En 2021, Raïssa a été victime d’un accident de voiture qui a conduit à l’explosion de son airbag. La jeune femme s’est retrouvée défigurée, et elle n’est pas la seule. Face à cela, le groupe Stellantis a mis en place des campagnes de rappel.
« Avec un masque, je me sens mieux vis-à-vis du regard des autres. Les gens te pointent du doigt, te regardent de travers comme si tu étais un extraterrestre. C’est très dur. » Raïssa a été défigurée par un airbag défectueux du groupe Stellantis, comme elle l’explique dans l’émission Sept à Huit diffusée le dimanche 16 juin sur TF1. Depuis, elle n’ose plus montrer son visage en public.
Le 24 octobre 2021, à un carrefour près de Point-à-Pitre, en Guadeloupe, Raïssa est victime d’un accident de la route. La jeune femme est percutée à un croisement par un véhicule qui a grillé un panneau Stop.
« Ma voiture a été projetée. J’ai entendu une grosse détonation. J’ai senti que mon visage me brûlait énormément et je criais : ‘Aïe ! Ma bouche, ma bouche ! J’ai chaud. J’ai mal' », raconte-elle.
Naelia, sa fille de 8 ans à l’époque et qui était sur la banquette arrière, poursuit : « J’ai vu son visage, il était déchiqueté. On dirait que c’était une balle de fusil dans le visage. »
Cinq opérations de reconstruction faciale
Raïssa est opérée en urgence. Une partie de son visage a volé en éclat. Logée entre son œil et son oreille, les médecins retrouvent une pièce de métal au cours de l’opération : un morceau du mécanisme de l’airbag qui a explosé au moment de son déploiement. Elle subit par la suite près de cinq opérations de reconstruction faciale avec prothèses, greffes d’os et de peau.
Pendant plus d’un an, Raïssa n’a pu se nourrir que d’aliments liquides. Elle a été déclarée inapte à reprendre son poste d’agent d’accueil municipal. Un destin qu’elle était pourtant loin d’imaginer.
« J’étais quelqu’un de très actif. J’aimais aller faire des activités sportives avec ma fille, du roller, du vélo. J’étais dans un groupe de carnaval. Je peux plus faire ce genre de chose », déplore-t-elle. Un airbag qui est censé vous protéger, mais qui vous donne la mort. Dieu merci, je suis encore là. Miraculée. »
La jeune femme montrera son visage quelques secondes face aux caméras de TF1, comme un cri d’alarme au nom de toutes les victimes.
« Une campagne de rappel insuffisante »
Dans les Outre-mer (Réunion, Guadeloupe et Guyane), 7 blessés et 5 morts ont été recensés entre 2018 et 2023. Selon les premiers éléments d’enquête, le modèle d’airbag défectueux se détériore suite à une exposition prolongée de la voiture à la chaleur et à l’humidité. L’airbag est censé se gonfler en cas de choc, c’est le générateur de gaz qui permet le gonflement du coussin. Mais dans ce cas, l’air chaud et l’humidité s’infiltrent, altérant ce gaz au fil du temps. Au moment du déclenchement, le gaz brûle plus rapidement que prévu. La pression trop forte fait alors exploser le boîtier en acier le transformant en projectile potentiellement mortel.
A la suite d’un décès survenu outre-mer en 2019, la direction de Stellantis indique avoir envoyé à partir de 2020 une lettre de rappel à 19.000 propriétaires de Citroën et de DS dans cinq départements ultramarins. À l’époque, la campagne de rappel exclue la métropole.
« Il est possible que les débris métalliques se détachent et blessent les passagers », écrit-elle. Pour autant, pas d’injonction à ne plus prendre la voiture et pas de mention d’un danger de mort. « Une mesure complètement exceptionnelle », selon Thierry Koskas, directeur général de Citroën. Tragique ironie du sort pour Raïssa, elle n’a eu connaissance de la lettre que dix mois après son accident.
À Paris, son avocat, Charles-Henri Coppet, qui représente aussi six autres blessés graves et quatre familles endeuillées, dénonce une campagne de rappel insuffisante. « On a agi comme quand il y a un problème d’essuie-glace. Aujourd’hui, quand un concessionnaire veut vendre un véhicule, il n’envoie pas une lettre recommandée. Et si le client ne vient pas, il va plus loin. Il envoie des SMS, il met des flyers dans les boîtes aux lettres, ils font des pubs télévisées qui sont parfois formidables. Là, il n’y a rien de tout ça. Des vies auraient pu être sauvées, des familles auraient pu ne pas être déchirées », dénonce-t-il.
Réclamer une indemnisation
Dans les Hautes-Pyrénées, un homme de 51 ans est décédé pour les mêmes raisons. Quelques mois après, Stellantis a lancé, cette fois, une campagne de rappel nationale inédite. Le 3 mai 2024, 246.000 voitures ont été rappelées avec injonction de cesser immédiatement la conduite. Sont concernées les Citröen C3 et les DS 3, fabriquées entre 2009 et 2019.
Un mois et demi après le début de la campagne de rappel, le groupe Stellantis affirme avoir remplacé les airbags de 35. 000 voitures, soit moins de 15% des automobiles rappelées. Des remplacements qui prennent du temps et qui bloquent les clients. Le groupe dit avoir mobilisé 25.000 véhicules de courtoisie supplémentaires. Mais ce n’est pas assez pour tout le monde.
Des milliers de conducteurs en colère se sont regroupés sur Facebook en vue d’une action collective pour réclamer une indemnisation. De son côté, Stellantis estime que la quasi totalité des remplacements seront effectués d’ici octobre 2024.
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.