Pour la première fois, les scientifiques du projet CETI ont établi les bases du système de communication des cachalots, grâce à de nouvelles technologies, dont un studio d’enregistrement sous-marin géant.
Des scientifiques du projet Cetacean Translation Initiative (CETI), ont établi pour la première fois « un alphabet phonétique » du cachalot, a indiqué ce mardi 7 mai l’agence Associated Press. Les résultats de ces recherches jettent les bases de ce qui constituerait le langage des cétacés.
« Cette découverte marque un tournant décisif dans notre compréhension des cachalots », a affirmé le professeur émérite Dr David Gruber, fondateur du projet CETI.
Lancé en 2020, le projet CETI étudie la communication des cachalots dans les Caraïbes orientales et tente de déchiffrer son fonctionnement, notamment grâce à l’intelligence artificielle et la robotique de pointe.
Un studio d’enregistrement sous-marin géant
Au même titre que les baleines et les dauphins, les cachalots sont des mammifères très sociables qui communiquent en comprimant l’air dans leur système respiratoire pour émettre des séries de clics très bruyantes sous l’eau. Des séquences vocales, qui, depuis plusieurs années ont fait l’objet d’innombrables recherches pour tenter d’en déchiffrer le sens.
Si la signification de ces messages reste encore un mystère, les chercheurs sont tout de même parvenus à poser les premières bases du système de communication des cachalots. Dans une étude publiée ce mardi dans la revue Nature Communications, les scientifiques ont analysé plus de 8.700 extraits de clics provenant des cachalots, connus sous le nom de « codas ». En les reliant les unes aux autres et en analysant le rythme et la durée des sons, les chercheurs ont réussi à établir pour la première fois ce qu’ils appellent un « alphabet phonétique » du cachalot.
« Les vocalisations des cachalots sont plus expressives et structurées qu’on ne le croyait auparavant », informe l’étude.
Les recherches du projet CETI ont été menées dans les eaux de la Dominique, où la population de cachalots s’élève à environ 200 spécimens. Pour écouter les cétacés, les scientifiques ont créé un studio d’enregistrement sous-marin géant connecté à des microphones à différentes profondeurs.
Des balises acoustiques ont également été placées individuellement sur plusieurs cachalots afin d’enregistrer à la fois leurs échanges et la position dans laquelle ils se trouvent lorsqu’ils cliquent (quand plongent, dorment ou respirent à la surface).
Pour représenter les vocalisations des cachalots, les chercheurs ont cette fois utilisé une nouvelle technique appelée « diagramme d’échange », qui permet notamment de mesurer le temps écoulé depuis le début d’une conversation entre cachalots.
Un langage presque humain?
Autre découverte pour le moins étonnante, les scientifiques du CETI affirment que les cachalots sont également capables d’attribuer de nouvelles significations à un même coda, un peu comme les êtres humains.
En analysant le langage humain de plus près, Shane Gero co-auteur de l’étude fait remarquer à National Geographic qu’une même phrase peut avoir deux significations différentes en fonction du contexte ou de l’intonnation utilisés. L’exclamation « Oh mon Dieu! », par exemple, est de toute évidence différente de la phrase « Oh, mon Dieu », explique Shane Gero.
« C’est tout simplement magnifique », s’est réjoui Davide Gruber auprès de National Geographic.
De son côté, le professeur Gruber, cité par Associated Press, estime qu’il y pourrait en effet exister des parallèles entre le système de communication des cachalot et le langage humain. Cependant, selon lui, il faudrait certainement des millions, voire des milliards de codas de cachalots pour espérer collecter suffisamment de données et comprendre ce que disent les cétacés.
« Nous n’allons pas tout d’un coup parler couramment le cachalot, mais nous apprenons en quelque sorte. Petit à petit, les cachalots nous dévoilent leurs secrets sur la façon dont ils communiquent avec nous », a confié à National Geographic, David Gruber.
Les cachalots possèdent le plus gros cerveau de tous les animaux de la planète: il peut peser jusqu’à 9 kilogrammes, soit six fois le poids d’un cerveau humain moyen. Ces cétacés peuvent atteindre 18 mètres de long et vivent principalement en groupe. Ils sont aujourd’hui considérés comme espèces « vulnérables » par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
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