Une exposition excessive aux rayons UV peut entraîner de graves conséquences pour la santé, avec notamment l’apparition de cancers de la peau. Et les vacances à la plage ne sont pas les seuls moments où il faut être vigilants face à ce risque.
Le retour du beau temps et le début officiel de l’été météorologique donnent sans conteste l’envie de profiter du soleil en extérieur. Que ce soit pour une pause-déjeuner entre collègues, une après-midi au parc ou pour une séance de bronzette au bord de la piscine, il reste néanmoins indispensable de protéger sa peau des premiers soleils, mettent en garde des spécialistes.
Un coup de soleil arrive très vite
Une petite pause au soleil, même si elle dure moins d’une heure, peut abîmer durablement la peau. Il est en effet prouvé que les coups de soleil peuvent apparaître en 15 minutes seulement, pour les peaux sensibles et lorsque l’index UV est supérieur ou égale à 9. Ce délai passe à 30 minutes pour les peaux « normales ». Mais même lorsque l’index UV est assez faible (entre 3 et 4), un coup de soleil apparaît en 40 minutes sur les peaux fragiles, et en une heure pour les autres.
Attention également sur la côte, lorsque les bourrasques de vent donnent une sensation de rafraîchissement au niveau des bras ou des jambes: avec ou sans vent, le soleil agit de la même manière… Et brûle donc tout autant la peau.
Lorsque le temps est plus doux, on conserve « des risques de brûlures au niveau de la peau », on s’expose également à des « problèmes de vieillissement de la peau » et à des risques « d’évolution vers un cancer de la peau », témoigne sur BFMTV Isabelle Rousseaux, dermatologue membre du Syndicat national des dermatologues vénérologues, qui appelle les Français « à être prudents ».
La crème solaire, indispensable toute l’année
C’est l’une des raisons pour lesquelles les Français devraient avoir l’habitude de se protéger des rayons UV dès le mois de mars, déclarait lundi sur BFMTV Héloïse Hatuel, dermatologue. « La crème solaire n’est pas du tout réservée aux vacances, il faut l’appliquer tous les matins, surtout lorsqu’il fait beau, même à Paris, même sur son lieu de vie », a-t-elle expliqué.
Il existe deux types de crèmes solaires, celles dotées de « protection organique », qui absorbent le rayon UV au niveau de la peau, et celles offrant une protection dite « minérale », qui est en fait « un filtre qui va refléter l’UV sur la peau », expliquait sur BFMTV Jean-Christophe Palmié, pharmacien.
Ce deuxième type de protection est recommandé pour les personnes ayant la peau « plus fragile » et notamment les enfants, car il « minimise le risque d’allergie », selon le pharmacien.
Outre le type de crème solaire, il faut également savoir choisir son indice de protection. Et pour la dermatologue Héloïse Hatuel, « il faut mettre au minimum un indice 30, parce qu’en dessous, cela n’a pas beaucoup d’intérêt ».
Il ne suffit par ailleurs pas d’appliquer sa crème solaire une fois par jour pour être protégé durant de longues heures. La médecin rappelle qu’un moyen mnémotechnique permet de se souvenir à coup sûr de la fréquence à laquelle il faut recommencer à se badigeonner: l’indice 30, toutes les 30 minutes, et l’indice 50, toutes les 50 minutes.
Lunettes de soleil et chapeaux, pas seulement dans la valise
Frédéric de Bels, responsable du département prévention de l’Institut national du cancer, précise toutefois à BFMTV.com que « pour protéger leurs enfants, beaucoup de parents pensent que les crèmes solaires à indice élevé sont suffisantes, mais ce n’est pas le cas ».
« La crème solaire d’indice 50 bloque entre 90 et 95% des rayons solaires, mais en laisse donc passer », précise-t-il.
Il faut donc combiner l’application d’une crème aux autres gestes efficaces, qui passent par la recherche de l’ombre, le fait de ne pas s’exposer aux heures les plus chaudes, c’est-à-dire de 12h à 16h en métropole (10h à 14h en Outre-mer et sous les tropiques). Contrairement aux idées reçues, cela est également valable en cas de temps couvert.
