une minorité. Construire des mégabassines c’est ignorer le problème de fond: la rareté de l’eau », a-t-elle noté dans un communiqué. Des députées LFI, dont Mathilde Panot, sont également attendues sur place.
Selon les opposants au projet, Limagrain, coopérative agricole et groupe semencier international détenus par des agriculteurs français, « pousse ce projet dans l’intérêt de sécuriser sa production de maïs semence destiné à l’exportation, le tout financé à 70% par de l’argent public ».
« Ce projet n’est pas porté par Limagrain » qui, cependant, le « soutient » pour « développer les moyens de production et valoriser les productions de (ses) adhérents », assure de son côté la coopérative.
« Tout cela est réglementaire et encadré par l’État », assure auprès de l’AFP Philippe Planche, un des 36 exploitants porteurs du projet. « Mon objectif est à la fois de sécuriser l’alimentation de mes vaches et de limiter ma surface de maïs pour le remplacer par des cultures spécialisées comme l’ail ».
Les prélèvements d’eau destinés à l’irrigation ont plus que doublé entre 2010 et 2020 en France, pour atteindre 3,42 milliards de m3 en 2020, selon un rapport de la chambre régionale de la Cour des comptes de Nouvelle-Aquitaine publié en juillet 2023.
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