le point sur la situation, 5 mois après le début de l'invasion russe?

Les combats continuent de se concentrer dans l’Est du pays, alors que Moscou veut prendre le contrôle du Donbass. Malgré les attaques russes, Kiev résiste, avec l’aide des livraisons militaires occidentales.

Le conflit s’enlise, cinq mois après le début de l’offensive russe en Ukraine. Bénéficiant toujours d’un soutien militaire important de la part des Occidentaux, Kiev résiste aux attaques russes, concentrées en majorité dans l’est du pays. Du côté de Moscou, l’objectif premier est de mettre la main sur la région du Donbass, même si le centre de pays n’est pas non plus épargné.

Les forces russes concentrées sur l’Est de l’Ukraine

Les forces russes poursuivent leur offensive dans l’Est de l’Ukraine. Les combats se concentrent autour de Kharkiv, deuxième ville du pays, et de Mikolaïv, visées par de nombreuses frappes. Au sud-est du pays, se joue également une bataille pour le contrôle de la mer Noire.

Après avoir conquis Severodonetsk et Lyssytchansk et pris le contrôle de l’oblast de Lougansk, la Russie veut s’emparer de l’oblast de Donetsk avec pour objectif de mettre la main sur la région du Donbass. Malgré les nombreuses frappes, les forces ukrainiennes parviennent jusqu’à présent à « repousser les tentatives d’assaut sur la centrale électrique de Vuhlehirsk » dans la région, selon le ministère britannique de la Défense.

Les forces du Kremlin « ne devraient pas être capables de gagner du terrain de façon significative dans les semaines qui viennent », estime l’Institut américain de l’étude de la guerre (ISW), pour qui « le tempo opérationnel russe actuel n’est pas très différent du rythme des opérations pendant la pause opérationnelle officielle » entre les 7 et 16 juillet.

Si le front n’a pas beaucoup évolué ces dernières semaines, la guerre d’attrition que se mènent les deux belligérants fait des ravages.

Au moins 5000 morts civils

Le nombre de victimes dans ce conflit reste inconnu, aucun bilan officiel n’ayant été établi. D’après l’ONU, on compte au moins 5000 morts civils, dont plus de 300 enfants, mais le nombre est sans doute bien plus élevé en réalité. Kiev parle d’au moins 20.000 morts rien que pour la ville de Marioupol, particulièrement touchée par les tirs russes.

Du côté des pertes militaires, les agences de renseignement américaine et britannique estiment que 15.000 soldats russes ont été tués au combat en Ukraine. Le chiffre grimpe à 50.000 hommes, en comptant les blessés, d’après les calculs du chef d’état-major des armées britannique, l’amiral Tony Radakin. L’Ukraine parle de son côté de 10.000 soldats ukrainiens tués.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a de son côté accusé vendredi l’armée russe de perpétrer tortures, détentions illégales et enlèvements de civils dans la partie méridionale de l’Ukraine sous son contrôle.

Plus de 5,5 millions d’Ukrainiens se sont par ailleurs réfugiés à l’étranger depuis le début du conflit, auxquels s’ajoutent 6 millions de déplacés à l’intérieur même de l’Ukraine.

Un conflit qui s’enlise

Partie à l’assaut de l’Ukraine le 24 février, la Russie était parvenue rapidement aux portes de Kiev, sans parvenir à prendre la capitale. À partir de fin mars, elle a dit vouloir se concentrer sur le bassin du Donbass, une région minière de l’est en partie contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014.

Alors que les forces russes pensaient parvenir à prendre le contrôle de son voisin en quelques semaines, cinq mois plus tard, le conflit semble encore loin d’être terminé. L’Ukraine bénéficie d’un soutien militaire important de la part des Occidentaux, Washington ayant notamment voté une nouvelle enveloppe de 270 millions de dollars vendredi.

Si le front se concentre pour l’essentiel dans l’est du pays, quotidiennement touché par des frappes, certaines villes davantage éloignées du front, comme Kramatorsk, le grand centre administratif de la région de Donetsk, vivent sous la menace de frappes meurtrières.

Kiev toujours offensif, Moscou vise au-delà du Donbass

Malgré les pertes et les difficultés, Kiev maintient un discours offensif à l’égard des forces russes et continue de réclamer plus de soutien de la part des Occidentaux.

« Les Russes veulent du sang, pas des négociations. J’appelle tous les partenaires à renforcer les sanctions contre la Russie et à accélérer les livraisons d’armes à l’Ukraine », a appelé le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.

La Russie refuse de son côté de baisser les bras face aux difficultés rencontrées sur le terrain. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a quant à lui affirmé mercredi que les objectifs de Moscou ne se limitaient plus uniquement au Donbass, à l’est de l’Ukraine, mais concernaient également d' »autres territoires » et pourraient encore s’étendre.

Alors qu’un récent accord a été signé entre Moscou et Kiev avec l’ONU et la Turquie pour débloquer les exportations de céréales face aux risques de famines dans le monde, la confiance n’est pas de mise entre les deux belligérants. Le président Volodymyr Zelensky a appelé l’ONU à garantir le respect de l’accord, s’attendant à « des provocations, à des tentatives de discréditer les efforts ukrainiens et internationaux » côté russe.

Moins de 24 heures après la signature du dit contrat, des missiles russes ont frappé le port stratégique d’Odessa, crucial pour l’exportation des céréales, suscitant l’exaspération de la communauté internationale.

Juliette Desmonceaux avec AFP

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