Alors que toute la France est en alerte sécheresse, neuf communes du Var ont pris des arrêtés limitant la consommation de l’eau en raison de l’état critique de leurs réserves.
Depuis une semaine, neuf communes du Var ont mis en place des restrictions d’eau pour leurs habitants, en raison de la forte sécheresse qui frappe leurs territoires et assèche leurs cours d’eau: ils sont limités à 200 litres par personne et par jour.
« Les usagers raccordés au réseau public d’eau potable seront limités à 200 litres/jour/personne pour les usages domestiques », explique par exemple l’arrêté municipal de Bagnols-en-Forêt, l’une des communes concernées. À Seillans, cette limite tombe même à 150 litres par jour sur certains quartiers.
« On se rince le plus rapidement possible »
Face à ces limitations, les habitants tentent de s’organiser pour mieux gérer leur consommation d’eau, comme Christine, boulangère à Seillans. « On fait attention aux douches, on se rince le plus rapidement possible. Ce matin, j’ai lavé mon magasin, j’ai tout nettoyé, et je n’ai pris de l’eau qu’une fois. Quand je dois laver des légumes, je fais attention aussi », explique-t-elle auprès de BFMTV.com.
« Même, au restaurant, j’utilise l’eau du lavage des salades pour arroser les plantes qui sont à l’extérieur », déclare également à BFMTV.com Catherine, restauratrice sur la commune de Fayence. « Chez moi, à la maison, c’est pareil, on essaie de faire attention à moins tirer la chasse et prendre des douches rapides. »
« Je regarde mon compteur, je fais un relevé le matin et je fais un relevé le soir et je vois combien j’ai consommé, et du coup je ne dépasse pas, je fais très attention », raconte également, sur RMC, Sandy, habitante de Seillans. D’autres disent ne pas avoir beaucoup de mal pour ne pas dépasser la limite, comme Bernard, qui explique qu’au « lieu de faire plusieurs machines à laver on va en faire peut-être qu’une seule, des choses comme ça. »
« C’est tout à fait inédit, de mémoire, je n’ai jamais connu ça », déclare à BFMTV Jean Florimond, retraité à Seillans. « Moi qui aimait prendre une bonne douche avec un peu de pression, c’est un peu fini. On essaie d’avoir la bonne idée pour moins consommer. »
« 150 litres par personne cela suffit »
« Je ne sens pas d’impact personnellement, je ne suis pas un grand utilisateur d’eau. Ici, dans la commune, on nous apprend à faire attention à l’utilisation d’eau depuis longtemps », explique un autre habitant de Seillans. « Dans ma famille, on est cinq en tout, et 150 litres par personne cela suffit. »
Plusieurs habitants contactés par BFMTV.com expliquent également que les restrictions ne les touchent pas car ils ont des maisons de village ou des appartements, et 150 litres d’eau par personne est une quantité suffisante pour leurs besoins journaliers. Et en effet, selon une estimation de 2020 de l’Observatoire des services publics d’eau, chaque Français utilise en moyenne 149 litres d’eau potable par jour.
Mais difficile de savoir quelle est sa consommation. Ainsi, à la mairie de Fayence, on explique que beaucoup d’habitants ont appelé pour essayer de comprendre les arrêtés en place, ne sachant pas ce qu’ils consomment comme eau au quotidien, et demandant s’ils avaient le droit de faire une lessive, ou d’arroser des plantes par exemple.
« Je ne vois pas ce que ça veut dire réduire à 200 litres parce que je ne sais même pas combien je consomme », déclare ainsi à France 3 un habitant de Montauroux, l’une des communes ciblées par les arrêtés.
La Mairie de Bagnols-en-Forêt a publié sur Facebook des mesures pour donner une idée de ce que différents actes valent en litres d’eau. Ainsi, l’arrosage au tuyau peut consommer jusqu’à 1000 litres par heure, un bain entre 120 et 200 litres d’eau, contre 40 à 80 litres pour une douche, pareil pour un cycle de lave-linge, et 3 à 9 litres pour une chasse d’eau.
« Cibler les plus gros consommateurs et bien vérifier qu’ils respectent cet arrêté »
Les 150 à 200 litres doivent donc permettre de pourvoir aux besoins nécessaires d’une personne dans une journée, mais il faut rogner sur d’autres aspects comme, bien évidemment, la piscine, ou encore l’arrosage du jardin. « Quand je regarde mon jardin qui est en train de crever, cela fait mal au cœur », déplore ainsi Christine.
En plus des limites quantitatives il y a de toute façon « des restrictions d’usage comme le lavage des voitures dans les stations qui ne sont pas équipées pour recycler l’eau, le remplissage des piscines, l’arrosage des végétaux à toute heure », expliquait sur BFM Var François Cavallier, maire de Callian, commune également concernée par les restrictions.
Pour certains habitants, les restrictions ont en réalité surtout une incidence sur les grandes villas du territoire, munies parfois de piscines et de grands jardins à arroser, qui consomment d’habitude beaucoup plus d’eau. C’est d’ailleurs les gros utilisateurs d’eau que la Communauté de Communes des Pays de Fayence, à l’origine de ces restrictions, contrôle en particulier.
« Nous allons faire un relevé des consommations sur le territoire en essayant de cibler les plus gros consommateurs et bien vérifier qu’ils respectent cet arrêté » explique, également sur BFM Var, Éric Martel, directeur de la Régie d’eau du Pays de Fayence.
Pour ceux qui dépasseraient, des amendes de 1500 euros sont prévues, mais aussi l’installation de ce qui est appelé « une pastille ». Elle pourra être installée chez les contrevenants, et permettra de réduire leur débit d’eau de façon forcée, explique le maire de Fayence sur Facebook, Bernard Henry.
« Nous devons être solidaires et responsables »
Difficile de mesurer en une semaine l’incidence de ces nouvelles mesures sur le territoire, mais à la Régie d’eau, on explique qu’à Seillans, qui a mis en place des mesures de contrôle de l’eau depuis plusieurs mois, les habitants ont fait d’importants efforts dans leur consommation de l’eau.
« Notre quotidien, ici, c’est de faire attention à ce qu’on consomme. Depuis décembre, à Seillans, il y a un message pour faire attention à notre consommation », explique Christine.
Jean Florimond s’inquiète lui des prochaines sécheresses, car « tant qu’on se dit que c’est un mauvais moment à passer, ça va, mais avec ce qu’on nous dit sur le réchauffement climatique… Comment ça va se passer demain? C’est l’avenir qui nous interpelle. »
Afin que l’eau continue de couler au robinet, « il faut que les gens aient conscience de cette difficulté et qu’ils aient surtout le sens du partage, parce que c’est une quantité d’eau à partager sur un territoire », souligne sur RMC le maire de Seillans, René Hugo.
« Le risque aujourd’hui, c’est « surtout une coupure totale d’eau sur la commune pouvant durer plusieurs jours si la ressource allouée est épuisée : plus d’eau au robinet, plus de douche, plus de chasse d’eau. Plus rien ! » abonde Bernard Henry, « plus que jamais nous devons être solidaires et responsables. Il en va de l’intérêt de chacun. »
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