Salomé Vincendon

La rentrée scolaire a sonné le retour des poux chez les élèves, mais pour les éliminer, des techniques efficaces existent, quand d’autres sont à proscrire.

« À la rentrée, les poux sont souvent de retour à l’école », écrit l’Anses (agence nationale du médicament) sur Twitter ce lundi, moins de deux semaines après le retour en classes. Ces minuscules insectes, qui mesurent 2 à 4 mm, se nourrissent de sang humain et, généralement pour les poux de tête, logent sur le cuir chevelu.

Ils sont « fréquents, surtout en milieu scolaire, affectant alors enfants et parents de tous milieux », peut-on lire sur le site d’informations de la Société Française de Dermatologie (SFD), qui souligne qu’ils ne sont pas le signe d’une hygiène douteuse.

Il est possible de repérer leur présence en raison de démangeaisons, dues aux piqûres du pou pour se nourrir, mais ce n’est pas toujours le cas. Seule « la découverte de poux vivants, visibles à l’œil nu après peignage, ainsi que de lentes collées aux cheveux mais ne coulissant pas le long du cheveu, apporte la certitude diagnostique », écrit la SFD. Mais une fois sa présence avérée, comment s’en débarrasser ?

« Il fut un temps où tous les produits anti-poux étaient des insecticides, mais il y a longtemps que le pou y est devenu résistant », explique à BFMTV.com Arezki Izri, parasitologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis). En plus d’être devenus inefficaces contre les poux, ces produits sont dangereux pour l’homme et l’environnement ajoute-t-il.

L’UFC Que Choisir alerte également sur les « produits contenant des pyréthrinoïdes. Certains (perméthrine, deltaméthrine, cyperméthrine) sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. »

Le magazine souligne toutefois que la plupart de ces traitements anti-poux ne sont plus commercialisés aujourd’hui en France.

« Aujourd’hui, c’est le plus souvent des produits à base de diméticone qui sont utilisés », explique le parasitologue, ces lotions sont des « huiles minérales qui vont pénétrer dans le système du pou » et l’asphyxier en obturant les orifices par lesquels ils respirent, le noyer dans l’huile d’une certaine façon.

Il s’agit de « silicones liquides préparées dans un solvant volatile » explique le site de l’Assurance maladie qui note qu’ils sont inflammables. « L’avantage est qu’ils n’entraînent pas de résistance (contrairement aux produits insecticides) et ne sont pas toxiques, ce qui explique qu’ils ont peu à peu supplanté les insecticides à base de pyréthrine ».

Il faut absolument lire correctement la notice de chaque produit utilisé et respecter les temps de pause pour une pleine efficacité du produit, mais « aucun produit ne peut hélas se vanter d’être 100 % efficace en conditions réelles d’usage » en une seule fois, écrit l’UFC Que Choisir. Le magazine rappelle que pour « être efficace, un traitement doit fonctionner sur les poux ET les lentes. »

Les lentes sont les œufs des poux, qui peuvent éclore plusieurs jours après un traitement anti-poux efficace contre les adultes, mais pas contre les œufs. C’est pourquoi il est important de procéder à une nouvelle application des produits contre les poux sept à dix jours après la première, et de vérifier dans les jours suivant qu’il n’y en a vraiment plus.

• Les salons anti-poux sont-ils efficaces ?

Ces dernières années, les centres anti-poux ont fleuri dans plusieurs villes de France, promettant des traitements efficaces, souvent 100% naturel, et une visite de contrôle dans les jours qui suivent. Il reste toutefois difficile de juger de l’efficacité réelle de chacun d’entre eux.

Arezki Izri explique ne pas pouvoir se prononcer sur les compétences de tous les salons, mais assure avoir déjà « reçu des gens traités dans ces centres qui viennent nous voir ensuite car cela n’a pas fonctionné ».

• Le peigne à ne pas utiliser seul

Dans la panoplie du traitement anti-poux, on retrouve aussi le peigne et ses dents très rapprochés qui aident à retirer les fameuses lentes avant qu’elle n’éclosent et les poux morts après application d’un produit asphyxiant. Il est conseillé d’utiliser ce peigne en plus du traitement et de choisir « un peigne en métal à dents fines et serrées plutôt que les peignes en plastique peu solides », écrit l’Assurance maladie.

