L’Observatoire du deux-roues de Solly Azar/AAA Data montre une dure réalité pour le marché français des deux-roues. Si les ventes de motos baissent légèrement au 1er semestre 2024, les cyclo se font plier par les vélos et les trottinettes. Quant à l’électrique, c’est un fiasco.
Sale temps pour le marché des deux-roues. Lors du premier semestre 2024, les ventes ont reculé de 5,3% avec 146.041 immatriculations contre 154.271 en 2023, selon l’Observatoire du deux-roues Solly Azar/AAA Data. Ce recul peut sembler léger. Il l’est, mais seulement grâce aux motos dont les ventes n’ont baissé que de 2,3%.
« Alors que le printemps devait ouvrir la saison de la moto (…), il a été marqué par une météo capricieuse qui a pu fortement impacter la dynamique du marché », explique Maëlle Faure, cheffe produits Auto et Moto chez Solly Azar.
Pour une majorité de motards, la moto reste un plaisir. L’arrivée du beau temps et les effets du CPF sur le passage du permis devraient rétablir la courbe dès cet été. Entre janvier et mai 2024, 122.000 personnes l’ont utilisé pour financer leur permis. Autant de personnes qui cette année s’offriront une moto neuve ou d’occasion.
La mort du cyclo
En revanche, la situation est beaucoup plus préoccupante pour les cyclomoteurs qu’ils soient thermiques ou électriques. Les ventes de véhicules neufs chutent de 16,6% (30.215 unités) et de 9,4% (105.092 unités) pour l’occasion.
« L’offre reste, depuis plusieurs années, bien inférieure à la demande et explique cette tendance à la baisse », précise Solly Azar.
Ce secteur prend surtout de plein fouet l’essor des nouvelles mobilités composées des vélos électriques, des trottinettes ou des voitures sans permis. En ville, le stationnement payant, les limitations de vitesse à 30km/h, le contrôle technique qui s’ajoutent aux contraintes de l’immatriculation et des équipements de sécurité obligatoires (casque et gants homologués) plombent d’année en année ce secteur qui s’éteint peu à peu, selon Philippe Saby, directeur de Solly Azar.
« Les clients sont raisonnables. Entre les contraintes et le prix d’un cyclo et un vélo ou une trottinette, le choix est vite fait », constate Philippe Saby.
Cyclos électriques: chute de 20%
Le télétravail a aussi eu un effet négatif sur le marché des cyclomoteurs avec un impact.
« La réduction du kilométrage moyen chez ceux qui se rendaient quotidiennement sur leur lieu de travail en deux-roues a diminué l’usure des véhicules et le besoin d’en changer », déclare Marie-Laure Nivot, Head of Automotive Market Analysis de AAA Data.
L’électrique n’a même pas pu endiguer la chute. Les ventes de cyclos neufs plonge de -20,2% et celles des occasions de -18,6%. Les concessionnaires prennent cette tendance de plein fouet. À Paris, 28 magasins sur 480 ont mis la clé sous la porte en 2023. Les grandes marques ne sont pas épargnées. Toujours dans la capitale, trois des huit concessionnaires Peugeot ont été fermé en 2023.
Solly Azar impute aussi cet effondrement aux « difficultés rencontrées par les entreprises de flottes de scooters électriques en libre-service, suite au non-renouvellement des contrats ».
« C’est un marché atypique. La moitié des ventes se font par des entreprises. L’an dernier, Troopy et Cooltra ont acheté environ 800 unités. Cette année, on ne les retrouve pas d’où la chute de 20% », explique Maëlle Faure.
L’échec des deux-roues électriques
Mais au-delà des cyclomoteurs, c’est l’ensemble du marché des deux-roues électriques qui reste préoccupant.
« Il n’y a ni public, ni offre pour la moto électrique », déplore Philippe Saby.
« Ce n’est pas encore dans la culture des motards. Ça le sera peut-être dans quelques dizaines d’années, mais pour le moment… »
Pour le cyclo, il n’y a pas seulement les achats de flottes qui baissent, mais en plus, il n’y a pas de public. En région où les distances sont plus longues, ceux qui ont besoin d’un cyclo achètent un thermique et en ville, les particuliers préféreront s’équiper d’un vélo ou d’une trottinette électrique ».
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