Le Mac Studio détourne désormais une grande partie des fans de Mac du Mac Pro. Mais il semble bien qu’Apple doive annoncer un Mac Pro basé sur l’Apple Silicon lors de la WWDC 2023. Voici donc comment Apple pourrait construire un Mac Pro sur l’architecture Apple Silicon.
Qu’est-ce qui définit l’ADN du Mac Pro ?
Qu’est-ce qui définit un Mac Pro ? Certainement la puissance de son processeur. Même à la grande époque d’Intel, une tour quelconque équipée d’un processeur Xeon n’était pas un Mac Pro. Il y a toujours eu un petit quelque chose qui rendait les Mac Pro spéciaux.
Mac Pro original « râpe à fromage »
Le premier Mac Pro a été lancé en 2006 et a proposé le design emblématique de la tour en forme de râpe à fromage. Outre ce style, les modèles de 2006 à 2012 proposaient de nombreuses baies pour des disques, des emplacements de bus, une capacité de mémoire vive très importante. Et surtout, ce qui allait devenir la marque de fabrique du design industriel du Mac Pro : des mécanismes qui rendaient l’ajout et le retrait de ces composants internes très simple.
Le principe du Mac Pro lui aussi était simple : vous pouviez le configurer pour faire n’importe quoi, le rendre aussi puissant que vous le souhaitiez, et ce avec facilité. Voilà en quelques mots l’ADN du Mac Pro.
Une évolution du design bien douteuse.
En 2013, patatra. L’échec du Mac Pro 2013 est autant une question d’esthétique que de design. Il n’y avait pas d’emplacement pour des extensions, on ne pouvait pas vraiment mettre à niveau les cartes vidéo. Pendant six ans, le Mac Pro 2013 est resté bloqué ainsi, principalement parce qu’Apple a abandonné l’aspect « configurer pour faire n’importe quoi » de son ADN.
En 2019, Apple et revenu vers le design de ses premières versions. Les possibilités d’expansion étaient donc de retour. Apple est même revenu au bus PCI Express, bien qu’à ce moment-là, les générations ultérieures de PCI Express soient devenues beaucoup plus performantes que celles du modèle original de 2006.
Notez que lorsque je parle de l’ADN du Mac Pro, je ne parle pas de son prix. D’une certaine manière, le fait d’être incroyablement cher semble faire partie de l’ADN du Mac Pro. Mais comme de nombreux utilisateurs sont de grands studios et laboratoires cinématographiques, le prix n’est pas déraisonnable. L’essentiel, c’est que le Mac Pro a supprimé le plafond de capacité « ce que vous pouvez faire avec » du Mac.
Comme tous les Mac Pro (à l’exception de la version 2013) ont été très flexibles et très extensibles, il a été possible de les améliorer au fil du temps. Ce qui leur a donné une durée de vie beaucoup plus longue que les autres ordinateurs de bureau.
Conflit avec l’architecture Silicon d’Apple
Problème : Surpuissance et évolutivité ne sont pas les caractéristiques de l’architecture de la série M du processeur maison d’Apple.
Ne le niez pas. Vous vous voyez bien râper du fromage sur cette machine, n’est-ce pas ? Apple
Apple Silicon (M1 et M2) est un système sur puce (ou SOC). Comprenez par là que tout ce qui est nécessaire au fonctionnement de l’ordinateur est intégré à la puce elle-même. Il ne s’agit pas seulement du (ou des) processeur(s), mais aussi de la mémoire vive, du (ou des) processeur(s) graphique(s), des processeurs neuronaux… de tout.
Les puces de la série M (qu’il s’agisse du modèle de base, du Pro, du Max ou de l’Ultra) ne permettent pas d’ajouter de la RAM. Ce que vous achetez est ce qui se trouve sur la plaquette de silicium. Il n’est pas possible de remplacer le GPU. Certes, les puces Pro, Max et Ultra vous permettent d’utiliser toute une série de GPU internes tout à fait performants, mais vous n’avez pas de flexibilité.
Et pour ce que nous en savons, il n’y a pas d’architecture de bus pour la série M, puisque tout est à l’intérieur de la puce. Ce qui signifie que toutes sortes de cartes à usage spécial qu’il était possible d’utiliser avec les Mac Pros, ne le sont pas dans les machines équipées de processeurs M1, M2 ou M3. Cela limite également les ports. Si vous pouvez ajouter des cartes PCI Express, vous pouvez ajouter toutes sortes de ports supplémentaires. Mais s’il n’y a as de bus, il n’y a pas moyen d’ajouter des ports.