« Peignez soigneusement et longuement pendant 30 minutes les cheveux mouillés et démêlés, 3 fois puis 2 fois par jour, en allant du cuir chevelu à l’extrémité du cheveu », est-il écrit, en précisant que le peigne doit être nettoyé après chaque passage dans les cheveux.

En revanche, en utilisation seule, soit sans traitement, le peigne « ne serait totalement efficace que chez environ une personne sur deux » pour retirer les poux, écrit l’UFC Que Choisir.

• Examiner tous les membres de la famille

Arezki Izri explique que « les poux ne volent pas, ne sautent pas, par contre dès qu’on leur propose un cheveu il s’y accroche et se mettent à courir, ils sont parfaitement adaptés aux cheveux », explique-t-il. En ce sens, « on les attrape par contact direct de tête à tête ».

Il est donc logique que des membres d’une même famille soient contaminés en même temps. Si des poux sont repérés chez l’un d’entre eux, il faut donc vérifier la tête de chacun, « ainsi que l’entourage proche même s’ ils ne présentent aucun symptôme et traiter seulement les sujets atteints », écrit la SFD.

Si des proches sont porteurs de poux, il faut garder les cheveux attachés pour éviter d’en attraper.

• Laver les bonnets, écharpes, taies d’oreiller… ?

Le parasitologue ajoute que les poux vivent uniquement sur la tête, et ne peuvent survivre que quelques heures en-dehors de ce qui est leur biotope. Pour lui, il n’est donc pas forcément utile de laver les textiles (taie d’oreiller, drap, écharpe, bonnet…) à plus de 60°C quand quelqu’un attrape des poux.

En revanche « si on utilise un peigne fin pour se coiffer des poux peuvent être dessus » et se transmettre à la personne suivante qui l’utilisera. De plus, même si cela reste très rare selon lui, des poux peuvent tomber à un endroit quand on se brosse les cheveux, et s’accrocher à quelqu’un d’autre ensuite.

L’Assurance maladie conseille de son côté de « laver les taies d’oreiller ainsi que les bonnets, écharpes, et autres vêtements en contact avec le cuir chevelu ou le cou, en machine à une température supérieure à 50°C » pour éliminer les poux. Et « les objets qui ne peuvent être lavés à cette température, tels que les peignes ou les brosses, peuvent être trempés dans une solution insecticide pendant 5 à 10 minutes. Attendez ensuite 3 jours avant de les réutiliser. »

• Les traitements qui ne marchent pas

Plusieurs traitements sont totalement déconseillés pour éliminer les poux, comme l’utilisation de « l’essence ou du kérosène pour désinfecter les objets ayant été en contact avec les poux. Ces produits sont en effet très dangereux », écrit le site Ameli.

« Par ailleurs, contrairement aux idées reçues, il n’a jamais été démontré que l’eau vinaigrée était efficace contre les poux ; en revanche, l’eau vinaigrée (1 cuillère à soupe de vinaigre pour un bol d’eau) permet d’enlever les lentes plus facilement lors du passage du peigne à poux », est-il ajouté.

L’UFC Que Choisir avait alerté en 2019 sur l’efficacité très limitée de certains produits maison: l’huile de coco élimine les poux mais beaucoup moins bien les lentes, et la mayonnaise ne tuerait en moyenne que 60% des poux et 14% des lentes. Les huiles essentielles n’ont également pas fait la preuve de leur efficacité contre les poux et lentes et peuvent susciter des allergies.

L’Anses a de son côté appelé en cette rentrée à ne jamais utiliser « d’antiparasitaires destinés aux animaux de compagnie pour traiter les poux des enfants ».

• Contacter son médecin en cas de problème prolongé

Quand le problème des poux est particulièrement résistant, Arezki Izri explique qu’il est possible d’utiliser un médicament à base d’ivermectine, qui fonctionne parfaitement. Mais « toutes les études recommandent de ne le prendre qu’en dernier recours » afin d’éviter que le pou développe une résistance à ce produit.

Dans tous les cas, s’il y a un problème prolongé, une surinfection liée au grattage ou une mauvaise réaction à un produit, il est important de consulter son médecin traitant.

Salomé Vincendon Journaliste BFMTV

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