la police et l'organisation au cœur des critiques

Depuis samedi, les autorités sud-coréennes sont pointées du doigt pour le drame d’Halloween qui a fait au moins 154 morts. Les policiers auraient été trop peu nombreux et pas assez préparés pour faire face à un mouvement de foule.

Des larmes et de la colère. Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a inauguré ce lundi un mémorial pour les victimes de la bousculade d’Halloween à Séoul, dont le bilan s’élève désormais à au mois 154 morts, alors que les critiques commencent à fuser contre les autorités. Elles sont accusées de laxisme dans la gestion de la foule le soir du drame.

Environ 100.000 personnes, pour la plupart dans la vingtaine, déguisés pour la fête, ont convergé samedi vers Itaewon. Ce quartier « branché » de bars et de boîtes de nuit est composé d’un dédale d’étroites ruelles en pente raide le long d’une avenue principale. Des témoins ont décrit une absence totale de mesures visant à canaliser ou contrôler cette foule immense.

Plus de policiers…

Pourtant, un nombre plus important de policiers avait été mobilisé sur cet événement, par rapport aux années précédentes: 137 policiers avaient été déployés à Itaewon samedi, contre 37 à 90 policiers dans les années pré-Covid, de 2017 à 2019, souligne The Korea Times. C’était la première fois que cette fête reprenait depuis le début de la pandémie.

Toutefois, les autorités étaient surtout en charge de contrôler la consommation de drogues et d’autres actions illicites, moins de gérer la foule, rapporte le journal.

« On m’a dit que les policiers sur les lieux n’avaient pas détecté d’augmentation soudaine de la foule », a ainsi déclaré Hong Ki-hyun, chef du Bureau de gestion de l’ordre public de l’Agence nationale de la police, exprimant ses regrets quant à leur jugement. Il a également reconnu qu’il n’y avait pas eu de mesures liées au contrôle de la foule dans l’étroite ruelle où la catastrophe s’est produite.

… mais pas de mesures de contrôle

Sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs accusent ainsi la police d’avoir complètement omis de contrôler la foule, laissant un trop grand nombre de personnes se masser autour de la station de métro Itaewon et dans les ruelles où s’est produite la bousculade mortelle.

Il est également reproché aux autorités de ne pas avoir interdit les véhicules dans certaines parties des routes principales d’Itaewon et de ne pas avoir prévu d’espace de rassemblement sécurisé à l’avance, rapporte The Korean Times.

« Gérer les flux, la présence de beaucoup de personnes au même endroit, nécessite un contrôle d’accès » en amont, comme les bornes pour tickets à l’entrée des festivals, explique à BFMTV.com Julien Pettre, directeur de recherche à l’INRIA, expert en simulation des foules. « Sans cela les choses sont beaucoup plus difficiles » à appréhender, notamment car il « y a une méconnaissance sur le nombre de personnes qui va arriver ».

La police sud-coréenne est pourtant maîtresse dans le contrôle des foules, dans un pays où les nombreuses et fréquentes manifestations sont souvent encadrées par un nombre d’agents supérieur à celui des participants. Mais les organisateurs de manifestations politiques ou syndicales sont tenus de déclarer à l’avance leurs plans aux autorités, ce qui n’était en effet pas le cas pour les jeunes venus participer en grand nombre à la fête d’Halloween à Itaewon.

« Il était prévu qu’un grand nombre de personnes se rassemblent »

De toute façon, la bousculade « n’était pas un problème qui aurait pu être résolu en déployant des policiers ou des pompiers à l’avance », a affirmé le ministre de l’Intérieur Lee Sang-min lors d’un point de presse dimanche.

« Il était prévu qu’un grand nombre d’individus se rassemble ici. Mais nous ne nous attendions pas à ce qu’il y ait tant de victimes en raison du rassemblement de nombreuses personnes », a expliqué Hong Ki-hyun. Il souligne également que la foule d’Halloween de cette année était similaire en nombre à celle des années précédentes ou seulement légèrement plus grande. Les autorités essayent donc de comprendre ce qui a pu, cette fois, déclencher le mouvement de foule meurtrier.

« La plupart des foules se déroulent bien », explique Julien Pettre, mais « une multitude de facteurs peut déclencher un mouvement de foule ». Dans un milieu trop densément peuplé, la panique d’une personne peut ainsi avoir des effets désastreux, car « quand vous voyez des gens courir dans la même direction vous avez tendance à faire pareil ». C’est là que des incidents en cascade, potentiellement dramatiques, peuvent se produire.

« Une tragédie et un désastre qui n’auraient pas dû se produire »

Des témoins ont ainsi décrit des scènes de chaos et d’horreur dans la ruelle en pente d’à peine trois mètres de large, où des milliers de fêtards ont commencé à se pousser, à tomber les uns sur les autres, à suffoquer et à paniquer.

Déplorant « une tragédie et un désastre qui n’auraient pas dû se produire », le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a décrété un deuil national. De nombreux concerts et autres événements festifs ont été annulés, et les drapeaux ont été mis en berne dans tout le pays.

Le président a promis que son gouvernement enquêterait « rigoureusement » pour déterminer les causes de la catastrophe, une des plus graves de l’histoire récente de la Corée du Sud, et s’assurer qu’un tel drame « ne se reproduise plus ». La police a également promis de mettre en place des mesures de surveillance supplémentaires pour mieux déterminer à l’avenir les interventions nécessaires dans le cas de rassemblements de foules importantes.

Salomé Vincendon avec AFP Journaliste BFMTV

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