Dans le détail, le stockage flash n’est pas intégré dans la puce de la série M elle-même. Mais il est monté en surface sur les minuscules cartes logiques qui sont livrées avec les machines basées sur le processeur M. Donc si vous voulez y ajouter un périphériques de stockage, ce sera via USB-C ou Thunderbolt. Avec toutes ces limitations, il est difficile de penser que la série M pourrait constituer une base pratique pour un Mac Pro. Et comme un Mac Studio peut pousser l’architecture M aussi loin que possible, et il n’est donc pas vraiment justifié qu’Apple lance un Mac Pro basé sur un M1 Ultra ou un M2 Max.
Qu’est-ce qui serait possible avec un M2 Ultra ou un M3 ?
Il ne fait aucun doute que l’expertise d’Apple en matière d’implémentation de SOC puissants est impressionnante. Apple propose 84 cœurs dans son SOC M1 Ultra, répartis entre les cœurs de processeurs de performance et d’efficacité, les cœurs de GPU et les cœurs neuronaux (AI/ML).
Plus il y a de cœurs, plus il est possible de paralléliser certains problèmes. Les cœurs permettent aux threads de fonctionner presque simultanément, et de nombreux problèmes actuels répondent très bien à la parallélisation, en particulier les tâches liées au graphisme, au traitement des données, à l’IA, à la ML et à la réalité augmentée.
Il est très probable que le M2 Ultra, qui n’a pas encore été annoncé, éclipsera considérablement le M1 Ultra. La série M2 affiche plus de performances par rapport à la série M1 dans une comparaison modèle par modèle. Nous pouvons nous attendre à ce qu’il en soit de même pour la série M3.
Mais la série M3, comme les séries M1 et M2 avant elle, est toujours susceptible d’être un SOC. Si Apple autorise la superposition d’architectures à l’intérieur du boîtier, comme l’EMIB (Embedded Multi-Die Interconnect Bridge) d’Intel et Foveros, nous pourrions voir l’ajout d’interfaces spécialisées sur le M3 qui permettent de prendre en charge quelque chose comme une architecture de bus, permettant l’extension de la mémoire ou du bus interne.
Mais voilà. Si je faisais partie du comité de conception d’Apple, je m’opposerais probablement à cette approche. Des SOC étroitement couplés avec beaucoup de mémoire et de processeurs proposent des performance incroyables. Une fois que vous proposez 64 ou 128 Go de RAM dans la puce, beaucoup de choses sont possibles.
Des algorithmes peuvent coordonner un grand nombre d’opérations à forte intensité de données sur un réseau Ethernet de 10 Go et avec un stockage flash local ultrarapide. Si je faisais partie de ce comité, je dirais qu’il est absurde de consacrer du temps de conception de semi-conducteurs à un problème marginal, alors que le produit grand public sera si puissant.
Mais cela nous ramène à la question de l’ADN du Mac Pro. Si le M2 n’est qu’une version plus puissante de l’architecture M1 et que le M3 est plus puissant que le M2, le choix du Mac Studio est beaucoup plus logique pour la plupart des acheteurs.
Innover sur l’ADN du Mac Pro
Alors comment l’ADN du Mac Pro pourrait-il être appliqué à une nouvelle génération, basée non pas sur une architecture PC, mais sur une architecture SOC ?
Au lieu, par exemple, d’un bus PCI Express qui est posé sur une carte mère, et de sous-systèmes séparés pour la mémoire, le graphisme et l’unité centrale, réfléchissez à la manière de faire communiquer plus rapidement plusieurs SOC.
Qu’en est-il d’une conception qui reprend les fentes et l’idée d’expansion d’une carte mère traditionnelle, mais qui connecte des SOC au format blade (lame) à des vitesses considérablement plus rapides que l’Ethernet 10 GB ?
Créez une architecture de bus SOC qui permette des communications ultrarapides entre des M2 et M3, ainsi qu’un transfert de données ultrarapide vers des téraoctets, voire des pétaoctets de stockage flash. Faire en sorte que le Mac Pro soit extensible, mais qu’il le soit différemment.
Voici à quoi pourrait ressembler un Mac Pro basé sur les lames de silicium d’Apple. Image : David Gewirtz
Mon avis sur un Mac Pro qui embarquerait une puce Apple (et un SOC bus)
Tout d’abord, le coût n’est pas un obstacle. Le Mac Pro est une solution informatique conçue pour éliminer les plafonds de performance pour les projets les plus importants et les plus difficiles. Donc, s’il coûte cher, mais qu’il apporte beaucoup, qu’il en soit ainsi.