Il faut également porter des vêtements couvrants, des lunettes de soleil « d’indice 3 ou 4, pas en-dessous » et un « chapeau à larges bords », la casquette n’étant pas suffisamment protectrice. « La crème solaire d’indice élevé n’est qu’un geste de protection complémentaire à ces bons gestes », rappelle l’Institut national du cancer.
Les enfants, à protéger absolument
Le capital soleil n’est pas un mythe. Nous bénéficions tous d’un nombre maximum de rayons UV auxquels notre peau peut être exposée, « surtout pendant l’enfance », souligne Héloïse Hatuel.
« Tout se joue avant l’âge de 15 ans, et c’est extrêmement important de protéger les enfants du soleil, même dans les régions du Nord, même quand ils vont au parc, même quand ils vont passer la journée dehors », met en garde Héloïse Hatuel.
Selon l’Institut national du cancer, seuls 12% des parents sont conscients que les coups de soleil attrapés durant l’enfance présentent un risque accru de développer un cancer à l’âge adulte, met en garde Frédéric de Bels. Leur peau étant « plus immature », les bambins sont « plus vulnérables » aux rayons UV.
Les coups de soleil attrapés à l’enfance peuvent donc avoir de graves conséquences des années plus tard. Car cette rougeur et sensation de chaleur caractéristique du coup de soleil est la conséquence « d’une surexposition au soleil. La peau s’enflamme », ce qui n’entraîne pas directement un cancer de la peau, mais qui en augmente le risque, explique Frédéric de Bels.
Ce risque s’accroît encore lorsque les expositions sont répétées et que les agressions de la peau se multiplient, avec un phénomène cumulatif, détaille-t-il, alors que l’on recense 15.500 nouveaux cas de mélanome par an en France. Plus de 100.000 personnes sont touchées par un cancer de la peau, et 80% de ces cancers sont en lien avec une « exposition excessive au soleil », rappelle l’Institut national du cancer.
La Bretagne particulièrement touchée
C’est en Bretagne que le plus grand nombre de cas de cancers de la peau est déclaré chaque année, « précisément parce qu’elle n’est pas considérée comme une région à risque », puisque la région a pour réputation de bénéficier d’un taux d’ensoleillement bien plus faible que le sud du pays, a mis en garde, l’été dernier, l’Assurance maladie dans un communiqué.
« Ce n’est pas parce qu’il y a des nuages ou qu’il fait gris, que les UV ne sont pas dangereux », rappelait la CPAM des Côtes-d’Armor, alors que lorsque le ciel n’est pas bleu, les Français peuvent en oublier les réflexes de protection de la peau, qui doivent être « systématiques » en été.
La Bretagne, qui enregistrait en 2014 trois fois plus de cas de cancers de la peau que la moyenne nationale, voit également un « fort impact » de la morbidité et de la mortalité liées aux cancers cutanés, et notamment au mélanome, indiquaient également les dermatologues de la Commission paritaire régionale des médecins. Près d’un millier de mélanomes y sont diagnostiqués chaque année.
Les gélules solaires, inutiles
Les gélules à prendre avant une exposition au soleil ne préparent pas la peau à ces expositions, « rien ne la prépare au soleil », précise Frédéric de Bels. « Une peau bronzée démontre qu’elle a été exposée au soleil et donc qu’elle a subi des agressions », précise-t-il encore. En l’état actuel des recherches, ces gélules « ne servent à rien », selon lui.
Pour Frédéric de Bels, « il n’y a rien de pire » que les UV en cabine. Elles font certes bronzer la peau, même lorsqu’il n’y a pas de soleil, mais les usagers y sont exposés à « des doses très élevées » de rayons UV, ce qui est « à proscrire ». Il est désormais démontré que 350 à 400 cas de cancers de la peau proviennent chaque année de ces cabines.
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