Plus de 10.000 personnes sont portées disparues en Libye où des inondations ont causé d’immenses dégâts. Comment expliquer un phénomène si dévastateur?
Au moins 5000 morts et 10.000 disparus. C’est le bilan encore provisoire après les violentes inondations qui ont frappé Derna, dans le nord-est du pays. Immeubles détruits, torrents de boue, rues sous les eaux… Les images émeuvent le monde entier. La France a d’ailleurs annoncé « apporter une aide d’urgence » aux sinistrés.
Cet événement dramatique est directement lié à la tempête Daniel. Ce cyclone subtropical méditerranéen a frappé la Turquie, la Grèce et la Bulgarie il y a une semaine avant de se décaler vers la Libye. Cette tempête est la faute d’un « blocage oméga », en raison de la forme similaire à la lettre grecque Ω.
Un phénomène qui se déplace
Il se caractérise par un anticyclone au centre, avec des températures très importantes, celles qui ont plombé la France pendant plusieurs jours. Sur les extrémités, on retrouve des pluies importantes et des températures fraîches.
« La dynamique de la goutte froide ibérique est impressionnante, expliquant les pluies diluviennes sur l’Espagne et les inondations associées. De même pour la Turquie et la Grèce », expliquait le climatologue Christophe Cassou le 4 septembre lorsque ces pays étaient touchés. Le même phénomène s’est depuis déplacé vers la Libye.
Un effet du dérèglement climatique?
Le Centre météorologique national de Libye a indiqué que la tempête avait atteint son apogée dans le nord-est de la Libye le 10 septembre, avec des vents violents soufflant entre 70 et 80 km/h au maximum. Les pluies torrentielles étaient en moyenne de 150 à 2400 mm par heure, avec jusqu’à 414mm de précipitations localement, un record.
Le blocage oméga n’est pas une nouveauté. Mais l’intensité du phénomène soulève la question de l’effet du dérèglement climatique. D’une manière générale, le pourtour méditerranéen est l’une des zones où les effets du changement climatique sont les plus intenses, la région se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale.
Selon le climatologue David Feranda, interrogé par Le Monde, ce cyclone est « normal dans un climat réchauffé » de trois à quatre degrés. Or, une analyse publiée mardi confirme que les températures observées en France et au Royaume-Uni ont été supérieures aux normales de 2 à 4°C.
L’organisation météorologique mondiale avertit pour sa part que ces épisodes violents, comme les incendies connus plus tôt dans l’été en Grèce, sont amenés à se reproduire. « À mesure que la planète se réchauffe, on s’attend à ce que nous assistions à des précipitations plus extrêmes, entraînant des inondations plus graves, car l’air plus chaud retient plus d’humidité », souligne l’organisme.
De plus, en se déplaçant vers la Libye, la tempête Daniel « a développé les caractéristiques d’un ouragan Medicane », contraction de « hurricane » et « Méditerranée ». Ce phénomène hybride présente certaines caractéristiques d’un cyclone tropical et d’autres d’une tempête des latitudes moyennes.
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