Des scientifiques suisses et grenoblois ont constaté que les Alpes européennes pourraient perdre 34% de leur volume de glace d’ici 2050, même si le réchauffement climatique s’arrêtait en 2022. Ce chiffre augmente à 46% voire à 65% si rien n’est fait.
Un constat plus qu’alarmant. Selon des scientifiques de l’Université de Lausanne (UNIL) en collaboration avec l’université Grenoble-Alpes, les Alpes européennes pourraient perdre 34% du volume de leur glace d’ici 2050.
Et ce, dans un scénario où les activités humaines responsables du changement climatique s’arrêteraient en 2022, c’est-à-dire, comme l’écrivent les scientifiques dans leur étude « quoi qu’il arrive ». Les glaciers continueraient de subir des pertes à cause du phénomène d’inertie dans le système climatique.
« Même les fronts glaciaires les plus importants reculeront de plusieurs kilomètres », constate l’étude parue en décembre 2023 et publiée dans la revue scientifique Geophysical Research Letters.
Ce scénario optimiste, établi grâce aux algorithmes d’intelligence artificielle, reste donc loin de la réalité. Le changement climatique ne s’est pas arrêté en 2022. Au contraire: l’année 2023 est l’année la plus chaude que la Terre ait connue depuis qu’il existe des relevés.
« Les données utilisées pour construire les scénarios s’arrêtent à 2022, une année qui a été suivie par un été exceptionnellement chaud. Il est donc probable que la situation soit encore pire que celle que nous présentons », souligne Samuel Cook, chercheur à l’UNIL et premier auteur de l’étude, dans un communiqué scientifique.
Un chiffre atteignant 46% dans un scénario plus réaliste
Les chercheurs ont ainsi poussé plus loin la modélisation. En suivant, cette fois, jusqu’en 2050 la même tendance que les données de fonte de glaces relevées de 2000 à 2022. Dans ce cas, ils ont constaté que les glaciers des Alpes en Europe pourraient perdre 46% de leur volume.
« Ce chiffre est supérieur d’un tiers à notre premier scénario, ce qui souligne l’importance pour la cryosphère (ensemble des masses de glace, de neige et de sols gelés sur Terre, NDLR) de chaque dixième de degré de réchauffement », relève l’étude.
Pire encore: en extrapolant les données des glaciers depuis 2010, ce chiffre atteindrait 65% d’ici 2050. L’étude précise de plus qu’elle ne tient pas compte « de la récente (2022-2023) perte de masse extrême dans les Alpes ».
« Nous insistons donc à nouveau sur le fait que les chiffres relatifs à la perte de glace dans cette étude sont des limites inférieures absolues, et non des projections liées au climat », est-il ajouté.
Une volonté de « favoriser l’action »
En choisissant de se projeter dans 26 ans, au lieu de la fin du siècle comme le font beaucoup de modèles, les scientifiques ont pour objectif de créer un sursaut, « de favoriser l’action ».
L’Université de Lausanne invite à se demander « quel âge auront nos enfants » en 2050 ou s’il y aura « encore de la neige en 2038, date possible de l’organisation des Jeux olympiques en Suisse ».
Dans le communiqué scientifique, il est également rappelé que la fonte des glaces a « des conséquences marquées tant pour la population que pour les infrastructures, ou encore les réserves d’eau ».
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