Les résultats d’une large étude « suggèrent une association entre les apports alimentaires d’additifs émulsifiants et un risque accru de maladies cardiovasculaires », indique l’Inserm ce jeudi.
E460, E461, E462…. Ces additifs, parfois appelés stabilisants, dont la présence est indiquée sur les étiquettes des aliments présents dans les grandes surfaces et les supermarchés, sont régulièrement pointés du doigt pour leur dangerosité. Une étude menée par des chercheurs Français, publiée ce jeudi dans le British Medical Journal, suggère un lien entre leur consommation et le risque de maladies cardiovasculaire, rapporte l’Inserm.
Leurs conclusions sont fondées sur l’analyse des données de 95.442 adultes français « sans antécédents de maladie cardiovasculaire qui ont participé volontairement à l’étude de cohorte NutriNet-Santé entre 2009 et 2021 », explique l’Institut national de la santé et de la recherche médicale dans un communiqué.
Une étude sur plusieurs années
Pendant les 24 premiers mois, les participants ont rempli en ligne des enregistrements alimentaires: chaque aliment ou boisson consommé a ensuite été croisé avec des bases de données afin d’identifier la présence et la dose des additifs alimentaires, dont les émulsifiants.
Chaque participant « a été invité » a signaler tout événement cardiovasculaire majeur, « qui ont été validés par un comité d’experts après examen de leurs dossiers médicaux », explique l’Inserm.
Après avoir pris en compte les facteurs de risque pour les maladies cardiaques (poids, IMC, âge, sexe, etc), les scientifiques « ont constaté que des apports plus élevés en celluloses totales (additifs correspondants aux codes E460 à E468, NDLR) étaient associés à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires ».
Bonbons, glaces, gâteaux…
« En particulier » pour les apports en E460 (cellulose microcristalline, cellulose en poudre) et E466 (carboxyméthylcellulose), prévient l’Inserm. Sont également pointés du doigt les additifs E472b, E471, E472, E472c et E339.
« Parmi ces émulsifiants, l’ester lactique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472b) était associé à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires et de maladies cérébrovasculaires », écrit l’Inserm.
L’E472b se retrouve dans de « très nombreuses catégories d’aliments », dont certains aliments infantiles, peut-on lire sur le site de l’UFC-Que Choisir. Cet émulsifiant est par exemple présent dans la liste des ingrédients de la crème chantilly Bridélice et dans celle des gâteaux Napolitain de Lu.
Certains additifs cités ci-dessus sont également présents dans la composition des Pépito ou encore de certaines glaces Côte d’Or, selon les listes d’ingrédients consultables sur les sites de Monoprix.
« Mieux protéger les consommateurs »
Dans son communiqué de presse, l’Inserm reconnaît que l’étude publiée ce jeudi est « une unique étude observationnelle, qui ne peut donc pas établir de causalité à elle seule ».
Par ailleurs, les scientifiques « reconnaissent certaines limites à cette étude », poursuit l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, comme la proportion élevée de femmes (79%) dans l’échantillon.
« Si ces résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs », plaident Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à INRAE, principaux auteurs de l’étude.
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