L'évolution du jour du dépassement entre 1971 et 2024.

Le jour du dépassement intervient encore plus tôt cette année: pour les cinq mois restants, l’humanité vivra comme à crédit. Pour régénérer ce que nous consommons, il faudrait 1,7 Terre en termes de surface.

Lorsque Dick Fosbury a révolutionné le saut en hauteur aux Jeux olympiques de Mexico en 1986, l’humanité n’utilisait que 0,9 Terre. Trente-huit ans plus tard, quand Léon Marchand brille dans la piscine olympique de Paris 2024, ce chiffre est de 1,7 Terre.

Effectivement, ce jeudi 1er août marque ce que l’on appelle le jour du dépassement, date à laquelle l’humanité dépasse symboliquement la capacité de production de ressources de la planète.

En d’autres termes, cela signifie qu’en seulement sept mois, l’humanité a utilisé toutes les ressources naturelles que les écosystèmes peuvent renouveler en une année. Ce jour intervient 15 heures plus tôt que l’an dernier.

Le reste de l’année à crédit

Cette date du 1er août, calculée par l’ONG Global Footprint Network, signifie donc que l’humanité exploite actuellement la nature 1,7 fois plus vite que les écosystèmes de notre planète ne peuvent se régénérer

En somme, il faudrait 1,7 Terre pour subvenir aux besoins actuels de la population mondiale de façon durable, selon cet indicateur créé par des chercheurs au début des années 1990, et qui ne cesse de s’aggraver.

L'évolution du jour du dépassement entre 1971 et 2024.
L’évolution du jour du dépassement entre 1971 et 2024. © Earth Overshoot Day

Symboliquement, pour le reste de l’année civile, notre consommation de ressources va consister à grignoter le capital naturel de la planète. Et ce calcul ne prend même pas en compte les besoins des autres espèces vivant sur Terre.

L’année dernière, ce jour du dépassement, signal de la soutenabilité de nos modes de vie était le 2 août. En 2000, c’était le 17 septembre, et en 1971, le 25 décembre.

Des conséquences visibles

Comme le rappellent Global Footprint Network et la WWF, qui participe également au calcul du jour du dépassement, une telle surexploitation compromet la sécurité des ressources de la planète.

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Les conséquences de ces dépenses écologiques excessives se retrouvent dans la déforestation, l’érosion des sols, la perte de biodiversité, la réduction de la production alimentaire et l’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, responsable du dérèglement climatique.

Si depuis quelques années, le jour du dépassement avance un peu mais reste globalement plutôt stable, cela signifie toutefois toujours que l’humanité vit au-dessus de ses moyens et que les dommages causés par le dépassement s’accumulent d’année en année.

Le jour du dépassement français encore plus tôt

« Cela signifie-t-il que la France n’en fait pas assez? Non, car la différence se fait à échelle mondiale », écrit sur X le ministre français de la Transition écologique Christophe Béchu ce jeudi.

« Tous les pays doivent prendre leur part, c’est la seule manière d’atteindre nos objectifs climatiques », ajoute-t-il.

En effet, le jour du dépassement est un indicateur mondial mais il est également mesuré à l’échelle de chaque pays. Ainsi, le jour du dépassement français était le 7 mai, c’est-à-dire que si tous les humains adoptaient notre mode de vie et de consommation, la date d’épuisement de nos ressources naturelles interviendrait bien plus tôt dans l’année.

Les Français consomment donc, en moyenne, plus que la plupart des autres êtres humains sur Terre. Les détenteurs de ce triste record sont toutefois les Qataris, pays où le jour du dépassement intervient le 11 février.

Le poids de l’alimentation

« Comme les athlètes qui réalisent des percées, l’humanité doit se concentrer, innover et déployer des efforts pour réussir à mettre fin au dépassement écologique », écrit le Global Footprint Network. Selon l’organisme, par exemple, réduire de moitié les émissions de CO2 des combustibles fossiles permettrait de reculer de trois mois le jour du dépassement mondial.

En outre, les spécialistes mettent l’accent sur le poids de l’alimentation dans notre déficit écologique, calculant que construire un nouveau système agricole pourrait faire reculer de 34 jours la date du dépassement en Europe et 9 pour la planète.

Cette agriculture intensive « repose sur l’utilisation de ressources non renouvelables, notamment les énergies fossiles », regrette le WWF France.

Quant au gaspillage des aliments, c’est 13 jours d’ici à 2050 qui pourraient être gagnés, selon Foot Print Network.

Un outil symbolique d’alerte

Pour mesurer ce jour du dépassement, l’organisme se base sur des milliers de données diverses, issues notamment des données de l’ONU. Il se calcule à partir de six catégories différentes, « les cultures, les pâturages, les espaces forestiers nécessaires pour les produits forestiers, les zones de pêche, les espaces bâtis et les espaces forestiers nécessaires pour absorber le carbone émis par la combustion d’énergies fossiles ».

Le calcul consiste à diviser la capacité de la planète à produire des ressources par l’utilisation de ces mêmes ressources par les humains. Le tout multiplié par les 365 jours dans un an, pour parvenir à cocher une date dans le calendrier.

Comme tout indicateur agrégé, la notion de jour du dépassement et sa méthode de calcul sont parfois critiqués par certains experts. Ses fondateurs, et ses défenseurs, estiment toutefois qu’il s’agit d’un bon outil pédagogique d’alerte qui permet de montrer que nos modes de vie excèdent la capacité écologique de la planète et que cela ne va pas, pour l’heure, vers une amélioration.

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