Toyota intègre le meilleur de sa technologie hybride dans le best-seller de sa marque de luxe Lexus, avec de grandes ambitions. Coup gagnant sur ce marché très concurrentiel ? Essai.
Le géant japonais Toyota a beau avancer à pas de géant sur le 100% électrique via sa gamme BZ (« Below Zero »), pas question de lâcher la technologie dans laquelle il a excellé pendant des années, et dont il a été l’artisan principal, l’hybride. Mais le temps avançant, et les normes antipollution évoluant vers toujours plus de sévérité, la simple hybridation est passée de technologie innovante et vertueuse à un simple standard de marché. Au point où Toyota l’a même désormais laissée au domaine public.
Plus assez rentable, et surtout plus assez efficace au regard des nouveaux plafonds de CO2 notamment en Europe. Du coup, beaucoup de modèles hybrides et notamment les SUV se retrouvent désormais pénalisés par des malus. Un non-sens, surtout chez Lexus, dont la gamme est essentiellement composée de SUV et de grosses berlines.
Objectif: perfectionner encore la technologie PHEV
C’est pourquoi la marque de luxe a été contrainte et forcée d’avancer plus vite sur l’électrification. C’est tout d’abord passé par l’UX300e, premier 100% électrique de la galaxie Toyota, qui garantit à Lexus son premier modèle zéro émission. Une réussite, mais qui ne se suffit pas à elle-même. Et plutôt que de « PHEViser » ses gros modèles un peu à la va-vite, comme l’ont fait beaucoup de constructeurs premium allemands, Toyota a préféré intégrer au best-seller de la gamme Lexus sa chaine de traction hybride rechargeable pour en faire un parangon d’efficacité.
L’objectif est ambitieux, tant le segment de marché est désormais concurrentiel. Mais pour mettre toutes ses chances de son côté, Lexus a donc choisi son modèle de SUV intermédiaire, le NX. Vrai SUV massif et haut sur pattes (quasiment 1,70 mètre), aux lignes suggestives et acérées, mais à la malle arrière typique du format (Lexus n’a pas cédé à la mode du SUV Coupé…), l’engin en impose tout en restant relativement compact à 4,60 mètres. Et cette finition Executive dotée du Pack Innovation est dotée d’un intérieur qui a fait la réputation de Lexus, très haut de gamme tout en restant sobre, avec une sellerie cuir noir et crème du plus bel effet, souligné de surpiqûres oranges.
Le point fort: un SUV plutôt dynamique
Au volant, petite surprise. On ne va pas parler de sensations automobiles spectaculaires, mais ce SUV Lexus se distingue curieusement par un dynamisme, une direction et un toucher de route plutôt vivants, contrairement aux modèles habituels qui ont tendance à totalement isoler de la route jusqu’à gommer toute sensation. Là, l’amortissement est souple mais pas caoutchouteux, la direction informative juste ce qu’il faut, on est loin du pachyderme mou. Et c’est une sensation agréable et plutôt inattendue, d’autant que le silence de fonctionnement du NX est absolument bluffant, autant du point de vue des bruits mécaniques que des bruits de roulement. C’est sans doute le modèle Lexus le plus impressionnant en la matière, et par conséquent de l’ensemble du segment.
Pour ce qui est de la chaîne de traction hybride rechargeable, elle est plutôt conséquente. Un moteur thermique 4 cylindres de 2,5 litres (185 chevaux), associé à un moteur électrique de 182 chevaux à l’avant également… et même un deuxième de 44 chevaux à l’arrière. Le tout étant couplé à une batterie rechargeable de 18 kWh.
Une sacrée artillerie de plus de 400 chevaux, mais qui anime le NX 450h+ avec beaucoup de douceur et aisance, avec ses 4 roues motrices. D’ailleurs, la masse de l’engin le justifie (2,5 tonnes).
Mais ceci étant dit, les mises en vitesse, que ce soit en tout électrique ou en mode hybride, sont très correctes, avec un 0 à 100 Km/h en 6,6 secondes quand toutes les unités électriques et thermiques fonctionnent ensemble. Mais le tout avec beaucoup de bruit moteur, dû à l’emploi de la traditionnelle transmission à variation continue.
Une sobriété exemplaire
Mais le NX 450h+ était surtout attendu sur ses performances en termes de consommation. Et déjà, excellente surprise: une charge pleine (2h30 sur chargeur avec câble de type 2, plutôt rapide) permet tout d’abord de rouler 70 kilomètres en tout électrique, voire pousser à près des 100 (chiffres constructeur WLTP) en conduite strictement urbaine, en maximisant la récupération d’énergie au freinage grâce aux palettes au volant.
Si votre serviteur n’a pas réussi à atteindre ces derniers chiffres, en revanche on est largement entre 70 et 80 en conditions normales d’usage, ce qui place d’entrée de jeu ce modèle parmi les touts meilleurs du segment sur cet exercice (seul le Volvo XC90, bien plus gros et à la batterie plus conséquente, arrive à faire de 80 à 100 kilomètres). De quoi sereinement envisager deux jours de trajets quotidiens urbains sans recharger. Une vraie très bonne surprise.
En mode hybride, correctement chargé, difficile de faire plus de 4 litres au 100, tant les unités électriques prennent souvent le relais du moteur, le tout avec beaucoup de douceur et en silence. Mais la vraie pierre de touche de ce type de motorisation, c’est le test batterie déchargée. Ces engins lourds ont tendance à voir leur consommation s’envoler quand c’est le cas, et notamment sur autoroute.
Mais là, surprise encore, le NX 450h+ arrive à rester très sobre, ne dépassant que très rarement les 7 litres aux 100 kilomètres, là où les anciennes références Mitsubishi PHEV ou Volvo XC voient leurs consommations dépasser les 8 ou 10 litres parfois. Une sacrée performance pour un engin de plus de 2 tonnes, mais qui a une explication relativement simple chez Toyota/Lexus: la batterie ne se vide jamais à 100%, gardant une capacité minimum convenable pour continuer à assister l’unité thermique et réduire les consommations. Un vrai tour de force qui porte clairement ses fruits.
Le point noir: une addition très salée
Reste que ce vrai progrès technologique a un coût. La note est copieuse, à 74.490 euros prix de base, et 76.990 si on ajoute le Pack Innovation. Un engin très cher, plus que les équivalents premium allemands, il est vrai moins performants en termes de consommation (BMW X3 et Mercedes GLC hybrides rechargeables). On peut même rajouter à la liste le nouveau Mazda CX-60 hybride rechargeable, qui va sans doute aller le chercher point de vue autonomie (60-70 kilomètres en tout électrique également). Seul le Volvo XC60 le dépasse en termes de tarif a finition égale.
Mais le rapport qualité-prix paraît justifié en termes de qualité perçue, irréprochable, d’image de marque, de haute technicité et surtout en terme d’économie et de consommation sur le long terme, sans aucun malus. L’absence de TVS en fera un choix très intéressant pour la clientèle professionnelle, d’ailleurs.
Et au sein d’un monde automobile qui est parti à la course au 100% électrique avant tout, Toyota et Lexus signent un grand coup avec ce NX 450h+, qui est donc, preuves à l’appui, l’engin le plus efficace de son segment, et sans doute le SUV idéal en cette époque où l’électrification est nécessaire, mais où l’actualité prouve qu’on est également loin d’en avoir fini avec la technologie thermique. Le meilleur des deux mondes.
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