Au moins 153 personnes, dont un Français, sont mortes en Corée du Sud dans un drame dont les premières causes commencent à émerger. Les témoins de l’événement évoquent une foule très dense.
La fête a viré au drame. Au moins 153 personnes sont mortes à Séoul, en Corée du Sud samedi soir, dans une bousculade survenue en marge de célébrations d’Halloween. Mais comment un événement festif a-t-il pu causer un tel mouvement de foule en plein coeur de la capitale sud-coréenne?
100.000 fêtards de sortie
La soirée débute comme de nombreux samedi soirs à Séoul: des jeunes se dirigent vers le quartier d’Itaewon pour se retrouver et faire la fête. Le lieu est branché, connu pour ses nombreux bars. Une série de télévision à succès dans le pays, « Itaewon Class », diffusée en 2020, accroît encore sa popularité.
Les fêtards sont particulièrement nombreux ce samedi – environ 100.000 selon des médias locaux – à se presser dans les rues étroites. Après des années de pandémie, il s’agit des premières grandes célébrations publiques d’Halloween.
La foule est ainsi d’une taille « sans précédent », décrivent à l’AFP des commerçants du quartier. « C’était bondé », raconte encore Beta Bayusantika, jeune indonésien de 27 ans, témoin de l’événement, dans The Korea Times.
Un brusque mouvement de panique
Malgré le nombre de personnes présentes, la soirée débute calmement et les fêtards ne semblent pas inquiets par la densité de la foule, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux par des personnes présentes sur place.
Quelques témoins confient cependant avoir été inquiets. « Avant l’accident, je me suis retrouvé pris dans la foule et je n’arrivais pas à m’en sortir. Je sentais qu’un accident allait forcément se produire », raconte Jeon Ga-Eul, à BFMTV.
Brusquement, l’ambiance change. Selon une jeune femme, le changement opère après que la foule est balancée d’avant en arrière à plusieurs reprises. Une de ses amies se retrouve alors coincée sous plusieurs personnes, raconte-t-elle à l’agence de presse coréenne YNA.
Une autre jeune femme évoque un afflux soudain de fêtards dans une ruelle, tandis que d’autres avancent que les propriétaires de plusieurs bars du quartier ont bloqué une allée déjà bondée, empêchant de nombreuses personnes d’évacuer.
Pour certains médias locaux, la rumeur a également couru qu’une célébrité venait d’arriver dans un des bars du quartier. Ce qui expliquerait qu’un brusque mouvement de foule se soit enclenché.
Les gens « tombent comme des dominos »
Des images montrent des personnes inspirer avec difficultés. « Une personne de petite taille comme moi ne pouvait pas respirer. Je m’en suis sortie parce que j’étais sur le côté », estime encore une jeune femme pour YNA.
Certains tentent de se dégager, mais perdent pied. « Des gens n’arrêtaient pas de pousser dans une allée, donc des gens se sont mis à crier et à tomber comme des dominos », décrit un témoin sur Twitter.
« Il y avait tellement de monde. J’ai dû me tourner vers la foule et dire ‘vous ne pouvez pas aller par là, les gens sont en train de mourir' », raconte en larmes à BFMTV Nathan Taverniti, un témoin australien.
« Ils paniquaient et cela a aggravé la situation. Il y avait du bruit partout… Les gens qui hurlaient noyaient tous les autres sons », décrit encore un témoin américain de 40 ans, Jarmil Taylor, à l’AFP.
Dans le chaos, certains se demandent même si une explosion ou un incendie ne s’est pas produit ou une distribution de « bonbons à la drogue », expliquant la folie ambiante. Des rumeurs à présent démenties par la police.
Pas assez de policiers sur place?
Face au drame qui est en train de se dérouler, les forces de l’ordre ont des difficultés à gérer la foule affolée, selon certains témoins. « Il n’y avait pas beaucoup de policiers par rapport au nombre de personnes présentes », estime dans The Korea Times Osman Karakan, un jeune présent sur les lieux.
Sans savoir ce qu’il se passe devant eux, les personnes situées à l’arrière continuent d’avancer. « On leur criait de reculer, mais il était déjà trop tard », raconte à l’AFP Jerome Augusta, un témoin américain.
Les secours reçoivent vers 22h24, heure locale, les premiers appels faisant état de personnes « écrasées » dans la foule. Rapidement, ils sont submergés et envoient plus de 1700 personnes sur place pour prendre en charge de nombreuses personnes en arrêt cardiaque.
« Les services d’urgence ont mis tellement de temps à arriver », déplore Nathan Taverniti.
Des massages cardiaques dans la rue
Sur place, difficile de dégager les personnes en difficulté respiratoire, tant elles sont prises dans une foule compacte. De nombreuses jeunes femmes se retrouvent bloquées et allongent la liste des victimes.
À cause de leur « plus petite taille, je pense que leur diaphragme a été écrasé, et comme elles paniquaient, cela a rendu (la situation) encore plus chaotique », juge à l’AFP Jerome Augusta, témoin américain. N’arrivant pas à prendre en charge tous les blessés, les soignants demandent de l’aide aux passants et transforment les rues en salle de réanimation à ciel ouvert.
« Ils demandaient aux gens de pratiquer des massages cardiaques ici et là. C’était complètement hors de contrôle », se souvient Park Jung-Hoon, sur BFMTV.
Mais il est déjà trop tard pour nombre de jeunes. Au cours de la soirée, les corps s’alignent à même le sol, le visage couvert par une bâche ou un simple vêtement.
Les hôpitaux débordés
Peu à peu, le bruit court qu’un drame a touché le quartier d’Itaewon et des parents inquiets accourent sur place ou dans des hôpitaux des environs à la recherche de leur enfant.
Une mère sans nouvelle de son fils raconte au Korea Herald faire des aller-retours entre Itaweon et un hôpital de Séoul. « Où dois-je aller? S’il-vous-plaît », supplie-t-elle auprès de policiers qui assurent ne rien pouvoir affirmer. Ils ajoutent que par manque de place, des corps ont été déplacés vers d’autres hôpitaux ou dans des salles de gym.
La responsabilité des autorités est mise en cause, au lendemain du drame. « Le gouvernement enquêtera rigoureusement sur la cause pour qu’un tel accident ne se reproduise plus à l’avenir », a promis le président sud-coréen.
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