Le constructeur premium DS va tester pendant six mois l’intelligence artificielle générative ChatGPT associée à son assistant vocal embarqué. Avec l’espoir d’améliorer la communication entre la voiture et ses passagers.
« Dis Iris, donne-moi des informations sur le parc de Saint-Cloud ». Une voix aux sonorités robotiques de GPS se lance alors dans une histoire du célèbre parc de banlieue parisienne, sous la forme d’une conversation fluide, dans l’habitacle de cette DS3.
Depuis la mi-octobre, le constructeur premium DS propose en effet à ses clients volontaires de tester une version de son assistant vocal Iris augmentée de l’intelligence artificielle générative ChatGPT (c’est-à-dire une IA capable de créer des images ou des textes).
« C’est comme une conversation »
L’un des premiers bêta-testeurs n’est autre que le chief software officer de Stellantis, propriétaire de DS. « Cela m’aide pour rechercher par exemple un restaurant qui a telles caractéristiques, nous explique Yves Bonnefont dans En Route Pour Demain. C’est un dialogue autour de ma demande, qui s’affine dans la conversation puis une fois trouvé le bon restaurant, on transfère directement vers le GPS ». Autre fonctionnalité: ChatGPT permet à Iris d’inventer une histoire de toute pièce pour distraire les passagers.
Si ces fonctions semblent à première vue un peu « gadget », elles apportent un véritable confort, selon Yves Bonnefont.
« Ce qui est agréable, c’est le maintien du contexte dans la discussion avec la voiture, poursuit ce dernier. C’est comme une conversation. À la deuxième question, la machine connait le contexte de la première ».
Et d’éviter par exemple la recherche sur son smartphone, afin de trouver le bon restaurant, pour le rentrer ensuite dans le GPS, une attitude dangereuse au volant.
« C’est un pilote »
L’un des biais de l’expérience tient également à la fiabilité de l’intelligence artificielle. Comment être sûr que ChatGPT ne va pas raconter avec aplomb des énormités, comme peuvent le faire les IA génératives?
« Un certain nombre de filtres sont introduits dans le système, c’est pour cela que l’on veut travailler uniquement avec 20.000 clients volontaires qui ont envie de tester cette nouvelle technologie et nous allons apprendre ensemble, explique Yves Bonnefont. Mais je ne peux pas garantir qu’il n’y en aura pas à 100%. C’est pour cela que c’est un pilote ».
De cette première phase dépendra peut-être une intégration plus ou moins poussée. DS va mener des entretiens approfondis avec ses clients, mais aussi des analyses de données génériques à l’issue des six mois de tests.
« Nous avons donc prévu tout un dispositif pour les interroger et comprendre leur satisfaction et leurs attentes, nous confie Yves Bonnefont. Nous irons interviewer les gens qui ont participé et puis on a également de l’analyse statistique complétement anonymisée des types de questions qui vont être posées par ChatGPT à nos clients. On aura des statistiques par grands domaines: est-ce que les clients utilisent surtout pour raconter des histoires aux enfants, pour demander des infos de météo, de lieux autour d’eux. »
Pour l’utilisation de données liées à des recommandations plus pointues, selon le profil du client, ce sera « avec l’accord du client », nous précise le chief software officer de Stellantis, qui y voit une stratégie de tech company, ce que prétend devenir le groupe automobile.
Au coeur du business des constructeurs demain?
DS ne risque-t-il pas surtout d’entraîner un outil sans en tirer de bénéfices? Tout dépendra de l’usage de cette intelligence artificielle, selon Yves Bonnefont. « Tout le domaine de la reconnaissance de la parole du dialogue, de l’IA générative qui permet d’avoir ce dialogue contextualisé, ce n’est pas spécifique à l’automobile. On va de plus en plus les retrouver dans la vie courante », souligne-t-il.
« Ce n’est pas notre cœur de métier dans l’automobile et donc, dans ces domaines-là, nous avons intérêt à travailler avec des gens qui ont une vision qui s’étend largement en dehors de l’automobile et qui vont être capables d’avoir des modèles qui vont comprendre l’ensemble de la vie du client. »
« Il y a ensuite des applications de l’IA qui sont beaucoup plus cœur de métier chez nous, comme la conduite autonome, avec la perception autour du véhicule, précise Yves Bonnefont. Là, on est ‘core business’ pour le constructeur et là, nous avons internalisé chez Stellantis. » Un autre trait caractéristique d’une future tech company?
Mercedes teste ChatGPT aux États-Unis
Le constructeur à l’étoile a lui aussi choisi de faire entrer ChatGPT dans ses véhicules, mais outre-Atlantique. Comme DS, l’IA va être couplé à la reconnaissance vocale dans le véhicule.
Mais la marque allemande ajoute une brique, car elle souhaite l’utiliser dans ses usines. Le but est de mieux traiter les données remontées du système de production, tout en facilitant l’interface de communication pour les ouvriers des usines. Cette phase de test a été lancée au début de l’été. Mercedes n’a pas encore fait de retour.
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