Alors que les flammes ont ravagé des milliers d’hectares de forêt sur le pourtour méditerranéen, le nord et le centre du continent européen font face à des inondations exceptionnelles.
Le nord sous les eaux, le sud en proie aux flammes. Cet été, le continent européen est marqué d’un bout à l’autre par des événements climatiques extrêmes. Celles-ci dénotent les unes des autres par leur nature mais ont toutes la même cause: le réchauffement climatique.
• La Grèce durement touchée par les feux
Le sud de l’Europe est en proie aux feux de forêt depuis début juillet et la Grèce a été particulièrement touchée. Les îles de Rhodes, Corfou, Eubée, mais aussi les alentours d’Athènes et de Volos ont été ravagés par les flammes… En tout, 50.000 hectares ont brûlé au mois de juillet et cinq personnes sont mortes, dont deux pilotes de Canadair qui se sont écrasés en tentant d’éteindre les flammes. Plus de 32 000 touristes ont été évacués de plusieurs stations balnéaires et rapatriés dans leurs pays.
« En juillet nous avons eu 1584 feux contre 953 en 2019 », a déclaré le vice-ministre de la protection civile Nikos Hardalias sur Star TV, estimant que « l’on ne parle plus de changement climatique mais de menace climatique ». Face aux températures extrêmes que connaît le pays, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a parlé de « la pire canicule depuis 1987 ».
• Le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la France également frappés par les incendies
Le bassin méditerranéen a globalement connu des températures très élevées au mois de juillet, notamment en Grèce et en Italie, où les 48°C ont été atteints en Sardaigne.
De son côté, l’Espagne est confrontée depuis début août à son troisième épisode intense de canicule de l’été. Jusqu’à près de 47C° ont été recensés près de Valence ce jeudi. « Ça faisait 73 ans qu’il n’avait pas fait aussi chaud en Espagne », souligne Mathieu de Taillac, correspondant de BFMTV à Madrid.
Des fortes températures qui favorisent les départs de feu: onze zones du pays étaient en alerte rouge incendie mercredi.
Un feu de forêt s’est déclaré jeudi à cheval sur le Portugal et la région de Castille-et-León en Espagne, a indiqué sur le réseau social Twitter, renommé X, le service régional dédié aux incendies.
Le voisin portugais s’est également battu en début de semaine avec des feux de forêts dans le sud du pays, désormais maîtrisés.
En moins d’une semaine, environ 15.000 hectares ont brûlé dans les deux pays de la péninsule ibérique.
Un incendie s’était aussi déclaré le 4 août dans la région de Portbou, une localité espagnole frontalière de la France. Grâce à la mobilisation commune des forces catalanes et françaises, les flammes ont été maîtrisées après plus d’une journée de lutte.
L’Italie n’a pas été épargnée. Fin juillet, le sud du pays a été touché par des feux de forêts, particulièrement ravageurs en Sicile. Certains se sont encore déclarés sur l’île de Sardaigne le week-end dernier, note Franceinfo.
Si la France est relativement épargnée comparé à l’été 2022, lors duquel plus de 72.000 hectares avaient brûlés, quelques départements du sud du pays ont tout de même subit des départs d’incendies
Les départements des Bouches-du-Rhône et du Var sont régulièrement placés en vigilance rouge.
• Le nord et l’est de l’Europe face à des inondations inédites
Contrairement au sud de l’Europe où les feux font rage, le nord du Vieux Continent subit ces derniers jours des crus exceptionnelles.
Des champs inondés, des maisons sous les eaux, des rivières déchaînées… Avec le passage de la tempête baptisée « Hans » depuis ce week-end, la Norvège et la Suède font face à de fortes pluies qui ont provoqué des inondations et des glissements de terrain.
« Il y a beaucoup de personnes évacuées, beaucoup de personnes affectées et d’énormes dégâts matériels. La situation est très difficile dans une grande partie du pays », a alerté la ministre de la Justice et de la sécurité publique norvégienne, Emilie Enger Mehl.
« Nous n’avons jamais vu des niveaux de crue aussi élevés dans plusieurs rivières », a pour sa part dit au quotidien VG Erik Holmqvist, un responsable de l’Agence de l’Energie et de l’Eau.
De même en Europe centrale. À cause d’une dépression atmosphérique au-dessus de l’Adriatique, des inondations historiques touchent les deux tiers de la Slovénie depuis une semaine, faisant six morts.
Des pluies torrentielles ont fait gonfler les rivières: un mois de pluie est tombé en moins d’une journée vendredi dernier, d’après le service météorologique slovène. Le Premier ministre Robert Golob parle de la « pire catastrophe naturelle » depuis l’indépendance du pays en 1991.
« Nous allons rendre accessibles 400 millions d’euros » issus du fonds de solidarité pour aider la Slovénie dévastée, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
En Autriche, plusieurs villes du sud ont été inondées et une personne est morte emportée par les flots d’une rivière en crue. Des inondations ont aussi été observées en Croatie. Quant à l’Allemagne, le sud du pays a été touché par une « tempête de grêle » et de fortes pluies, vendredi dernier.
Dans une moindre mesure, le nord-ouest de la France avait fait face à deux passages dépressionnaires, Patricia et Antoni ayant entraîné de violents coups de vent et des risques de vagues-submersion, fin juillet-début août. Une situation rare en pleine période estivale.
• Des événements extrêmes liés au changement climatique
Derrière ces phénomènes météorologiques extrêmes, qu’il s’agisse d’incendies ou d’inondations, se cache le réchauffement climatique.
« Une évolution de l’intensité et de la fréquence de certains phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes a été détectée au cours de périodes où le réchauffement planétaire a progressé d’environ 0,5 °C », constatait le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dans un rapport publié en 2019.
Le réchauffement du monde de plus de 3°C d’ici 2100, si rien n’est fait, se matérialisera par des canicules et des sécheresses plus nombreuses et plus intenses. Et par conséquent, par des risques d’incendies plus élevés.
Les événements extrêmes liés au cycle de l’eau, les fortes précipitations entraînant des inondations, seront eux aussi plus récurrents.
« Étant donné que le monde s’est déjà réchauffé de plus d’un degré Celsius depuis la révolution industrielle, il est logique que des changements dans le cycle de l’eau aient commencé à se produire », souligne Gavin Madakumbura, doctorant à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et coauteur d’une étude publiée en 2021 à ce sujet, auprès du média Reporterre.
En effet, plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau, détaille cette étude publiée dans la revue Nature Communications. Des vapeurs d’eau qui peuvent ensuite se transformer en averses et entraîner des épisodes de pluie ou de neige extrêmes. Sans parler de l’élévation du niveau de la mer, elle aussi cause d’inondations.
« Les précipitations journalières extrêmes s’intensifieront d’environ 7% pour chaque degré de réchauffement planétaire supplémentaire », alerte l’Organisation météorologique mondiale.
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.