Avec une température moyenne de 16,38°C à la surface du globe, le mois de septembre 2023 est une "anomalie sans précédent", avec +0,9°C par rapport à la moyenne d'un mois de septembre entre 1991 et 2020.

Le mois de septembre a été le plus chaud jamais enregistré, dépassant de 0,5°C le précédent record. L’été 2023 illustre l’emballement du climat face aux conséquences des activités humaines sur la planète.

Une nouvelle alerte sur le front du climat. L’observatoire européen Copernicus a révélé ce jeudi que « septembre 2023 a été le mois de septembre le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial » battant le précédent record avec une marge « extraordinaire ».

« C’est un choc car ce saut nous pousse sur la fourchette haute des prévisions du Giec« , confie à BFMTV.com Davide Faranda, climatologue au Laboratoire de Science du Climat et de l’Environnement (LSCE) du CNRS.

« Tant que l’on continuera d’émettre des gaz à effet de serre, on va battre des records », réagit François Gemenne. « À ce titre, ce mois de septembre est normal – ce qui ne veut pas dire inquiétant – car il faut comprendre que ce n’est pas un événement exceptionnel mais bien la nouvelle norme ».

Avec une température moyenne de 16,38°C à la surface du globe, le mois de septembre 2023 est une "anomalie sans précédent", avec +0,9°C par rapport à la moyenne d'un mois de septembre entre 1991 et 2020.
Avec une température moyenne de 16,38°C à la surface du globe, le mois de septembre 2023 est une « anomalie sans précédent », avec +0,9°C par rapport à la moyenne d’un mois de septembre entre 1991 et 2020. © Observatoire Copernicus

De nouveaux records chaque année

Ce mois de septembre inédit intervient après les mois de juin, juillet et août les plus chauds jamais enregistrés sur Terre et prolonge ainsi le palmarès d’un été bouillant. « Il est très vraisemblable que 2023 soit l’année la plus chaude au niveau mondial », affirme François Gemenne.

« Mais c’est sûrement un record qui tiendra jusqu’en 2024 ou peut-être l’année d’après », complète-t-il, expliquant que nous sommes désormais « globalement dans une logique de nouveaux records chaque année ».

Davide Faranda explique, en effet, que cette période inédite est « un aperçu de ce qui sera systématique les prochaines années ». « C’est un avant-goût de ce qu’il va nous arriver », détaille-t-il.

Le facteur aggravant El Niño

Les climatologues le martèlent: le changement climatique provoqué par les activités humaines est la première cause de cette situation de hausse des températures. « Mais il y a aussi le rôle de la variabilité naturelle qui joue contre nous », complète Davide Faranda.

Des bateaux pris au piège de la sécheresse touchant l'Amazone, au Brésil.
Des bateaux pris au piège de la sécheresse touchant l’Amazone, au Brésil. © MICHAEL DANTAS / AFP

En effet, cette année, la tendance est amplifiée par El Niño, phénomène météorologique cyclique au-dessus de l’océan Pacifique, naturel synonyme de réchauffement planétaire, et d’autres oscillations naturelles réchauffant les océans.

« Mais on est qu’au tout début du phénomène El Niño », précise François Gemenne, puisqu’il culmine en général autour de la période de Noël.

La barre des +1,5°C bientôt atteinte?

Septembre 2023 est « 1,75°C plus chaud que la moyenne d’un mois de septembre sur la période 1850-1900 », avant l’effet sur le climat des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, ce qu’on appelle généralement « l’ère pré-industrielle ». De janvier à septembre 2023, la température mondiale a été supérieure de 1,4°C par rapport à ces niveaux.

L’objectif fixé par l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C est-il ainsi déjà dépassé? « Cette limite est une moyenne sur du long terme donc on peut la dépasser parfois puis repasser en dessous ensuite », tempère François Gemenne. « Toutefois, on s’en rapproche et on pourrait l’atteindre en 2030-2035 », ajoute-t-il.

« On vit actuellement ce changement climatique qui était marqué comme une limite, surtout en Europe de l’Ouest où ça se réchauffe plus vite », met en garde Davide Faranda.

Un champs de maïs frappé par la sécheresse, près de Lyon, le 3 octobre 2023.
Un champs de maïs frappé par la sécheresse, près de Lyon, le 3 octobre 2023. © OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

« La plus forte anomalie mensuelle » jamais mesurée

Cette chaleur tardive qui a frappé en septembre, et qui perdure en ce mois d’octobre, est particulière par l’écart avec lequel elle bat les précédents records. « C’est une anomalie assez intense », commente Davide Faranda.

« Cela dépasse l’entendement: non seulement septembre a été le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial, mais l’écart est de quasiment un degré au-dessus de la moyenne (sur la période 1991-2020) et d’un demi-degré au-dessus du précédent record de 2020. Nous sommes entrés dans un nouveau monde », alerte auprès de l’AFP le directeur du service sur le changement climatique de l’observatoire européen Copernicus, Carlo Buontempo.

Alors que les variations des températures mondiales se mesurent en général en quelques dixièmes de degrés, septembre 2023 est 0,9°C au-dessus de la moyenne de septembre sur la période 1991-2020, soit « la plus forte anomalie mensuelle » jamais mesurée par Copernicus, dont la base de données complète remonte à 1940.

Le Marco Simone Golf and Country Club à Rome, le 27 septembre 2023, touché par la chaleur et la sécheresse avant la 44e Ryder Cup.
Le Marco Simone Golf and Country Club à Rome, le 27 septembre 2023, touché par la chaleur et la sécheresse avant la 44e Ryder Cup. © Paul ELLIS / AFP

« Les différences de températures par rapport à la moyenne sont souvent plus importantes en septembre et octobre », explique François Gemenne. La situation actuelle illustre les prévisions des climatologues selon laquelle les chaleurs tardives deviennent de plus en plus fréquentes, avec des étés empiétant sur les autres saisons.

Phénomènes météorologiques extrêmes

Au-delà des températures exceptionnelles de ce mois de septembre, mais également des mois précédents, on observe aussi une multiplication des événements climatiques extrêmes autour du globe « qui ont des effets et des dommages irréversibles sur les écosystèmes ».

« On ne peut pas juste se dire qu’il s’agit juste d’une année exceptionnelle », abonde Davide Faranda.

Cette année, le Canada a affronté des mégafeux d’ampleur inédite avec des forêts qui mettront plusieurs décennies à se régénérer et des libérations de CO2 gigantesques. L’Amazonie est actuellement frappée par une sécheresse extrême, qui affecte plus de 500.000 habitants.

La banquise arctique est 18% en dessous de la moyenne tandis que la température moyenne des mers a atteint 20,92°C en septembre, nouveau record mensuel et deuxième mesure la plus élevée derrière août 2023.

Tout cela constitue des facteurs aggravant pour les prochains mois et les prochaines années, alors que les vagues de chaleur vont se multiplier et s’intensifier à l’aune du dérèglement climatique.

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