Citroën sera la première marque à commercialiser une voiture compacte à moins de 25.000 euros. Plusieurs grandes marques cherchent la formule pour contenir les coûts sur ces modèles « made in Europe ».
Renault, Volkswagen mais aussi Tesla ou encore Opel. De plus en plus de constructeurs généralistes travaillent sur une voiture électrique à moins de 25.000 euros, l’équivalent en taille d’une Clio ou d’une Corsa, mais zéro émission. Le premier à se lancer est Citroën qui a dévoilé cette semaine sa nouvelle C3. La marque aux chevrons prend ainsi une longueur d’avance sur ce segment qui, tout en attirant les convoitises, représente aussi un défi industriel et technlogique.
« On réfléchit différemment »
Car jusqu’à présent les plus petits modèles électriques coûtaient facilement 10.000 euros de plus. La Peugeot e-208 ou la Renault Zoé dépassent les 35.000 euros en premier prix hors bonus. Seul Dacia réussit à proposer la Spring à 20.790 euros. Mais ce modèle est beaucoup plus petit et d’une autonomie moindre que celle qu’ambitionne d’offrir cette nouvelle génération de voitures électriques. La Spring est également assemblée en Chine, un critère qui pourait représenter un handicap dans les prochains mois, selon les règles du nouveau bonus. Tout l’enjeu est désormais de fabriquer en Europe un modèle abordable.
Et pour y parvenir, les groupes ont dû revoir la manière de concevoir les véhicules.
« On réfléchit différemment », nous résume Thierry Blanchard, chef de projet marque chez Citroën.
Cette nouvelle approche rappelle celle qui guide certaines marques chinoises, où l’argent investi vise plutôt à équiper le véhicule d’un écran très performant que d’élégants plastiques moussés.
« Nous avons une diversité super simple, y compris pour le client, puisqu’il a seulement à choisir entre deux versions, il n’y a pas d’options et cela aide aussi du point de vue fabrication, à avoir une voiture avec peu de diversité industrielle », nous explique dans Good Morning Business Thierry Koskas, le directeur général de Citroën.
« Il faut que les constructeurs soient prêts à mettre moins de contenus dans une voiture par rapport à nos standards européens, à, l’image des 2CV ou des R5 des années 70 », commente Alexandre Marian, partner et managing director en charge de l’automobile chez AlixPartners.
« Au juste nécessaire »
Selon ce spécialiste, concevoir ce type de voitures, avec juste l’essentiel en termes d’équipements, nécessite bien plus de changer l’état d’esprit des ingénieurs plus que les habitudes des clients. « Les conducteurs ont avant tout besoin de mobilités, certains se moquent des options, c’est sur ce créneau que Dacia s’est positionné », poursuit Alexandre Marian. Les marques s’échignent à ne cependant pas proposer un produit low-cost. La C3 par exemple n’aura pas d’écran tactile au premier niveau de finition, mais elle offrira 320 kilomètres d’autonomie.
« Décontenter » un véhicule, comme on dit dans le jargon, demande surtout de dessiner dès l’origine une plateforme « au juste nécessaire ». « On travaille avec les équipes projet, nos fournisseurs pour chasser chaque euro et que chaque euro que nous mettons dans la voiture soit au bénéfice du client avec des technologies de batterie différentes, des choix de plateforme un peu différents », nous détaille Thierry Blanchard.
La plateforme de la C3 a dès le départ été conçue pour être électrique et doit être mutualisée entre plusieurs modèles du groupe Stellantis: une Opel, une Fiat, en plus de la petite française, expliquait en janvier L’Argus, afin de réaliser des économies d’échelles.
La batterie, un critère déterminant
Un gros travail des constructeurs tient aussi à la batterie, qui représente près d’un tiers du coût du véhicule. Citroën a choisi une batterie LFP (Lithium-Fer-Phosphate), une technologie différente de celle des C4 électriques pourtant construites sur la même plateforme. Un type de batterie plus facile à intégrer, avec des performances intéressantes, nous explique Citroën. C’est d’ailleurs ce type de batteries qu’utilise Tesla, et que selon le cabinet Inovev, le constructeur compte bien installer sur la future Model 2.
« C’est une batterie qui est faite en Chine, poursuit Thierry Blanchard. Elle offre un bon niveau de charge, à des coûts vraiment inférieurs, qui nous permet d’avoir une voiture à moins de 25.000 euros ».
Fabriquer sa batterie en Chine reste aujourd’hui un atout. « Les prix de toutes les matières premières pour la voiture électrique se sont envolés depuis le début de la guerre en Ukraine, nous explique Alexandre Marian. Le lithium pose de véritables enjeux de sécurisation des approvisionnements, or les Chinois ont signé des contrats de long terme sur ces matériaux, ils ont donc des prix très compétitifs. En Europe en revanche, on installe encore les gigafactories, il faut encore attendre les retours sur investissement ».
La question des matériaux est aussi cruciale dans le moteur électrique, qui contient des terres rares. Selon le cabinet Inovev, pour réduire les coûts de la Model 2, Tesla compte lui offrir un moteur « dénué de terres rares ». Et l’architecture du véhicule est ici aussi revue. « La quantité de câbles sera revue à la baisse grâce au passage de 12 à 48 V pour la batterie destinée aux accessoires », précise aussi Inovev.
Une fabrication plus simple
Dans les usines, la simplicité de la conception a aussi des conséquences.
« Nous avons un procédé de fabrication super simple, affirme Thierry Koskas. Nous mettons 25% moins de temps pour la fabriquer que la C3 actuelle ». De quoi produire plus de véhicules avec moins d’énergie.
Citroën C3, Volkswagen ID.2, Opel (avec la prochaine Corsa électrique), Tesla Model 2 ou encore Renault, R4 ou R5. La concurrence se construit petit à petit. La C3 sera commercialisée au second trimestre 2024, avec une ouverture des précommandes dès cette semaine, avant la R5 qui doit arriver dans la seconde partie de l’année. Citroën espère donc bien empocher une prime au premier arrivant sur ce marché mais ne compte pas en rester là. La marque aux chevrons a déjà annoncé l’arrivée, en 2025, d’une version encore moins cher de la C3, avec seulement 200 kilomètres d’autonomie, mais à moins de 20.000 euros.
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