La raie Charlotte, qui va avoir des petits sans jamais avoir fréquenté de mâle, intrigue les scientifiques

L’animal a passé les huit dernières années dans un aquarium américain, sans jamais avoir été mis en contact avec un mal de son espèce. Un cas inédit qui pourrait être dû à une auto-fécondation.

Immaculée Conception, épisode 2? Dans l’aquarium d’Hendersonville, dans l’État américain de la Caroline du Nord, le cas de Charlotte laisse pantois les soigneurs et scientifiques. Cette raie pastenague est en effet tombée enceinte alors qu’elle a passé les huit dernières années de sa vie célibataire dans son aquarium, sans jamais rencontrer d’autres mâles de son espèce.

Quel est donc le secret de cette raie? Les spéculations sur la source de cette grossesse se sont multipliées sur les réseaux sociaux, certains internautes imaginant même que Charlotte allait donner naissance à des hybrides, puisqu’elle partage son lieu de vie avec cinq petits requins.

Hybride avec un requin ou auto-fécondation?

Mais selon le biologiste Gilles Boeuf, ancien directeur du Muséum national d’Histoire naturelle, cette hypothèse est peu probable. « Elle a des traces de morsure », observe-t-il, précisant que « les mâles requins, quand ils font leur coït, ne sont pas très doux: ils mordent la femelle ».

Malgré tout, il affirme auprès de BFMTV ne pas voir « comment le sperme du requin aurait pu féconder un ovule de la raie ».

« La solution qui pour moi serait la plus envisageable, (ce serait qu’)elle s’est auto-fécondée toute seule », estime le spécialiste.

Parthénogenèse

Dans ces conditions, il semblerait donc que Charlotte soit capable de prolonger sa lignée par elle-même, grâce à un processus appelé parthénogenèse, dans lequel les mâles n’entrent jamais en jeu dans la reproduction.

« Un ovocyte, un ovule d’une femelle, peut se mettre à se développer pour donner un embryon et un bébé », détaille Gilles Boeuf. « Le sexe est né dans l’océan il y à peu près un million et demi d’années. (…) Pendant longtemps, le sexe n’existait pas dans la nature », rappelle-t-il, et les êtres vivants utilisaient une « reproduction asexuée où la femelle émettait des gamètes (ovules, NDLR) qui donnaient des filles, copies d’elles-mêmes ».

Charlotte aurait donc les capacités de se cloner. À noter que parfois, certaines femmes (vipères, requins…) peuvent aussi copuler une seule fois avec un mâle et garder les spermatozoïdes pendant très longtemps pour avoir un bébé bien plus tard.

Lisa Hadef avec Glenn Gillet

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