le militant anti-chasse à la baleine devant un juge pour statuer sur sa détention

Arrêté le 21 juillet dernier par la police du Groenland, le fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson va être présenté à un juge ce jeudi 15 août à midi heure française. Ce dernier doit statuer sur son maintien en détention, ou non.

Arrêté le 21 juillet et emprisonné depuis, le militant écologiste américano-canadien Paul Watson, fondateur de l’ONG de défense des océans Sea Shepherd, dont le Japon demande l’extradition, doit être présenté ce jeudi 15 août à un juge qui va statuer sur son maintien en détention.

« Le tribunal de district doit décider s’il y a des raisons de prolonger la période de détention jusqu’à quatre semaines supplémentaires », a écrit le parquet dans un communiqué.

La question de l’extradition pas évoquée

« L’audience du 15 août 2024 ne portera donc pas sur la question de l’extradition ou non », a-t-il précisé. La décision sur l’extradition, qui incombe en dernier ressort au ministère danois de la justice, doit être prise indépendamment de cette audience.

Il en sera toutefois question lors de l’audience, ont expliqué ses avocats. « On peut commencer en disant qu’une personne devrait être détenue pendant la procédure d’extradition, car, sinon, elle risquerait de quitter le pays », a expliqué lors d’une conférence de presse Jonas Christoffersen.

Mais lors de l’audience, il entend notamment s’attaquer à la proportionnalité de la détention face au délit dont Paul Watson est suspecté, considéré comme mineur par ses conseils.

« Nous allons arguer que les trois semaines écoulées sont plus que suffisantes et que (la détention, NDLR) n’a pas à être prolongée davantage », a-t-il ajouté.

Paul Watson, qui vit en France depuis un an, a été appréhendé sur son navire qui venait d’accoster à Nuuk, au Groenland, pour se ravitailler en carburant en vue « d’intercepter » le nouveau navire-usine baleinier du Japon dans le Pacifique Nord.

L’arrestation s’est faite sur la base d’une notice rouge d’Interpol émise en 2012, lorsque le Japon l’a accusé d’être responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt, dans l’océan Antarctique.

« Il n’en ressortira pas vivant »

« La raison pour laquelle il s’est arrêté au Groenland, c’est parce que la notice rouge d’Interpol n’était plus sur le site depuis l’année dernière », a estimé auprès de l’AFP l’un de ses principaux soutiens, la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali.

« Or, il y a un mandat d’arrêt qui n’était pas public et qui a été émis par le Japon à l’intention du Danemark en mars dernier », a-t-elle ajouté. « Tout ça, ça a été orchestré. Il y a quand même 14 policiers fédéraux et un procureur de la République danois qui ont été mis dans un avion direct en direction du Groenland pour procéder à l’arrestation de Paul ».

Au Japon, le militant de 73 ans encourt une peine d’emprisonnement de plus de quinze ans et une amende pouvant atteindre les 500.000 yens, soit plus de 3.000 euros. Le pays a formellement demandé son extradition aux autorités danoises fin juillet. Mais pour les soutiens de Paul Watson, cette extradition serait fatale.

« On veut éviter absolument cette extradition au Japon, parce qu’on sait que s’il est extradé au Japon, il n’en ressortira pas vivant », a assuré Lamya Essemlali.

« Au Japon, il existe une présomption de culpabilité et les procureurs sont fiers d’annoncer qu’ils ont un taux de condamnation de 99,6% », a déploré l’un des conseils du militant, François Zimeray, dénonçant un « harponnage politique ».

Paul Watson soutenu par de nombreuses personnes

L’arrestation et la détention du militant écologiste ont donné lieu à une vaste mobilisation et la présidence française a demandé aux autorités danoises de ne pas l’extrader.

Au Danemark, plus d’une centaine de personnes étaient réunies lundi pour demander sa libération. Une pétition a aussi été adressée à la cheffe du gouvernement danois, Mette Frederiksen, qui n’a pour l’instant pas commenté publiquement l’affaire.

Deux autres pétitions ont été lancées pour demander sa libération. Elles ont récolté de nombreuses signatures à ce jour: 719.359 signatures pour l’une et 125 664 signatures pour l’autre.

La France ne « doit pas rester seule » dans la défense du militant, a insisté la présidente de Sea Shepherd France. « C’est important que d’autres pays (la) rejoignent ». Le Japon, la Norvège et l’Islande sont les derniers pays à pratiquer encore la chasse commerciale à la baleine.

Pour la légende du cinéma français Brigitte Bardot, engagée pour la cause animale, « ce sont ces trois pays qui enfreignent la loi (…) pas Paul », a-t-elle dit dans une rare interview téléphone à la chaîne LCI.

Le président français Emmanuel Macron est d’ailleurs intervenu auprès des autorités danoises pour éviter cette extradition, a indiqué l’Élysée, le mardi 23 juillet dernier. « Le ministre (démissionnaire, NDLR) de la mer, Hervé Berville, travaille également sur le dossier. Il a contacté son homologue au Danemark », confiait Lamya Essemlali, présidente de l’association Sea Shepherd France à nos confrères de France 3. L’audience doit avoir lieu à 12h heure française ce jeudi 15 août.

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