ce que l'on sait de l'explosion spectaculaire qui a frappé le pont de Crimée

Un important incendie a eu lieu après « l’explosion d’un camion ». La déflagration a endommagé la voie routière ainsi que la voie ferrée alors qu’une partie de la structure du pont s’est effondrée dans l’eau.

Un nouveau revers pour la Russie dans le conflit ukrainien? Ce samedi matin, un vaste incendie s’est déclenché sur le pont du Kertch, qui relie la Crimée ukrainienne annexée par la Russie en 2014 et le territoire russe. Il a été causé par l’explosion d’un véhicule piégé, a annoncé le Comité national antiterroriste russe.

· Au moins trois morts dans l’explosion

« Aujourd’hui à 06h07 (heure locale) sur la partie routière du pont de Crimée (…) a eu lieu l’explosion d’une voiture piégée, qui a entraîné l’incendie de sept citernes ferroviaire qui allait vers la Crimée », a indiqué ce samedi matin le Comité national antiterroriste russe.

Selon cette même source, deux voies routières sont endommagées, mais l’arche du pont n’est pas touchée. Le Comité a précisé que l’explosion a eu lieu après « l’explosion d’un camion ». Les enquêteurs russes ont annoncé à la mi-journée qu’au moins trois personnes avaient été tuées dans l’explosion, et que le conducteur du camion piégé avait été identifié.

Sur les images, la source de l’explosion semble effectivement être un camion blanc roulant sur le pont, de nuit, au côté de quelques autres véhicules. La déflagration a endommagé la voie routière ainsi que la voie ferrée. On voit également une partie de la structure du pont s’est effondrée dans l’eau.

• Reprise de la circulation sur le pont en fin de journée

Dans l’après-midi, le dirigeant de la Crimée a annoncé la réouverture de la circulation aux voitures sur le pont. « La circulation des véhicules sur le pont de Crimée a commencé. La circulation est désormais ouverte pour les voitures et les bus, avec des procédures d’inspection complètes », a indiqué sur Telegram Sergueï Aksionov.

Une annonce suivie par la reprise du trafic ferroviaire. Selon la société Grand Service Express, qui fait circuler des liaisons entre la Crimée et la Russie, deux trains ont quitté la péninsule en début de soirée pour rejoindre Moscou et Saint-Pétersbourg. « Les trains passeront par le pont de Crimée », a indiqué la compagnie sur Telegram.

· Une enquête criminelle ouverte par la Russie

Le porte-parole du Kremlin a indiqué à l’agence Ria Novosti que Vladimir Poutine avait ordonné la formation d’une commission gouvernementale pour établir les faits. Le comité d’enquête russe, principal organe d’investigation du pays, a également déclaré avoir « ouvert une enquête criminelle » pour identifier « toutes les personnes liées à ce crime ».

Le ministère de la Défense a également annoncé dans la journée la nomination de Sergueï Sourovikine comme nouveau commandant de son offensive en Ukraine. Une décision prise après une série de revers cuisants des troupes russes sur le terrain, parmi lesquelles pourrait figurer l’explosion du pont de Crimée si elle vient à être revendiquée.

· Aucune revendication officielle

Si personne n’a officiellement revendiqué cette attaque, le chef de l’assemblée de Crimée, le Parlement régional installé par la Russie, Vladimir Konstantinov a dénoncé un coup « des vandales ukrainiens ».

Si l’Ukraine est à l’origine de l’incendie et de l’explosion sur le pont, il s’agirait d’un camouflet pour la Russie qu’une infrastructure aussi cruciale et aussi loin du front puisse être endommagée par les forces ukrainiennes. La Russie enchaîne les revers militaires depuis le début du mois de septembre, ses troupes étant forcées de reculer aussi bien au nord-est que dans le sud du pays.

L’Ukraine n’a d’abord fait aucun commentaire, mais le chef du cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak a publié sur Twitter une photo du pont en feu, sous laquelle il a écrit: « La Crimée, le pont, le début »; ajoutant que « tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être restitué à l’Ukraine, tout ce qui est occupé par la Russie doit être expulsé ».

En fin de journée, la présidence ukrainienne a évoqué « une piste russe » pour cette explosion. « Il convient de noter que le camion qui a explosé, selon toutes les indications, est entré sur le pont depuis le côté russe. C’est donc en Russie qu’il faut chercher les réponses (…) tout cela indique clairement une piste russe », a déclaré le conseiller du président Volodymyr Zelensky, Mykhaïlo Podoliak, dans un commentaire transmis par la présidence.

Depuis l’annonce de l’incendie, les responsables ukrainiens ainsi que de nombreux internautes, ont multiplié les commentaires moqueurs et ironiques sur l’explosion, sans pour autant revendiquer de responsabilité.

Par exemple, le ministère ukrainien de la Défense a comparé cette attaque à celle qui a coulé du croiseur Moskva en mer Noire en avril dernier, autre « symbole du pouvoir russe en Crimée ukrainienne ».

« Qu’est-ce qui vous attend encore, les russkofs? », a-t-il écrit de manière injurieuse sur Twitter.

De la même manière, la poste ukrainienne a annoncé dès ce samedi matin se préparer à imprimer des timbres à l’effigie du « pont de Crimée, ou, plus exactement, de ce qu’il en reste ». De quoi agacer la Russie qui a fustigé la réaction ukrainienne à l’explosion qui signe, selon elle, de la « nature terroriste » de l’Ukraine.

L’incendie sur ce pont routier et ferroviaire a forcé l’arrêt du trafic par le rail et par la route. Il est pourtant essentiel au transport des personnes et de marchandises vers la péninsule, mais aussi aux troupes déployées en Ukraine pour le transport d’équipements militaires de l’armée russe. En effet, le pont traverse le détroit de Kertch reliant la Crimée à la Russie.

Il a été construit à grand frais sur ordre de Vladimir Poutine comme véritable symbole de l’annexion de la péninsule en 2014. Cette infrastructure clé a été inaugurée en 2018. La Russie a toujours affirmé que le pont ne risquait rien en dépit des combats en Ukraine, mais elle a menacé Kiev de représailles si les forces ukrainiennes devaient attaquer ce pont ou d’autres infrastructures en Crimée.

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