Grâce aux données transmises par les mouchards présents depuis 2021 dans les voitures, un rapport de la commission européenne a pu mesurer la différence entre consommations annoncée et réelle, selon la motorisation.
On pouvait s’en douter mais les chiffres sont édifiants. Selon un rapport de la Commission européenne, les voitures hybrides rechargeables consomment entre trois et quatre fois plus que ce que les constructeurs annoncent à leurs acheteurs. Pour établir ce constat les auteurs de cette étude comparative se sont appuyés sur les données transmises par des mouchards placés dans les véhicules depuis 2021.
Personne ne sera surpris de découvrir que la consommation établie selon les normes mondiales WTLP et fournie par le constructeur sur la base de tests en laboratoire, diffère quelque peu de la réalité pour les voitures thermiques. Cette différence se limite néanmoins à 1 litre aux 100 kilomètres pour les voitures équipées d’un moteur diesel (6,88 contre 5,82).
De 1,7 litre annoncé à 6 litres aux 100 kilomètres constatés
La différence grimpe un peu pour les modèles essence: 1,5 litre de plus, soit 24% de différence. Mais c’est sans commune mesure avec le fossé entre consommations annoncée et effective pour les hydrides rechargeables. La moyenne, tous constructeurs confondus, en norme WTLP, est inférieure à 1,7 litre alors que selon les données recueillies par les mouchards, elle tangente les 6 litres aux 100 kilomètres.
Dit autrement, les automobilistes qui roulent dans une voiture hybride rechargeable consomment en moyenne 3,5 fois plus de carburant que le niveau mis en avant par les concessionnaires lors de leur achat. Et encore, il s’agit d’une moyenne. Pour ceux qui ont opté pour les gros SUV vendus par Mercedes, BMW, Audi ou Toyota, ce sera quatre fois plus, voire davantage.
On comprend que cette différence soit plus grande, puisque ces marques ont prioritairement fait passer à l’hybride rechargeable leurs SUV et leurs grosses berlines, qui pesaient déjà pèsent très lourd et dans lesquelles a été intégrée une batterie pouvant peser plusieurs centaines de kilos.
Des écarts liés au mode de conduite, aux types de trajets et aux fréquences des recharges
Ces différences énormes peuvent laissent à penser que les constructeurs trichent. La réalité est plus complexe. Car si dans la « vraie vie », les voitures hybrides consomment trois à quatre fois plus qu’annoncé par leurs constructeurs, c’est pour trois raisons principales. D’abord, le mode de conduite de leurs utilisateurs. Ils ignorent souvent les recommandations des spécialistes qui préconisent des démarrages en douceur et le maintien, autant que possible, d’une vitesse stable.
Ensuite, l’usage effectif de leur voiture, avec une part de trajet de longue distance (en mode thermique) plus importante que ne l’anticipe la norme pour le calcul de la consommation en laboratoire. Enfin l’astreinte que constitue la recharge régulière d’une batterie permettant parcourir moins d’une centaine de kilomètres en mode électrique. Les hybrides rechargeables ne sont pas branchés sur les prises requises aussi souvent que nécessaire.
Le kilométrage parcouru en mode électrique se révèle ainsi bien plus faible que ce que permet en théorie la voiture. Il se peut néanmoins que ces données de consommation évoluent dans le temps. Bon nombre des premiers modèles hybrides rechargeables ont été achetés par des entreprises pour des raisons fiscales. Et il est probable que leurs utilisateurs soient moins sensibles aux conditions d’usage optimale de ces voitures.
Un triple avantage pour les constructeurs automobiles
On ne peut néanmoins pas exonérer les constructeurs de toute responsabilité. Ils sont aussi les gagnants de l’affaire. Puisqu’avec cette mise en avant de consommation minimale, ils séduisent plus facilement des acheteurs pour qui la question de la sobriété n’est pas secondaire. Il y a aussi le sujet de l’énorme malus qui pèse sur les SUV thermiques. Même si, en la matière, les règles vont changer en France l’année prochaine puisque les modèles hybrides rechargeables seront concernés par le malus au poids.
Enfin, le point le plus important, la baisse moyenne des émissions de CO2 par voiture vendue à laquelle sont astreints les constructeurs. Le calcul se fait en fonction de la consommation WTLP. Et l’enjeu est colossal: les amendes à payer à l’UE en cas de non-respect se comptent en centaines de millions d’euros et peuvent rapidement dépasser le milliard.
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