Créé en 1976, l’organe de prévision du trafic en France voit souvent juste dans ses prévisions de trafic. De quoi aussi favoriser une circulation plus fluide, en particulier lors des grands départs l’été, en informant les automobilistes des meilleurs moments pour partir.
C’est sans doute le chef indien le plus connu de France. Bison Futé informe les automobilistes depuis 1976 sur le trafic routier et les principaux risques de bouchons, en particulier au moment des grands départs en vacances. Comment fonctionne ce service dont les recommandations ponctuent nos étés de couleurs flamboyantes depuis 47 ans?
Un service né après « le bouchon du siècle »
« Ce service a été créé après les embouteillages records de 1975 », rappelle Marie-Christine Esposito, cheffe du bureau information routière au ministère des Transports, dont dépend Bison Futé.
Cette année-là, le 2 août, la France connaît en effet ce qui restera comme « le bouchon du siècle », avec plus de 600 kilomètres de ralentissements cumulés, un record pour l’époque. C’est l’acte de naissance de Bison Futé, qui, pour l’anecdote, aurait très bien pu s’appeler Ginette ou SuperGertrude.
L’idée est alors assez simple: mieux informer les Français sur les jours où le trafic risque d’être très chargé. Une prévision qui vise donc à limiter la casse: en annonçant un potentiel bouchon monstre, Bison Futé espère détourner les automobilistes de l’axe le plus fréquenté. Des itinéraires bis ou de délestage sont en effet proposés, pour soulager les grands axes. Dès la première année, le succès est au rendez-vous. Dès 1976, les bouchons sont réduits de près de 30% par rapport à l’été noir précédent.
De la distribution de cartes routières à Internet
Mais comment concrètement faire passer ces infos? De la distribution de cartes routières -avec les zones à risque- à la publication d’un calendrier prévisionnel à partir de 1983 -et son célèbre code couleurs (les fameuses journées orange, rouge ou noire) qui existe encore aujourd’hui- les prévisions ont aussi suivi les évolutions des systèmes de communication.
On pourra ainsi relever le passage au minitel et un « 36 15 route » dans les années 80, l’arrivée du site internet à partir de 1997 et une application pour smartphone depuis 2016.
Les médias, radios, télévisions et désormais complétés par les sites internet et réseaux sociaux, reprennent aussi ces prévisions pour les annoncer à l’approche des jours de grands départs. Attention, ce samedi la journée est d’ailleurs classée rouge dans le sens des retours.
Des statistiques et des prévisionnistes
Quelle méthodologie utilise Bison Futé pour colorer nos week-ends? « Pour réaliser nos prévisions, on remonte tout d’abord l’ensemble des informations des gestionnaires d’infrastructures routières, avec des statistiques depuis 1993, puis on regarde la disposition calendaire de l’année. Ces informations sont traitées par un logiciel afin d’avoir une première estimation, qui pourra être adaptée par nos prévisionnistes », explique Marie-Christine Esposito.
Concrètement cette année pour le 15 août, qui tombait un mardi, les prévisionnistes ont donc regardé la précédente année où ce fut le cas, en 2017, avant de prendre en compte l’évolution du trafic constatée depuis.
« C’est en décembre qu’est ainsi publié le calendrier de l’année suivante avec les journées classées avec notre code couleurs. Quelques jours avant les journées les plus denses, on peut revenir plus en détails sur les données de certains axes pour nos prévisions détaillées », précise la responsable du service.
Une journée noire… un peu moins noire
Bison Futé fait aussi le bilan de ses prévisions. « Le samedi 5 août était annoncé comme une journée noire et le trafic s’est révélé très chargé, mais pas autant que nous l’avions estimé, entre 200 et 500 kilomètres de moins, mais cela restait assez fiable avec plus de 1100 kilomètres de bouchons cumulés sur la journée », nous explique Marie-Christine Esposito.
Un étalement du trafic sur les deux week-ends entourant celui du 5 août a ainsi été constaté. Un report qui peut en partie s’expliquer par cette communication autour d’une journée noire à éviter si possible pour les automobilistes. CQFD. De quoi nourrir aussi les prévisions des prochaines années.
Des habitudes qui changent peu hors choc du covid
Car les habitudes des automobilistes évoluent, entre télétravail et nouvelles habitudes des vacanciers comme les « tracances ». Mais pour le moment, elles ne se ressentent « pas vraiment » dans les prévisions de Bison Futé.
« Nos prévisions restent plutôt justes, en particulier sur les week-ends de grands départs, liés aux locations du samedi au samedi qui restent majoritaires », confie Marie-Christine Esposito.
La pandémie de covid et surtout les confinements à partir de mars 2020 ont cependant bousculé les scénarios envisagés par l’organisme. « En 2020, nous n’avions eu quasiment aucun déplacement et nous n’avions pas vraiment prévu l’explosion de l’été 2021, avec encore plus de trafic qu’en 2019 », poursuit la porte-parole de Bison Futé.
Intelligence artificielle et application en temps réel
Face à ses évolutions des comportements, Bison Futé fait aussi évoluer ses outils. Parmi les transformations en cours, la refonte du logiciel de prévision utilisé par les équipes de Bison Futé avec l’intégration de l’intelligence artificielle pour faire remonter davantage de données.
En 2021, une nouvelle application, Coopits, a également été mise en ligne et continue d’être développée. Une nouvelle philosophie pour la vigie des routes françaises:
« Historiquement, on consultait Bison Futé avant de prendre la route, maintenant avec l’application, nous sommes aussi présents pendant le trajet pour transmettre des informations en temps réel », souligne Marie-Christine Esposito.
L’application peut ainsi transmettre les messages qui apparaissent sur les panneaux à messages variables (les grands panneaux noirs qui affichent des informations sur les grands axes). De quoi notamment informer sur les interventions en cours des patrouilleurs d’autoroutes pour mieux les protéger. De quoi revenir dans la course face à des nouveaux outils comme Waze ou Google Maps?
« Si l’utilisateur peut nous signaler des événements, ce n’est pas un concurrent à Waze ou Google Maps, mais plutôt un complément, tempère Marie-Christine Esposito. D’ailleurs, sur Android, notre application peut tourner en complément des ces navigateurs avec des fenêtres contextuelles qui donneront des infos supplémentaires lors de son trajet ».
Autre fonction très innovante sur l’application et proposée avec la métropole de Bordeaux: l’optimisation du passage des feux tricolores, avec un indicateur de la vitesse optimale à adopter pour avoir le bon rythme et ne pas se retrouver à l’arrêt au rouge. Toujours dans l’optique de lisser au maximum le trafic.
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