La Corée du Sud réclame plus de transparence sur les batteries après une série d’incendies de voitures électriques, dont l’un a endommagé voire détruit près de 140 véhicules dans un parking résidentiel. Un début de psychose dans un pays déjà peu convaincu par l’électrique.
La Corée du Sud demande aux constructeurs automobiles de fournir plus d’informations sur les batteries utilisées dans leurs véhicules électriques, a annoncé ce mardi 13 août le gouvernement. Cette demande intervient après une série d’incendies impliquant des véhicules électriques et dont la cause précise n’a pu être établie.
Deux incendies « mystérieux » en quelques jours
Le plus marquant est survenu le 1er août dernier: une Mercedes EQE 100% électrique a pris feu sans raison apparente dans le parking souterrain d’un immeuble résidentiel de la ville d’Incheon, comme on peut le voir sur des images d’une caméra de surveillance diffusées dans un reportage de Korea Now.
Détail intéressant: le véhicule n’était pas branché, ce qui exclue donc a priori un problème lié à une opération de recharge. Le propriétaire de la Mercedes a aussi précisé s’être garé sur cet emplacement trois jours (59 heures, pour être précis).
Le bilan matériel est conséquent: environ 140 voitures de ce parking ont été détruites ou endommagées. Les forts dégagements de fumée, conséquence de cet incendie que les pompiers ont mis huit heures à maitriser, ont aussi provoqué l’évacuation de plus de 200 familles, avec des coupures d’eau et d’électricité. Par ailleurs, 23 personnes intoxicées par les fumées ont été envoyés à l’hôpital.
L’enquête doit encore déterminer les causes exactes du départ de feu, tout comme celui survenu quelques jours plus tard avec cette fois un modèle du constructeur local Kia. Une EV6 s’est enflammée dans un parking du district de Geumsan.
Des véhicules électriques pointés du doigt
Si les incendies de voitures thermiques restent plus fréquents que ceux de voitures électriques, ces derniers sont souvent impressionnants et difficiles à maitriser pour les pompiers. Ils sont aussi très partagés sur les réseaux sociaux, souvent par des « anti-voitures électriques ».
En Corée du Sud, les voitures électriques seraient déjà victimes de cette mauvaise réputation après ces incendies récents:
« Plusieurs immeubles de bureaux interdisent désormais l’entrée et le stationnement des véhicules électriques, selon des messages publiés sur les réseaux sociaux, tandis que certains comités de gestion d’appartements conseillent aux propriétaires de véhicules électriques d’être prudents lorsqu’ils chargent leurs voitures », note un article du Japan Times.
Sur des forums en ligne, des Coréens séduits par les modèles d’Elon Musk se demandent aussi s’ils doivent annuler leur commande et un automobiliste raconte qu’une compagnie de ferry a refusé de transporter sa Tesla sur l’île de Jeju. Enfin, un autre explique que son entreprise a désactiver les bornes de recharge mises à disposition des salariés.
Face à ces craintes, plusieurs constructeurs automobiles avaient anticipé la demande du gouvernement coréen en publiant la liste de leurs différents fournisseurs par modèle, comme Hyundai, Kia ou encore BMW.
De son côté, Mercedes a indiqué que la batterie du véhicule en cause avait été fournie par l’entreprise chinoise Farasis Energy. Le constructeur allemand dit continuer à travailler avec les autorités pour identifier les causes du départ de feu et proposer des inspections gratuites aux propriétaires de ses modèles électriques.
Le directeur général de Mercedes en Corée du Sud devait de son côté rencontrer ce mercredi les résidents de l’immeuble touché par l’incendie.
Un pays « en retard » dans l’électrique
Avec ses géants nationaux, Hyundai et Kia, qui proposent de nombreux modèles 100% électriques et des fabricants de batteries parmi les numéros uns mondiaux (Samsung SDI, LG Energy Solution et SK On), on pourrait penser que la Corée du Sud fait partie des pays les plus convertis à la voiture électrique. Mais c’est plutôt l’inverse.
C’est ce que soulignait un article de Bloomberg en avril dernier, en mettant en avant la faible part de marché des électriques (6,2% des ventes de voitures neuves en 2023), avec deux autres pays « high-tech », les Etats-Unis et le Japon.
Un désamour pour la voiture électrique qui s’explique en partie par la forte présence de grands immeubles résidentiels dans le pays, réduisant les possiblités d’accès à une solution de recharge, notait le magazine spécialisé.
Les résultats d’une étude de Deloitte citée dans l’article font aussi écho à cette actualité récente des incendies: 20% des personnes interrogées avaient noté que la sécurité était leur principale préoccupation, soit la proportion la plus élevée de cette enquête mondiale.
Un niveau de crainte qui « reflète une inquiétude généralisée quant au risque d’incendie de batteries dans ces mêmes immeubles résidentiels », écrivait Bloomberg, rappelant qu’en décembre 2023, la Corée du Sud avait interdit l’installation de chargeurs au-dessous du deuxième sous-sol.
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