Les employés de l’usine Volkswagen de Chattanooga ont voté à 73% pour être représentés par l’UAW, une première pour le syndicat américain de l’automobile chez un constructeur non-américain.
Victoire historique pour le syndicat américain de l’automobile: les salariés du groupe allemand Volkswagen dans le Tennessee ont voté à une large majorité pour que l’UAW (United Auto Workers) les représente, une première parmi les usines automobiles étrangères du Sud des Etats-Unis.
Les 5.500 employés de l’usine de Chattanooga ont voté à 73% pour être représentés par l’UAW, selon des résultats communiqués vendredi par Volkswagen.
« Les travailleurs de Volkswagen viennent d’entrer dans l’histoire! », a déclaré l’UAW dans un message sur X.
Une première chez un constructeur non-américain
Jusqu’ici, le syndicat n’était parvenu à s’implanter chez aucun des constructeurs automobiles non américains. Ceux-ci ont majoritairement élu domicile dans des Etats du Sud des Etats-Unis peu ouverts aux syndicats.
Dans un communiqué, VW qui s’est engagé à une position de neutralité a indiqué que le scrutin de trois jours, entamé mercredi, « s’est déroulé avec un vote démocratique, à bulletins secrets, surveillé par le National Labor Relations Board » (NLRB), l’agence fédérale en charge du droit du travail.
« Volkswagen remercie ses travailleurs de Chattanooga pour avoir voté », a ajouté le constructeur.
Les parties ont cinq jours pour faire part de leurs objections, selon le NLRB qui a ajouté: « l’employeur doit maintenant commencer à négocier de bonne foi avec le syndicat ».
Le vote constitue une victoire de taille pour Shawn Fain, nouveau président de l’UAW depuis mars 2023, et s’inscrit dans la foulée des avancées de l’automne chez les « Big 3 », Ford, General Motors et Stellantis. L’UAW avait obtenu une augmentation moyenne du salaire de 25% sur quatre ans, des accords ratifiés en novembre après six semaines d’une grève inédite par sa durée.
Biden salue ce vote
Après les accords des « Big 3 », l’UAW a lancé en novembre une campagne de sensibilisation chez 13 constructeurs majoritairement implantés dans le Sud employant quelque 150.000 personnes au total.
Après ce premier scrutin à Chattanooga, le prochain est attendu du 13 au 17 mai dans une usine de Mercedes-Benz à Vance (Alabama) qui emploie 6.100 salariés.
La victoire de Chattanooga donne un élan supplémentaire à l’UAW qui a également évoqué une usine du constructeur japonais Toyota dans le Missouri et une autre du sud-coréen Hyundai dans l’Alabama parmi celles concernées par sa campagne.
Candidat à sa réélection, le président Joe Biden, qui avait effectué en septembre 2023 une visite historique sur un piquet de grève de l’UAW dans le Michigan, a salué le résultat du scrutin. Pour lui, il démontre « une fois de plus que la classe moyenne a construit l’Amérique et que les syndicats continuent de construire et étendre la classe moyenne pour tous les travailleurs ».
Lors de précédents scrutins dont deux à Chattanooga, l’UAW avait auparavant échoué à s’implanter dans le Sud. Reste que le syndicat doit faire face au rejet de responsables politiques locaux. Une lettre ouverte du gouverneur du Tennessee, Bill Lee, co-signée par cinq autres gouverneurs de la région, tous républicains, l’a accusé de mettre en péril l’économie et l’emploi dans la région.
Parmi les signataires, le gouverneur de Géorgie Brian Kemp a assuré vendredi sur CNBC que les gouverneurs voulaient protéger le modèle local fondé sur « d’excellentes relations entre nos employeurs et leurs employés », accusant l’UAW de vouloir le « détruire ».
« Beaucoup d’intérêt politique »
Joe Biden avait dénoncé cette lettre ouverte comme une initiative fondée sur de « fausses » assertions pour « saper le scrutin » chez VW.
Pour Stephen Silvia, auteur d’un ouvrage sur le pari sudiste de l’UAW (« The UAW’s Southern Gamble »), ce scrutin constitue « un tournant » pour le syndicalisme et fait monter les enjeux pour celui prévu dans l’Alabama.
« Le Sud a misé sur un modèle de bas salaires et d’expression minimale des travailleurs » et ces derniers « aimeraient changer », explique-t-il. « Il va y avoir beaucoup plus d’intérêt politique, pas seulement en Alabama (mais aussi) à Washington ».
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