« Le temps qui reste entre maintenant et le seuil de +1,5°C degré se réduit à toute vitesse, il faut agir maintenant », alerte le climatologue britannique Pierre Friedlingstein, qui a supervisé une étude impliquant 150 chercheurs du monde entier.
Il est « désormais inévitable » que le seuil de 1,5°C de réchauffement de la planète soit dépassé « de manière constante sur plusieurs années » et il y a une chance sur deux pour que cela arrive dans seulement sept ans, ont alerté mardi les scientifiques du Global Carbon Project, qui appellent à agir.
Selon cette étude de référence présentée à la réunion de l’ONU sur le climat à Dubaï, les émissions de CO2 produites par l’utilisation du charbon, du gaz et du pétrole dans le monde pour se chauffer, s’éclairer ou rouler devraient en effet franchir un nouveau record en 2023.
En 2015, avec le traité de l’Accord de Paris, les dirigeants mondiaux s’étaient fixé comme objectif de ne pas dépasser le seuil de +1,5°C degré pour éviter des vagues de chaleur à répétition et des changements profonds, voire irréversibles, infligés à la nature par l’action humaine.
« Les dirigeants réunis à la COP28 devront se mettre d’accord sur des réductions rapides des émissions de combustibles fossiles, même pour maintenir l’objectif de 2°C », souligne le climatologue britannique Pierre Friedlingstein, qui a supervisé l’étude impliquant 150 chercheurs du monde entier.
Nette hausse des émissions de dixoyde de carbone
Or, « les mesures visant à réduire les émissions de carbone provenant des combustibles fossiles restent terriblement lentes », fustige le scientifique.
Dans le détail, l’étude estime que les émissions mondiales totales de dioxyde de carbone ajoutées dans l’atmosphère en 2023 atteindront 40,9 milliards de tonnes (GtCO2). C’est quatre fois plus qu’en 1960, et la courbe des émissions, au lieu de se réduire, est sur un plateau sur dix ans, soulignent les chercheurs.
La déforestation, notamment au Brésil, en République démocratique du Congo et en Indonésie, joue un rôle mais il reste minime comparé à l’utilisation de combustibles fossiles et du ciment qui reste hors contrôle, avec 36,8 GtCO2 (+1,1% comparé à 2022).
« Si tout le monde se met à émettre autant qu’un Américain, on ne va pas s’en sortir » et on ira « vers 4°C de réchauffement », observe le physicien français Philippe Ciais.
2024 se profile déjà comme une année noire pour le réchauffement climatique, avec la montée en puissance du phénomène climatique El Niño au-dessus du Pacifique qui risque de faire souffrir la végétation, dont l’humanité a besoin pour absorber une partie des émissions de carbone..
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