Le cœur du Mac Pro serait donc un bus SOC. Alors que les Mac Pro précédents disposaient de diverses interfaces d’extension (emplacements de RAM, baies de disques, emplacements PCI Express), ce Mac Pro disposerait d’une seule interface d’extension : le bus SOC. Le bus SOC est un bus conçu pour connecter les SOC. Il n’est donc pas aussi rapide que ce qui se passe à l’intérieur du SOC, bien sûr, mais il est considérablement plus rapide que tout ce qu’il est possible de faire avec un port externe, même Thunderbolt 3.
Nous donnerions à ce bus, pour cet exercice, 5 types d’emplacements. Ces emplacements prennent en charge différents types de modules.
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Blade SOC M2 : la première, bien sûr, est une carte SOC M2 ou M3. Elle pourrait se présenter sous différentes configurations, avec différentes quantités de mémoire vive et différents cœurs. Vous pourriez en obtenir une avec 16 Go de RAM, un processeur à 8 cœurs avec 2 cœurs d’efficacité, un GPU à 14 cœurs et un moteur neuronal à 16 cœurs. Vous pourriez également avoir un SOC M2 avec 512 Go de RAM, un processeur à 32 cœurs, un GPU à 32 cœurs et un moteur neuronal à 32 cœurs.
La configuration maximale serait de huit cartes M2 par Mac Pro. Et ce serait un véritable monstre. - Blade de stockage flash : il est possible d’ajouter du stockage via Thunderbolt 4. Mais le stockage flash interne est toujours beaucoup plus rapide. L’utilisation du bus SOC permettrait à ce stockage de surpasser tout ce qui est connecté via des ports.
- Blade réseau : il est assez facile d’ajouter un port Ethernet de 10 Go sur la carte logique principale du Mac Pro. Et j’en ai un sur mon Mac Mini 2018. Mais que se passerait-il si vous vouliez quatre ports Ethernet ? Et si vous vouliez un port Ethernet de 100 Go ? Et si vous vouliez une interface fibre FDDI ? Pour cela, une carte réseau SOC ferait l’affaire. Bien sûr, il est peu probable qu’Apple fabrique une blade autre qu’Ethernet, mais nous en parlerons plus bas.
- Blade d’extension de port : bien sûr, la carte logique standard de ce Mac Pro pourrait inclure, disons, quatre ports Thunderbolt 4. Mais qu’en est-il si vous avez besoin de plus ? Ou si vous avez besoin de ports USB-A ? Ou si vous avez besoin d’un port d’interface spécialisé pour un équipement de laboratoire spécialisé ? Les cartes d’extension de port sont depuis toujours un élément essentiel de la construction des PC. Voici pourquoi le Mac Pro avec une puce Apple devrait en avoir une.
- Blade Open-Spec: Je sais que tout ce qui est « ouvert » est un anathème pour Apple. Mais voici comment le nouveau Mac Pro pourrait devenir une machine haut de gamme très appréciée. Si Apple publiait les spécifications du bus SOC et permettait aux vendeurs de construire des cartes spécialisées, le Mac Pro pourrait faire n’importe quoi. Apple pourrait l’encadrer avec un programme pour les développeurs et même faire payer les licences. Pour le Mac Pro, cela n’a pas d’importance. Tout ce qu’il faut, c’est que ce soit possible.
Quelques réflexions finales sur ce nouveau Mac Pro
Nous n’avons pas beaucoup parlé de la conception du boîtier de cette machine. Mais comme l’élément central interne est l’architecture des cartes, le boîtier n’a pas nécessairement besoin de s’ouvrir. Tout ce dont la machine a besoin, c’est d’un moyen élégant de glisser de nouvelles blades.
Je ne vois donc pas la nécessité d’un format tour, à moins que la dissipation de la chaleur ne devienne un problème majeur. A la place, je pense que cela ressemblera plus à l’un des boîtiers NAS de Synology qu’à une tour complète. On pourrait aussi envisager qu’Apple construise une variante à montage en rack, pour que des groupes de ces machines puissent être utilisés dans un centre de données.
J’entrevois de sérieuses réticences de la part d’Apple concernant le standard ouvert pour le bus SOC et même l’idée de rendre la machine extensible. Après tout, cela pourrait prolonger la durée de vie de l’unité, en éliminant le besoin de remplacement pendant une période plus longue.
Qu’en pensez-vous ? L’objectif est-il atteint ? Pensez-vous qu’Apple va annoncer un Mac Pro extensible et flexible, ou qu’elle va tout verrouiller ? Faites-nous part de vos réactions dans les commentaires ci-dessous.
Source : « ZDNet.com »
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