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Au lendemain de la reprise de la ville de Kherson par les Ukrainiens, la police démine et documente des « crimes » imputables à Moscou dans la grande ville du sud, dont la perte constitue un revers de taille pour le Kremlin.

Au lendemain de la reprise de Kherson par Kiev, l’heure est au déminage, à la réparation des infrastructures et à la documentation de « crimes » imputables à Moscou dans la grande ville du sud, dont la perte constitue un revers de taille pour le Kremlin. Pour Kiev, l’Occident est sur la voie d’une « victoire commune » sur la Russie après la reprise de Kherson, où l’hymne national ukrainien a retenti vendredi après le retrait des troupes russes. Kherson, annexée fin septembre par Moscou, avait été la première grande ville à tomber après l’invasion russe déclenchée fin février.

Sur des images diffusées par les forces armées de Kiev, on y voit au loin, dans l’obscurité, des Ukrainiens dansant en ronde, autour d’un feu, au rythme de « Chervona Kalyna », un chant patriotique. A l’extérieur de Kherson, dans le village de Pravdyné, les habitants de retour serrent leurs voisins dans les bras. Certains ne peuvent retenir leurs larmes.

« La victoire, enfin! », dit Svitlana Galak. « Merci mon Dieu, nous sommes enfin libérés et désormais, tout va retrouver sa place », poursuit cette femme de 43 ans qui a perdu son fils aîné au combat. « Nous sommes l’Ukraine », renchérit son mari, Vikor, 44 ans.

D’importantes destructions

« Nous sommes tous fous de joie », a déclaré samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a aussi fait état d’importantes destructions dans la région. « Avant de fuir Kherson, les occupants ont détruit toutes les infrastructures essentielles – communication, fourniture d’eau, de chauffage, électricité », a-t-il ajouté, précisant en outre que 2000 engins explosifs avaient été neutralisés.

Selon lui, les forces armées ukrainiennes ont repris le contrôle de près de 60 localités dans la région de Kherson. Après huit mois d’occupation par les forces russes, les programmes de la télévision nationales sont à nouveau visibles à Kherson. Et le fournisseur d’énergie de la région a annoncé qu’il travaillait à rétablir l’approvisionnement en électricité.

« Victoire extraordinaire »

Quelque 200 policiers ont été déployés à Kherson pour ériger des barrages et documenter « les crimes des occupants russes », a annoncé le chef de la police nationale, Igor Klymenko, dans un communiqué. Il a également alerté les habitants de la ville sur la présence de mines laissées par les forces russes, les appelant à « se déplacer avec précaution ». Selon Igor Klymenko, un policier a été blessé lors d’une opération de déminage dans un bâtiment à Kherson.

Une femme et deux enfants ont été blessés par une explosion près de leur voiture dans le village de Mylove, dans la région de Kherson, selon la police, qui a également fait état de bombardements russes sur le district de Berislav.

« Il y a des morts et des blessés », affirme la police, sans plus de détails.

Le retrait russe de Kherson marque « un nouvel échec stratégique » de la part de Moscou, s’est réjoui le ministre de la Défense britannique Ben Wallace dans un communiqué publié samedi. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden a qualifié de « victoire extraordinaire », « tout à fait remarquable », la reprise de la ville par l’armée de Kiev.

« Aujourd’hui est un jour historique », s’était félicité Volodymyr Zelensky vendredi soir.

« Enfin ma ville libre »

Ce repli russe est le troisième d’ampleur depuis le début de l’invasion le 24 février, la Russie ayant dû renoncer au printemps à prendre Kiev face à la résistance acharnée des Ukrainiens, avant d’être chassée de la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) en septembre.

Vendredi soir, sur l’emblématique place Maïdan de Kiev, des habitants de Kherson réfugiés depuis des mois dans la capitale ont fêté la nouvelle dans la liesse.

« Enfin ma ville libre, celle où je suis née, où j’ai vécu toute ma vie », dit les larmes aux yeux Nastia Stepenska, les couleurs nationales peintes sur les joues.

« Quand ils (les Russes) sont arrivés, c’était l’horreur, on ne savait pas ce qu’il se passerait le jour d’après, si on resterait en vie », témoigne la lycéenne de 17 ans, qui se dit « en état de choc ».

Plus tôt vendredi, le ministère russe de la Défense a annoncé avoir achevé « le redéploiement » de ses unités de la rive droite (occidentale) du Dniepr, sur laquelle se trouve Kherson, vers la rive gauche, assurant n’avoir subi aucune perte, ni abandonné de matériel militaire. Selon Moscou, « plus de 30.000 » soldats russes et « près de 5.000 unités d’armements et de véhicules militaires ont été retirés » de la rive occidentale du Dniepr. Ce repli a toutefois tout du camouflet, le président russe Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre l’annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson.

« Revendications farfelues »

Interrogé ce samedi sur les informations selon lesquelles Washington aurait commencé à faire pression sur Volodymyr Zelensky pour qu’il envisage des négociations avec Moscou, Jake Sullivan a remarqué que la Russie continuait à avoir des « revendications farfelues » sur le territoire de son voisin.

« L’Ukraine est le parti de la paix dans ce conflit et la Russie est le parti de la guerre » et « notre position reste la même que par le passé et fondamentalement, elle est en étroite consultation et en soutien du président Zelensky », a dit Jake Sullivan, jugeant que « si l’Ukraine choisissait d’arrêter de se battre […] ce serait la fin de l’Ukraine ».

Volodymyr Zelensky a répété cette semaine que la première condition pour une négociation était le retrait complet des troupes russes, entrées le 24 février en Ukraine.

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