Accueillir plus de production de voitures, et notamment de voitures électriques, sur leur sol, c’est l’objectif des deux gouvernements.
Qui dit mieux? Un million de voitures en Italie, un million en France. Des deux côtés des Alpes, les gouvernements mettent la pression sur Stellantis pour que le constructeur relance à plein régime ses usines, symboles de la réindustrialisation. Avec des fortunes diverses.
Des années de délocalisations, notamment vers l’Espagne, l’Europe de l’Est et le Maghreb, ont fait chuter la production locale du quatrième constructeur mondial, né en 2021 de la fusion de Fiat-Chrysler et Peugeot-Citroën, dans ces deux berceaux nationaux. Le ralentissement du marché automobile avec la pandémie de Covid et la pénurie de pièces électroniques n’a rien arrangé.
« Il est clair que la France comme l’Italie veulent nous aider, décrivait le patron de Stellantis, Carlos Tavares, le 5 juillet. Mais l’état d’esprit passe de temps en temps d’un franc soutien à une pression assez forte ».
En visite à Rome ce lundi, Carlos Tavares s’est engagé à produire davantage d’automobiles dans les usines italiennes, visant à terme la fabrication « d’un million de véhicules » par an au pays de la Fiat 500.
« Localiser davantage de modèles dans les usines italiennes »
« Notre intention est clairement de localiser davantage de modèles dans les usines italiennes », en commençant par celle de Melfi dans le sud du pays, a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien à Rome avec le ministre italien des Entreprises Adolfo Urso. Carlos Tavares a ainsi annoncé son intention de « produire un cinquième modèle en plus des quatre déjà annoncés » pour ce site méridional, « sous réserve d’une amélioration des performances ».
Le constructeur franco-italo-américain et Rome ont « partagé la nécessité d’inverser immédiatement la tendance négative de la production » automobile « de ces vingt dernières années » en Italie, a assuré Adolfo Urso dans un communiqué. Le gouvernement ultra-conservateur dirigé par Giorgia Meloni a fait de la défense de l’industrie nationale son cheval de bataille.
Les deux parties ont mis en place un groupe de travail « pour parvenir à un accord de transition d’ici la fin du mois » dans le cadre d’une « nouvelle politique industrielle européenne qui devra protéger la production et l’emploi », a-t-il poursuivi. Stellantis a produit seulement 685.753 véhicules en Italie l’an dernier. Comme un symbole, les deux derniers modèles présentés par Fiat, le petit SUV 600e et la Topolino, une voiturette sans permis, vont être fabriqués respectivement en Pologne et au Maroc.
Douze modèles électriques en France
L’initiative d’Adolfo Urso fait écho à celle du ministre français de l’Economie Bruno Le Maire qui a demandé mercredi à Stellantis de faire preuve de « patriotisme » en rapatriant en France la production de petits véhicules électriques, comme la Peugeot 208.
Au salon de l’auto de Paris, en octobre 2022, Carlos Tavares avait promis au président français Emmanuel Macron qu’il allait continuer à investir dans ses usines françaises, et qu’il y produirait 12 modèles électriques, dont les Peugeot 308, 3008 et 408 électriques. Le gouvernement français affiche aussi la relocalisation de la production automobile comme une de ses priorités: Emmanuel Macron a promis que la France reviendrait à deux millions de véhicules produits en 2030, contre 1,3 million en 2022.
Si les usines françaises de Stellantis ont produit 678.400 voitures en 2022, soit autant qu’en Italie, Stellantis vise aussi à atteindre « plus d’un million de véhicules et composants », comme des plateformes, à horizon 2024 en France.
Pas de Peugeot 208 produite en France
Mais la petite 208 électrique, n°1 sur son segment en Europe avec près de 50.000 unités vendues en 2022, va bientôt être fabriquée dans l’usine de Saragosse, en Espagne. Le ministre de l’Economie voudrait qu’elle soit produite en France, à l’image de sa future concurrente, la Renault 5.
En France comme en Italie, Stellantis dialogue avec le gouvernement sous les regards des salariés, dont les effectifs ont fondu avec la fusion. Mais il n’est pas possible de construire une petite voiture rentable dans un pays à hauts coûts, répète inlassablement Carlos Tavares.
« Nous sommes à un moment critique où il faut protéger l’accessibilité des classes moyennes à la voiture et digérer une technologie (électrique) qui est 40% plus chère », a fait valoir le dirigeant.
Carlos Tavares évoque des différences de coûts de production bien favorables aux pays de l’Est de l’Europe, mais aussi la nouvelle concurrence des électriques chinoises et son objectif de maintenir une marge à deux chiffres, jamais vue dans les deux groupes avant leur fusion.
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