Testée puis abandonnée il y a 10 ans, la batterie interchangeable redevient une option pour certaines marques. Le Chinois Nio, les marques de deux-roues Honda ou Piaggio et maintenant Stellantis y voient un gain de temps. Et d’argent.
L’idée avait émergé au tournant des années 2010. Au lieu de recharger sa voiture électrique sur une borne, les automobilistes pourraient échanger leurs batteries vides contre une pleine, dans des stations dédiées, en quelques minutes. Renault avait ainsi misé sur cette idée avec l’israélien Better Place.
Cette tentative s’est révélée un fiasco, avec la faillite en 2013 de cette autre start-up, mais l’idée des batteries interchangeables n’a pour autant été définitivement enterrée. Elle connaît même une seconde jeunesse depuis quelques mois, d’abord dans le deux-roues et désormais dans l’auto.
Des Fiat 500 aux batteries interchangeables à Madrid
À tel point que Stellantis vient d’annoncer qu’il allait tester cette technologie à Madrid sur une flotte de petites Fiat 500 électriques en libre-service avec la start-up Ample. Cette entreprise californienne développe des batteries et des stations d’échange puis les a notamment déployées en partenariat avec les VTC d’Uber autour de San Francisco. Quatre stations sont déjà opérationnelles à Madrid et neuf supplémentaires sont en projet.
Composées de petits modules, plutôt que d’un gros pack de 400 kilos, les batteries d’Ample ont l’avantage de s’adapter à la forme de chaque véhicule. « Cela simplifie les systèmes robotiques, réduisant largement le coût d’installation des stations d’échange », souligne Khaled Hassounah, le PDG d’Ample. L’idée est que parcourir des kilomètres avec ces électriques coûte « 25% moins cher » qu’avec un modèle à essence, selon Khaled Hassounah, le PDG d’Ample.
Supprimer l’angoisse de la panne sèche
Alternative à la recharge sur une borne, l’échange de batterie permet au conducteur d’une voiture électrique de s’arrêter à une station pour changer sa batterie à plat en moins de cinq minutes, comme s’il faisait un plein d’essence. Il évite ainsi la charge lente à domicile, ou le recours à une borne à haute puissance, plus chère et gourmande en énergie. Et supprime l’angoisse de la panne sèche. En pratique, une fois le véhicule garé dans une petite station d’échange, un bras robotisé lui passe dans les entrailles pour y installer une nouvelle batterie.
Nio, Geely, Yamaha
L’arrivée du modèle des bornes de recharge rapide, notamment chez Tesla avec les superchargeurs, a aussi écarté un temps l’idée du « swapping » de batteries, pour utiliser le terme anglais. Depuis, le constructeur chinois Nio est un des seuls avec Ample à miser sur l’échange de batteries. Nio a déjà ouvert plusieurs centaines de stations d’échange en Chine, et une trentaine en Europe (Allemagne, Norvège et Suède).
Un autre constructeur chinois, Geely, maison-mère de Volvo et Lotus, a rejoint le système fin novembre. L’échange de batteries s’est aussi développé dans le monde du deux-roues dans le cadre d’un consortium mené par les géants du secteur Honda, Yamaha et Piaggio, ainsi que par les industriels Samsung ou LG.
Business-model plus mature?
L’idée pourrait-elle être rentable au début des années 2020 contrairement au début des années 2010 ?
« Il ne suffit pas d’avoir l’idée en premier, il faut répondre à des défis fondamentaux pour rendre cette idée viable, a souligné Khaled Hassounah. Google n’était pas le tout premier moteur de recherche ».
La start-up a été financée à hauteur de plus de 260 millions de dollars, avec des investisseurs tels que les pétroliers Shell, Repsol ou Eneos. « C’est une solution économique, flexible et déployable rapidement », s’est félicité Ricardo Stamatti, vice-président de Stellantis pour la division Recharge et énergie.
L’échange est notamment adapté aux flottes de véhicules urbains (taxis, livreurs) mais aussi aux particuliers qui habitent en immeuble, sans parking.
Si le test chez Stellantis est concluant, « vous pourriez avoir à choisir dans le futur entre des voitures électriques à batteries fixes ou échangeables, sur abonnement », a prédit Ricardo Stamatti.
Le constructeur va travailler avec Ample à l’intégration de ces batteries échangeables dans les véhicules des marques du groupe (qui rassemble Peugeot, Citroën, DS, Fiat, Maserati, Dodge ou encore Chrysler), alors que Stellantis vise 100% de ventes électriques en Europe en 2030 sur ses véhicules particuliers. La Fiat 500 de série pourrait être la première à proposer ces batteries échangeables en option, a souligné M. Stamatti.
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