LES ANIMAUX ET LA VILLE (4/4) – BFMTV.com s’intéresse cet été à ces animaux qui, malgré le béton, la pollution et la flore plus rare qu’ailleurs, arrivent à vivre avec nous en ville. Le dernier épisode de cette série se préoccupe du bien-être de nos animaux de compagnie en appartement.
Un berger allemand en plein Paris, un chat derrière la fenêtre d’un immeuble… Même en ville, dans des appartements, sans jardin, on retrouve des chats et des chiens. Pour certains, avoir un animal de compagnie dans un espace restreint est une aberration, car ces animaux auraient besoin d’un territoire plus vaste pour être heureux. Mais d’après différents spécialistes interrogés par BFMTV.com, cet a priori est faux.
« Il y a des chiens plus heureux en studio que dans un jardin », assure Jasmine Chevallier, vétérinaire comportementaliste.
« L’idée qu’un chien est forcément heureux s’il a un grand terrain n’est pas vraie », abonde Sylvia Masson, docteure vétérinaire, spécialiste en médecine du comportement des animaux de compagnie. « Il n’y a pas de règle, si l’animal est bien dans sa tête qu’il n’a pas de maladies, il peut tout à fait vivre en ville. »
« Certains adorent avoir un accès dehors, d’autres sont terrorisés »
Elle explique qu’une partie de l’adaptation d’un chien ou d’un chat à un environnement vient de ses premiers mois de vie, car « jusqu’à trois mois ils vont tout enregistrer, les bruits, les objets »… « Et identifier ce qui est dangereux ou pas » pour eux. En ce sens, « si vous prenez un animal dans un élevage isolé à la campagne, sans bruit, son cerveau va être formé à cela, et il ne sera pas facile pour lui de s’adapter à une vie citadine « .
« Un chaton né dans une grange, une ferme, trouvé dans les champs d’une mère chasseuse, sera moins facile à acclimater en appartement » abonde Anne-Claire Gagnon, vétérinaire, « même si c’est possible ».
Du côté des chats, certaines races de chats ne demandent pas forcément de grands espaces, « le Skogkatt, le Maine Coon, le Ragdoll, le Persan, le Bleu russe sont particulièrement calmes », déclare la vétérinaire. « L’idée reçue qu’un grand chien ne peut vivre en ville est également erronée », explique Sylvia Masson. Les Saint-Bernard sont plus lymphatiques que d’autres chiens comme les Jack Russel, connus comme étant bien plus énergiques.
Toutefois, là encore, il n’y a pas réellement de règle car même si on peut retrouver des traits communs, la « race n’est pas prédictive du caractère », rappelle Jasmine Chevallier: chaque individu possède une certaine vulnérabilité, une certaine capacité d’adaptation à un nouvel environnement. Deux chats d’une même portée placés dans un appartement similaire pourraient ainsi réagir très différemment.
« Certains chats adorent avoir une chatière et un accès dehors, sans se limiter au jardin, et d’autres sont terrorisés par les autres chats, les chiens », note Anne-Claire Gagnon.
« Un jardin ne vaut jamais le bonheur d’aller se promener en compagnie de son maître »
Chez le chien, plus que des dizaines de mètres carrés de terrain, c’est le contact avec l’homme qui rythme ses journées. « Un jardin ne vaut jamais le bonheur d’aller se promener en compagnie de son maître. Certains chiens tournent en rond, creusent des trous dans les jardins, par ennui », dit la vétérinaire.
« Certains chiens restent sur des terrains d’où ils ne sortent jamais, or le chien a besoin de nouvelles expériences olfactives, d’expériences sociales, il s’active au contact de ses maîtres pour le jeu et les relations sociales », déclare également Sylvia Masson qui rappelle l’importance des interactions et sorties pour cet animal.
Côté chats, pour Anne-Claire Gagnon il faut tout de même au moins 18 à 20 m2, et « de toute évidence, dans un studio une personne ne peut partager son espace vital qu’avec un seul chat ».
Pour cet animal, il est important d’avoir un espace en trois dimensions dans lequel il peut sauter en hauteur, se percher, et circuler librement mais aussi « des contacts amicaux avec nous, quand il en a envie, de même que des jeux et des jouets », souligne Anne-Claire Gagnon.
Comment identifier la souffrance de son animal?
Dans certains cas, l’animal peut montrer des signes de mal-être. « Ceux qui n’y arrivent pas peuvent devenir anxieux, malades », déclare Sylvia Masson.
Chez ces animaux, la souffrance peut se manifester « par de la malpropreté, de l’isolation, de l’agressivité ou encore des comportements » d’automutilation, comme le fait de se lécher le ventre jusqu’à s’arracher les poils, explique Jasmine Chevallier. Ils peuvent également avoir « du mal à se canaliser, être agités ».
Les vétérinaires interrogées conseillent, si votre animal présente un de ces signaux ou agit de façon inhabituelle, de consulter un vétérinaire, voire un spécialiste du comportement. « Il faut chercher les causes et les solutions, pour l’animal mais aussi pour le propriétaire », appuie Sylvia Masson.
Si un chat présente des signes d’anxiété dans un appartement, cela ne veut en effet pas forcément dire que le domicile est la source du problème: cela peut être le signe d’un autre mal-être, d’une maladie ou même d’un trouble mental, précise la vétérinaire, auquel cas il faudra consulter un spécialiste.
Dans tous les cas, pour Sylvia Masson, « s’il y a une belle relation entre l’animal et le maître, habiter en ville ou à la campagne importe peu au fond ».
En appartement comme au grand air, les vétérinaires insistent: il est important de comprendre la responsabilité que représente l’acquisition d’un animal et être sûr d’avoir du temps pour s’en occuper.
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